« The green flamingo » ou « Le Flamant Vert », entre macro et abstrait, j'ai voulu donner un peu de vie à cette mousse de foret.. Pas de bidouillages au niveau des couleurs, juste un contre jour avec des plantes d'arriere plan colorées, une surexposition à la prise de vue et le tour est joué !
Quand j’étais petit, je passais des heures dans les champs à attraper des sauterelles dans un vieux bocal de confiture et j’avais un véritable don pour trouver les trèfles à 4 feuilles. Mais pour tout vous dire, la macrophotographie d’insectes est une discipline que j’admire mais qui ne m’a jamais plus attirée sur le terrain.
Pour peut-être y remédier, j’accueille Tchebytchev, un spécialiste du genre qui a daigné répondre à mes questions entre deux réanimations au CHU de Nice :
Salut Tcheby, alors que veux-tu bien nous dire de toi ?
Salut Régis !
Pour me présenter un peu je dirais que je suis un jeune étudiant en médecine Niçois, fasciné par l’image, la peinture (même si ma culture y est plus que limitée…), mais aussi par la nature.
Par tout ce qui peut toucher émotionnellement n’importe quel être humain en fait !
« Citrus » couleurs naturelles, surexposition à la prise de vue
Quand et comment es-tu venu à la photographie ?
J’ai commencé la photographie il y a à peu près 2 ans de ça lors d’un voyage en Bretagne. Les paysages y sont magnifiques, la météo toute particulière, la nature tellement présente… je ressentais le besoin de saisir ces moments.
J’ai donc économisé pour me payer mon premier reflex dans les mois qui ont suivi, puis me suis dirigé spontanément vers ce que j’appellerai la « photo plein air » à savoir le paysage, la proxi-macro et la macro.
Alors explique-nous quelle est la différence entre la proxi-macro et la macro ?
Une histoire pour les puristes, juste une question de rapport de grandissement, ce qui est en dessous du 1:1 est de la proxi.Qu’est ce qui te fascine donc dans la macro ?
La macro est un monde totalement à part.
Les couleurs sont uniques et inattendues, la lumière que l’on peut réussir à capter est vraiment surprenante et peut nous permettre de créer des ambiances uniques.
De même que l’on ne sait jamais vraiment quel insecte ou quel animal on va rencontrer sur notre chemin, ni à quoi on va pouvoir assister…
« The Way I See the Future »
Tes images dégagent une telle féérie, es-tu un rêveur au quotidien ou la macro te permet justement de le fuir ?
Merci beaucoup pour ce compliment ! A vrai dire c’est exactement ce que je recherche dans mes images : procurer un maximum de douceur avec une petite touche de rêve et de poésie.
Je dois surement être un reveur au quotidien ! La premiere chose que je fais chaque matin au levé du lit est d’aller admirer le levé du soleil, de même que je suis le premier à me réjouir d’une mauvaise météo car les nuages, les éclairs et une mer déchainée me fascinent…
Mais il est vrai que la macro est aussi un bon moyen de fuir la réalité du quotidien, on est seul au beau milieu d’un champs, aucun bruit, on doit se concentrer, rester doux et calme pour ne pas faire fuir les insectes que l’on a repéré…
« The Beauty Contest » a été une vraie surprise, car je n'avais pas vu la mouche à la prise de vue, mais seulement une fois avoir ouvert le RAW sous Lightroom !
Que représente la photographie pour toi ? Plutôt un loisir du dimanche ou une thérapie ?
La photo est plus une drogue qu’une thérapie en fait, une trop grosse période sans toucher à un déclencheur et je suis en manque ! Plus sérieusement, c’est pour moi une belle manière de décompresser, et d’oublier les études et le monde du CHU…Qu’y a-t-il dans ton sac photo ?
Un bon vieux 5d mark I pour son rendu « crousti-moelleux » unique, avec un 100 macro ainsi qu’un rokkor 58mm 1.2 adapté eos que j’associe à une bonnette pour des pdc ultra courtes.
Hors macro, je me sers du 17-40 f4 L et (bientot!) d’un 85mm.
Puis enfin du materiel argentique : minolta srt101b, canon t90, yashica mat 124, et les quelques objectifs qui vont avec…
« Le Conquérant » est un exemple de ce que l'on peut produire comme image avec l'association d'un 50mm à grande ouverture + bague allonge ou bonnette macro.
