Dans le Haut Doubs, on élimine les renards et on se plaint de la "pullulation" des campagnols.
"Dans les prairies de moyenne montagne, les campagnols font des ravages. La lutte est engagée depuis des décennies avec des méthodes plus ou moins efficaces et parfois controversées. L’heure est donc à la réflexion pour les agriculteurs pour qui les pertes peuvent être conséquentes.
Chambre d’agriculture, FDSEA, jeunes agriculteurs et d’autres partenaires techniques seront présents dans quelques jours dans le haut Doubs pour plusieurs visites sur des sites où des centaines d’exploitations sont touchées et des dizaines de milliers d’hectares sont ravagées par ces petits campagnols qui semblent si anodins.
Le problème est que, très vite, ils atteignent des pics au-delà de 200 individus à l’hectare. On parle alors de pullulation. Ces surpopulations ont des conséquences directes sur la qualité et la quantité de l’herbe et des fourrages.
Des enquêtes réalisées en Franche-Comté indiquent des pertes annuelles de 30 à 80 % selon les parcelles concernées et les conditions climatiques. Économiquement, ce phénomène se traduit par une augmentation des achats de nourriture pour les animaux, foin et aliments."
Le renard est classé nuisible
La liste des animaux classés nuisibles par la période allant du 1er juillet 2011 au 30 juin 2012 dans le département du Doubs (arrêté DDT 2011 175.0075) comporte, pour tout le département le renard.
Le renard consomme des petits rongeurs, surtout des campagnols (principalement du genre Microtus) dans les régions où les lapins sont absents.
Un seul renard assure chaque année à lui seul la destruction de 6000 à 10000 rongeurs : c'est donc un véritable auxiliaire de l'agriculture.
On lui préfère la "mort au rat"
Comme le dit l’article, la lutte chimique, engagée expérimentalement dans les années 1970 avec l’usage de la bromadiolone, s’étend et débouche très rapidement sur des bavures : les prescriptions d’emploi ne sont pas respectées et le poison provoque une important mortalité d’espèces non cibles.
En 1989/1999, l'ONC récolte 846 dépouilles d'animaux sauvages, dont 373 sont analysées et 267 se révèlent positives à la bromadiolone. Les principales espèces concernées sont la buse, le renard, le milan royal et le sanglier. Le lien de causalité entre bromadiolone et mortalité est ainsi établi de manière indiscutable.
Fin 2001, un arrêté ministériel a été pris afin de régir l’usage des anticoagulants dans la lutte contre le campagnol, en l’assortissant de conditions strictes d’usage. Il impose notamment de réserver l’usage du poison aux groupements de défense contre les organismes nuisibles (GDON), d’informer le public, de mettre en place des réseaux de surveillance, d’enfouir complètement les appâts empoisonnés et de cesser les traitements au-delà d’une certaine densité de campagnols.
L’usage du poison n’est pas une solution durable de lapin
À long terme, seul le changement de pratiques agricoles permettra de réduire sensiblement le danger de pullulations, en diversifiant les grandes étendues herbagères par des zones labourées et en reconstituant des réseaux de haies, des talus et des fossés, en priorité dans les zones identifiées comme source de démarrage des pullulations. Ces techniques sont déjà employées par des agriculteurs biologiques et ont fait leurs preuves.
D'autre part, se priver des renards pour lutter contre les campagnols, c’est faire preuve d’un manque de bons sens évident. Alors pourquoi ne pas retirer le renard de la liste des nuisibles, dans ce département comme dans d’autres ? Vous voulez la réponse ? Parce que le renard mange aussi des lapins, des faisans, bref du petit gibier et que le petit gibier c'est "chasse gardée". Voici un bel exemple d'un cas où les intérêts privés des uns nuisent aux autres et à la collectivité.
Pourtant, agriculteurs et chasseurs s'apprêtent à voter sans doute pour le/la même candidat(e), en réclamant l'éradication des "nuisibles" qui sont souvent naturellement leurs alliés et l'usage du poison.
Et si on parlait de :
- la création de l'association pour la sérénité à la campagne qui cherche à "éradiquer" les vautours dans les Pyrénées ?
- ou de cette note de la DREAL de Haute Normandie qui met en avant en le chiffrant l'intéret économique des mustélidés pour l'agriculture. Pour le seul département de l’Eure, le fait de piéger les mustélidés coûte 105.000 Euros à l’agriculture du fait de la protection indirecte des «ravageurs» des cultures.
A nuisible, nuisible et demi.