Boxer The Horse
French Residency
Indépendant
Canada
Note : 8/10
Par Mathieu Saint-Jean
Moins de deux ans se sont écoulés depuis le sympathique Would You Please (Indépendant, 2010) et déjà, le quatuor de Charlottetown (Île-du-Prince-Édouard) nous revient avec un deuxième essai qui se distingue par sa maîtrise de sonorités issues d’un autre siècle. En effet, sur French Residency, Boxer The Horse s’amuse à emprunter des éléments qui auront défini le rock alternatif des années 90. Un exercice qui semble être de plus en plus en vogue depuis quelques années. Parmi ceux qui ont récemment bien fait les choses, on pourrait se référer à Surfer Blood, Yuck ou même Cloud Nothings (ces derniers en doivent toute une à Steve Albini). À travers cette multitude de groupes de guitares, Boxer The Horse charme par sa power pop contagieuse qui devrait vous hanter pour les semaines à venir.
French Residency débute de façon assez convaincante avec Community Affair, un titre qui pourrait bien avoir été dérobé à Rivers Cuomo durant les sessions d’enregistrements de Pinkerton (DGC, 1996). Je ne m’attarde que très rarement aux textes qui accompagnent les albums (après tout, n’est pas Dylan qui veut), mais je dois avouer que la prose de Jeremy Gaudet m’a soutiré quelques sourires. «It’s impossible to reach Nirvana when you sleep with piranhas in Brasil.» Sur la pièce suivante, Sentimental/Orinental, la formation puise dans un registre mélodique qui avait été considérablement profitable à The Cure à l’époque de Wish (Fiction, 1992). Ça pourrait vous donner envie de ressortir votre copie Our Ill Wills (Merge, 2007) des Suédois Shout Out Louds, une réussite dans le genre.
Outre son obsession pour les bonnes années de Weezer (on croirait entendre la basse de Matt Sharp sur Rattle Your Cage), Boxer The Horse dégage une nonchalance qui devrait plaire aux fans de Pavement (époque Crooked Rain, Crooked Rain). Par moment, on se dit même que le Canadien Steve Bays (Hot Hot Heat) aurait pu signer ce genre d’album s’il ne s’était pas gonflé la tête après la parution de l’excellent Make Up the Breakdown (Sub Pop, 2002).
En aucun temps, les quatre jeunes musiciens de Charlottetown donnent l’impression d’avoir été ennuyés par la guigne du deuxième album. Ils ont su se dissocier de certaines de leurs inspirations 60’s qui se retrouvaient sur leur premier album, tout en gardant bien en tête ce qui caractérisait leur son. Une réussite sur toute la ligne.
À tous ceux qui continuent de prétendre que le rock est mort, tendez bien l’oreille et cessez de vous plaindre…