Quels sont les accessoires indispensables en macro ?
L’indispensable est d’avoir au moins une optique macro, le reste est superflu…
En ce qui concerne mon style d’image, je n’ai pas besoin de trépieds, ni de flashs… Je me sers parfois d’un reflecteur mais ça reste assez rare.
Comment un photographe macro procède ? Tu te lèves aux aurores pour patauger dans les hautes herbes avant de t’allonger pendant 2h dans la rosée en attendant qu’un papillon se pose ?
Hélas mes matinées sont consacrées au boulot au CHU, je ne peux donc pas aller patauger aux aurores dans les hautes herbes.. J’attends donc les fins de journée, quand la lumiere commence à tomber et à devenir plus douce, pour commencer mes seances.
En macro il faut aller chercher la bestiole, et ne jamais l’attendre, marcher doucement et essayer de la repérer grace à ses couleurs bien différentes des hautes herbes. Une fois repérée, il faut se comporter comme avec sa femme, être le plus doux et le moins brusque possible, car une fois effrayée elle fuit, et devient difficilement rattrapable….
« Le surfeur d'Or »
As-tu un jardin ou tu dois te déplacer loin pour shooter ?
J’avais un très bon spot macro à 20 secondes de chez moi qui a hélas été rasé pour construire un bâtiment de 4 étages (les ravages de l’homme..). Je suis donc obligé de me déplacer assez loin pour tenter de trouver de belles hautes herbes (la cote d’azur étant assez « bétonnée »).Mais heureusement il y a toujours mes grandes terrasses pleines de saltiques pour m’exercer !
Comment procèdes-tu au post-traitement de tes images ?
Je n’aime pas trop traiter mes images, juste un peu de contrastes de temps en temps, une correction de bdb, rien de plus…le maximum de mes couleurs sont obtenues à la prise de vue.
Je travaille mes RAW sous Lightroom pour les éventuels réglages colorimétriques, les contrastres et l’exposition.
S’il y a besoin de manipulations plus « poussées » l’exportation en Tiff 16bits puis le travail sous Photoshop est à mon avis un meilleur choix.
Biensur cela m’arrive de faire des traitements poussés, mais cela se remarque !
« The digital lady » (oui, ici par contre il y a du bidouillage colorimétrique
)Quel est le meilleur conseil que tu pourrais donner à un débutant dans le domaine ?
La macro dépend finalement assez peu du photographe, tout se joue sur la qualité de la lumière, et bien sur sur ce que la nature veut bien nous offrir comme scène..!
Il faut donc bien choisir ses moments : le matin la lumiere est douce et chaude, les insectes se réveillent, les papillons sèchent leurs ailes pleines de rosée au soleil.. Les plus belles scenes pourront donc être captées le matin, et assez facilement puisque les insectes sont allourdis et immobilisés par le poids de la rosée !
La fin de journée est assez différente : lumière plus froide, moins d’insectes, mais la possibilité d’avoir des teintes plus douces et plus pastellisées..
« Coming home » une composition minimaliste pour mettre en évidence la fragilité de ce pauvre moustique. Encore une fois : pas de bidouillages colorimétriques, une fin de journée, un endroit humide, et les couleurs froides pastellisées viennent d'elles memes.
Et sinon, y a-t-il d’autres champs photographiques que tu aimes à explorer ?
Je fais aussi du portrait, du paysage, un peu d’abstrait…je touche un peu à tous les domaines en fait !
Raconte-nous quelle est la scène la plus incroyable du microcosmos à laquelle tu as eu la chance d’assister ?
Curieusement c’est la scène la plus désagréable qui me vient tout de suite à l’esprit : la mauvaise surprise de croiser une ruche lors d’une de mes seances macro…c’est assez impressionnant de se faire entourer d’une centaine d’abeilles en l’espace de quelques secondes.. par chance je n’ai pas été piqué, mais si cela vous arrive, évitez les gestes brusques pour ne pas les exciter davantage.
De toute manière il faut toujours regarder où l’on pose les pieds, car c’est un domaine où les morsures sont assez fréquentes…
Une dernière chose à ajouter ?
Sortez uniquement le matin ou le soir, cliquez de partout, regardez votre écran, tatonnez les reglages… l’important en photo n’est pas le théorique mais la pratique !
« Le Crayon » a été réalisé sur le meme principe que « The green flamingo »
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