Mythologies

Publié le 19 avril 2012 par Didier Vincent

La vie mode d'emploi, pas sur les réseaux dits sociaux. On passe sa vie virtuelle à peaufiner, faire évoluer un personnage de RPG qu'on affirme être soi-même. C'est une manipulation de signes : photos, vidéos, choix, sentences, vignettes. En prétextant de se montrer par ses goûts, savoirs faire, ce ne sont que des tics exotiques, un exosquelette, une mascarade. Je est un autre. En tout cas il n'est pas sur cette place publique où je veux faire croire, clamer qu'il est. Je n'ai pas 500 amis, c'est faux. J'ai 500 spectateurs de mon absence ostentatoire, de ma mise en scène journalistique trop fortement éclairée pour être contrastée. Je jette cette fausse impudeur comme un sourire trop éclatant, publicitaire. Ce n'est pas moi, sur ce mur à la chronologie d'Epinal, c'est une icône, une projection hiératique de mes postures recherchées, une construction mentale. Plutôt un bouclier. Ce désir d'être au centre de la toile, ce narcissisme bienfaiteur désignent bien un manque. Le fait de poster un statut, quel qu'il soit, et d'attendre en retour les "like" me conforte dens cette pseudo construction de moi.

Le tweet ci-dessous révèle la faille du social dans ces médias : ce désir sans fin de paraître et d'être le maître du je, désir constamment refoulé par l'absence de l'autre.

Twitter te fait croire que t'es une personnalité instagram que t'es un photographe & Facebook que t'as des amis. Le réveil va être difficile

— Tiers Monde ™ (@Tiersmonde) Avril 19, 2012