Magazine Cinéma
Je ne connaissais David Cronenberg que de nom jusqu'à récemment. J'ai entendu son patronyme pour la première fois dans une parodie des nuls qui faisait la part belle à la Mouche ou plutôt la mèche de Cronenbourg que les trois quart des enfants de ma génération ont imité au moins une fois dans leur vie. Je me souviens également avoir vu un passage de la Mouche, si dégueulasse soit il, quand Jeff Goldblum s'arrache les oreilles au lieu d'utiliser un simple coton tige comme le ferait n'importe qui. On peut finalement dire que ma première expérience avec le réalisateur allemand remonte à cette fameuse dangerous method découverte un peu par hasard et dont le déroulé m'aura clairement laissé sur ma fin.
A History of violence est à l'opposé de ce dernier. Le film démarre sur un long travelling qui suit un père et son fils dans une insouciante cavale meurtrière à travers les États-Unis. Leur road trip prend soudainement court lorsqu'ils décident de braquer le café d'une bourgade tranquille du fin fond de l'Indiana. En mauvaise posture, le gérant Tom Stall parvient tout de même à désamorcer la situation dans un bain de sang qui va faire de lui le héros du village. Mais il y a un hic! Parmi ses fervents admirateurs se trouve Fogarty, campé par un Ed Harris plus méchant que jamais et persuadé de reconnaître le jeune restaurateur boucher comme une vieille connaissance du nom de Joey Cusack. Pris dans un imbroglio qu'il ne maîtrise pas, Tom devient rapidement parano et peine du même coup à maîtriser ses émotions...
La première heure du film est juste extraordinaire. La tension est à son comble entre accès de violence soudaine et peur permanente. Tom Stall nous joue l'américain moyen qui devient sous pression un véritable boucher professionnel qui réussirait même à faire flipper le cadavérique Javier Bardem dans l'effrayant No country for old men des frères Coen. La brutalité de Tom est toutefois altérée par cette vie bien rangée qu'il mène aux côtés d'une femme qui le porte sur un piédestal et des enfants qui le voient comme un père modèle sous toutes ses coutures. L'homme devient il un animal lorsqu'on le pousse à bout? La violence est elle innée ou le fruit de l'expérience? Deux belles réflexions qui pourraient alimenter la pile de sujets philo pour le prochain baccalauréat...au moins vous aurez quelques éléments de réponses sous le bras!
La demi heure qui suit est malheureusement moins maîtrisée comme si Cronenberg avait dû la torcher en urgence pour présenter son film annuel au festival de Cannes. La violence y devient lourde comme on pourrait s'y attendre dans un remake de Scarface mais pas dans un film dont Cronenberg avait tous les outils en main pour en faire un bijou. Tant pis, Nicolas Winding Refn en ramassera les miettes quelques années plus tard avec le succès qu'on lui connaît!
Extrait musical