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La grande saignée économique en Europe !

Publié le 19 avril 2012 par Raphael57

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Dans mon précédent billet, j'expliquais que l'absence de débats d'idées dans cette campagne électorale aura au moins servi les intérêts des vendeurs de sondages d'abord, des commentateurs de sondages ensuite, des oracles de passage, et enfin les experts en chiffrage des programmes électoraux. Bref, chacun aura fait son beurre sur le dos de la crémière France, qui en perd son beau sourire !

Même la ligne de front économique tend désormais à s'estomper à l'approche du premier tour de l'élection présidentielle : d'un côté, François Hollande évoque la renégociation du traité budgétaire européen, mais couplée à de l'austérité; de l'autre Nicolas Sarkozy souhaite voir évoluer la mission de la BCE vers le soutien à la croissance (et pas seulement la lutte contre l'inflation), mais couplé à de l'austérité. Donc, quel que soit le programme politique, on en revient à l'idéologie mortifère que la saignée économique sauvera la France et l'ensemble des pays européens, où elle est préconisée comme remède aux maux économiques.

Cependant, au vu des résultats obtenus en Grèce, en Espagne et au Portugal, un bon médecin de l'économie s'interrogerait sur le bien-fondé de son traitement :

* la Grèce, devenue le laboratoire de la Troïka (BCE, FMI, Commission européenne), fut ainsi contrainte en février de s'engager à baisser de 22 % le salaire minimum et à supprimer 15 000 emplois publics, en contrepartie d'un plan de renflouement (130 milliards d'euros de prêts publics et abandon de 100 milliards de créances). Ce ne sera toujours que le sixième plan de rigueur en 5 ans... Résultat :

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[ Source : France24.com ]

En clair, le chaos économique, social et politique désormais dans le berceau de la démocratie !

* le Portugal, quoique ne bénéficiant pas du même éclairage médiatique que la Grèce, s'est vu imposer le même traitement de choc par la Troïka, à savoir suppression d'emplois publics, baisse des salaires, "assouplissement des horaires de travail" (sic !), suppression de certains jours de congés, hausse des impôts, baisse du salaire minimum... Le tout en contrepartie d'une aide de 78 milliards d'euros. Résultat :

 

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[ Source : Wat.tv ]

En clair, le chaos économique, social et bientôt politique !

* en Espagne, le gouvernement expliquait il y a encore quelques temps que l'économie ne se portait pas si mal. Mais un déficit public 2011 plus élevé que prévu (8,5 % du PIB) et un objectif de réduction du déficit en 2012 renégocié à la baisse, ont relancé la (et les) spéculation(s) sur la capacité de l'Espagne à rembourser ses dettes. Pourtant, dans l'espoir de satisfaire la Commission européenne et atteindre un déficit de 5,3 % du PIB, le gouvernement espagnol a élaboré en mars dernier le budget le plus austère de l'histoire de la démocratie espagnole (27 milliards d'euros d'économies) avec à la clé notamment une dérégulation massive du marché du travail. Résultat :

[ Source  : Bfmtv.com ]

L'océan de liquidités que la BCE a déversé sur la planète finance au travers des LTRO dont j'ai parlé ici, n'aura donc que très peu profité à l'Espagne, qui voit ses taux d'intérêt s'envoler et ses émissions obligataires échouer !

En clair, le chaos économique, social et bientôt politique !

Si l'austérité n'apporte pas les résultats attendus, c'est parce qu'elle est d'une part généralisée dans de nombreux pays d'Europe (il ne faut pas oublier que l'Union européenne est aussi une vaste zone de commerce interne et que les problèmes économiques des uns finissent dès lors par devenir ceux des autres) et d'autre part elle étouffe toute forme de reprise économique.

Pourtant, le couple Sarkozy-Merkel (Merkozy ?) a voulu approfondir cette voie avec le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance de l'Union économique et monétaire. Il s'agit d'un pacte budgétaire élaboré en décembre 2011 et qui souhaite contraindre fortement les politiques budgétaires à l'avenir : déficit structurel de chaque État membre inférieur à 0,5 % du PIB et mécanisme de correction automatique en cas de déficit excessif. Bref, après avoir privé les États de la politique monétaire, on cherche à les priver de tout instrument de politique budgétaire ! Pour plus de détails, le lecteur pourra lire avec profit la note publiée par Henri Sterdyniak à l'OFCE.

Paul Krugman, prix Nobel d'économie, cite même désormais l'Europe en exemple pour expliquer à ses concitoyens américains que les plans de rigueur constituent une politique économique inefficace et mortifère ! Il y a quelques jours, il s'est du reste fendu d'un billet de blog sur "le suicide économique de l'Europe", qu'il conclut ainsi : "Plutôt que d'admettre qu'ils se sont trompés, les dirigeants européens semblent déterminés à faire tomber leur économie - et leur société - d'une falaise. Et c'est le monde entier qui en paiera le prix"...

Enfin, le célèbre fossoyeur de la livre sterling, George Soros, craint dans un article paru dans Le Monde que "la politique des dirigeants actuels ne mène à un désastre. L'euro menace de détruire l'Union européenne et avec les meilleures intentions, les dirigeants sont en train de mener l'Europe à sa perte en essayant de préserver et d'imposer des règles inappropriées". Si même un spéculateur le dit...

A n'en pas douter, avec ce traitement qui empêche toute croissance économique, ce seront bientôt tous les États membres de la zone euro qui connaîtront les mêmes difficultés. C'est précisément cela l'effet de contagion dont parlent tant les dirigeants politiques sans comprendre qu'ils en créent les conditions de propagation !

Créons les digues indispensables à la survie de l'Europe et abattons les vieilles murailles sur lesquelles brillent encore les idoles néolibérales !


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