Contre les biens pensants et les naïfs
Sophie nous conte son monde à elle
Tranquillement levé ce matin, je me préparais à ma revue de presse quotidienne. L'avantage des périodes électorales, c'est que l'information est abondante, à défaut d'être toujours de qualité. J'évoquais hier la tribune de 40 économistes en faveur de François Hollande, et les défections dans le camp Sarkozy. Par chance pour ce dernier, il lui reste encore des soutiens comme Sophie de Menthon, appelant implicitement à appeler à voter pour lui dans cette tribune.
En effet, lors de cette émission du 13 décembre dernier, un auditeur l'interroge sur une de ses phrases sur le travail des enfants dans les pays en développement. Et voilà en quelques minutes une réponse de Mme de Menthon à faire pâlir de honte tout membre du MEDEF, à faire gerber toute âme humaniste. Oui, selon elle, les multinationales font plus pour ces enfants en les faisant travailler et en les formant. Oui, sans ces braves entreprises ce serait le caniveau. Et, en sous main, puisqu'on ne peux pas faire autrement, et que l'on ne peut légiférer ce travail des enfants, autant faire avec, in fine, autant que ce soit nous. Ce qui pensent autrement seraient des biens pensants...Dès le matin, à l'écoute de cette saillie de la représentante du mouvement Ethic, j'ai la nausée, et une haine profonde du capitalisme. Comment supporter un tel discours immonde? Comment justifier des positions si indignes? Le travail des enfants n'est pas uniquement du fait des pays où ils sont exploités Cette explication n'est qu'une duperie d'un monde libéral, qui au mieux se voile la face, qui plus vraisemblablement fait preuve du cynisme le plus abject. Les enfants exploités ne le sont ils pas pour satisfaire une consommation capitaliste, exacerbée par des entreprises courants après les profits, cherchants sans cesse à renouveler la demande, en créants, publicités à l'appui, des besoins artificiels pour les consommateurs? Et puisqu'il ne peuvent pas faire autrement, et qu'il y a des enfants qui travaillent, autant qu'il satisfassent nos besoins, qu'ils soutiennent leurs profits.Ces paroles, sous forme de fatalisme, cachent en fait un cynisme qui me renvoi l'image caricaturale d'un Commandant Sylvestre. Non, ces multinationales exploitants des enfants pour Apple, Nike et d'autres, ne font pas oeuvre humanitaire, le prétendre est un déni de réalité. Un produit high tech, sous payé à ces ouvriers, devient le produit le plus cher dans les pays dits développés, avec au passage des marges colossales pour les fabricants...Quand la représentante de l'éthique dans l'entreprise tient de tels propos, on ne peut que s'inquiéter de cette prétendue éthique. On ne peut que contester aussi sa légitimité à parler d'économie, et remettre en cause la crédibilité de ses dires. Voilà un soutien dont le président sortant se passerait volontiers, tellement sa tribune d'hier se voit discréditée par ses propos passés. Il est peut être utopique d'espérer voir le travail des enfants disparaître, il est sans doute indigne de faire avec avec un fatalisme de façade, masquant un intérêt économique lamentable.Nicolas Sarkozy peut remercier son alliée. Il peut se rassurer tout de même, que tous les lecteurs de la tribune de Mme de Menthon n'auront pas la démarche d'étudier son passif. Et si cela faisait polémique, il pourra toujours accuser Mathieu Pigasse d'avoir publié cette tribune dans son journal pour le discréditer. Mathieu Pigasse faisant ça, voyons donc comme je suis candide. Cependant à 3 jours du premier tour, voilà un soutien bien encombrant pour le président sortant.D'un point de vue personnel, l'intervention de Sophie de Menthon sur RMC me confirme dans l'idée qu'il y a décidément une frontière entre l'humanisme et le capitalisme, et qu'il est sans doute temps que leur libéralisme loué, leur rigueur encensée n'aient plus droit de cité. Il est plus que temps que les avis, et les comportements indignes d'une frange de privilégiés exploiteur, cessent.