Si les présidentielles n'ont pas vraiment fait honneur à l'écologie et aux éco-citoyens, leur impact environnemental n'est pas plus brillant, en raison du tapage médiatique et des déplacements qui y sont liés. Un cabinet d'experts a établi un baromètre permettant d'identifier le candidat qui a mené la campagne la plus verte... et la plus polluante.
Les électeurs, faute de pouvoir s'appuyer sur des propositions dignes d'intérêt sur l'énergie, les gaz à effet de serre ou la biodiversité, trouveront peut-être dans ce bilan carbone, un critère de vote valable.
Grâce au travail du cabinet d'expertise B&L évolution, il est en effet possible de comparer le bilan carbone de cinq candidats à l'élection présidentielle. Pour réaliser une telle évaluation, le cabinet s'est intéressé à 4 postes d'émissions en particulier : les émissions liées aux impressions de tracts et affiches, les émissions liées au QG de campagne et à l'équipe de permanents qui anime la campagne, les émissions liées aux déplacements des candidats et de leurs équipes et les émissions liées aux meetings tenus par les candidats.
Les 5 candidats dont les déplacements ont été suivis du 20 mars au 15 avril sont ceux dépassant les 5 % d'intentions de vote, c'est à dire Nicolas Sarkozy, François Hollande, Jean-Luc Mélanchon, François Bayrou et Marine Le Pen. Pourquoi un tel plafond ? Le cabinet explique qu'en dessous de ce seuil, les candidats sont soumis à des contraintes financières plus fortes et émettent donc moins de CO2 à travers leurs déplacements, la tenue de meeting, les impressions, etc.
Hollande en tête, suivi de prêt par Sarkozy
Les résultats du baromètre sont particulièrement intéressants, et surprenants. On découvre ainsi que le plus gros émetteur de CO2 est le candidat du PS, François Hollande. Une contreperformance environnementale qui s'explique par un nombre d'impressions plus important : ses 60 propositions ont été tirées à 15 millions d'exemplaires (contre 6 millions pour la Lettre aux Français de Nicolas Sarkozy). Pour se faire une idée de ce que représente un tel bilan carbone, le cabinet souligne qu'il équivaut à 300 tours du monde en voiture. Suit de prêt le président sortant Nicolas Sarkozy, qui a " effectué " 268 tours du monde puis Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) avec 206 tours du monde. Ces trois plus gros émetteurs de CO2, se situent loin devant François Bayrou et Marine Le Pen. Logique : les meetings et autres réunions publiques de ces derniers ont été moins fréquentés.
Avec la publication de ce baromètre, "B&L évolution" souhaite ainsi montrer l'impact d'une campagne électorale sur l'environnement, dans l'optique d'évaluer de possibles améliorations pour les prochaines élections. Si l'étude a pour l'instant été peu relayée par les médias, elle montre que le comportement de la classe politique face à l'écologie intéresse toujours à l'heure actuelle la société civile. Elle souligne également combien il semble aujourd'hui difficile de mener une campagne sobre d'un point de vue énergétique, quand la présence médiatique et la communication politique prennent souvent le pas sur les idées et le programme électoral.
Alicia Muñoz