Septentrion
288 pages
Résumé:
Marie-Anne Lagimodière est probablement l'une des femmes les plus extraordinaires du XIXe siècle. Son courage et sa fougue influenceront profondément son petit-fils préféré, le grand réformateur et martyr Louis Riel. Aucune femme blanche n'avait jamais affronté le pays sauvage s'étendant à l'ouest du fleuve Saint-Laurent avant qu'elle ne décide d'accompagner dans ses aventures son mari Jean-Baptiste Lagimodière, un fameux coureur des bois. L'expédition traversera près de 3000 km en canot, affrontant de dangereux rapides, des portages fastidieux et de terribles tempêtes sur le chemin de la rivière Rouge... pour arriver au plus fort d'un conflit armé entre la Compagnie du Nord-Ouest et la Compagnie de la Baie d'Hudson. Marie-Anne connaîtra la famine des postes de traite et l'abondance des prairies; elle vivra au sein des communautés autochtones et apprendra à tanner le cuir et à préparer le pemmican, maîtrisant au passage les dialectes cri et ojibwé. Sa longue vie lui permettra d'être un témoin privilégié du progrès, en nombre et en puissance, de la colonie de l'Ouest, dont sa descendance peuple encore aujourd'hui le territoire.
Mon commentaire:
Marie-Anne Gaboury est née en août 1780. Élevée dans la soumission et la religion catholique, sa position sociale donnait à penser qu'elle marierait un cultivateur. Elle travaillait comme gouvernante au presbytère et s'occupait de sa famille. Une rencontre changera totalement le cours de sa vie et son destin.
Jean-Baptiste était coureur des bois. Il rentre chez lui après quelques années passées dans l'ouest. Il a toutes sortes de choses à raconter et attire Marie-Anne. Un mariage suivra. À l'époque de Marie-Anne, il n'y avait pas de place pour l'anticonformisme, surtout chez une femme. Marie-Anne devait avoir en elle cette personnalité un peu rebelle, puisqu'elle insista auprès de son mari pour partir avec lui. Après avoir lu sa biographie, je ne peux m'imaginer cette femme restant sagement à la maison en élevant des enfants et en attendant le retour de son mari. Cette envie de suivre celui qu'elle aimait fait d'elle la première femme blanche à coloniser et surtout faire les pénibles voyages des coureurs des bois dans l'Ouest canadien.
Son histoire se lit comme un véritable roman d'aventure. Marie-Anne a dû renoncer à une mentalité catholique, avec ses règles et ses croyances, pour embrasser le mode de vie des amérindiens. Elle apprend rapidement à survivre, à travailler dur, à affronter les attaques et les guerres amérindiennes, à s'occuper des peaux et de la viande, à soigner et aider, à accoucher dans la nature avec les moyens du bord. Sa vie est faite de chevauchées, de grandes rencontres, de déplacements et de camps. Le mode de vie qu'elle mène désormais est rude, difficile, digne des plus grandes aventures. Marie-Anne meurt à quatre-vingt seize ans, et a pu assister aux rébellions que conduisait son petit-fils, Louis Riel.
Marie-Anne, La vie extraordinaire de la grand-mère de Louis Riel est un ouvrage fort passionnant, sur la vie des coureurs des bois de l'époque. L'aspect le plus intéressant est naturellement la présence de Marie-Anne, qui était pionnière dans l'adoption d'un tel mode de vie pour une femme. À travers des anecdotes sur les voyages qu'ils ont fait, sur les différents déplacements, les rencontres amérindiennes et le quotidien, l'auteur trace le portrait d'une femme pleine de courage, qui a dû s'adapter à une vie pour laquelle elle n'était nullement préparée. Les premiers temps ont dû être un choc pour elle.
Une femme de courage et de cœur, dont il est très s'intéressant de découvrir l'histoire, assez méconnue. La biographie est accompagnée de carte des différents déplacement ainsi que de nombreux extraits sur différents témoignages d'époque des conditions de vie des coureurs de bois.
Une lecture enrichissante, une véritable aventure!