Dîner plus que sympa hier soir au Laurent où quatre jeunots m'avaient invité, histoire de faire connaissance autour de quelques topettes servies à l'aveugle.
Un beau moment (euphémisme) de convivialité !
Bon, j'ai fait baisser sérieusement la moyenne d'âge, mais ces jeunots n'en n'ont pas pris ombrage :-)
Les vins de la soirée, servis à la perfection par l'équipe de Patrick.
C'est clair, limpide, sans discussion possible : ce
Haut-Brion blanc 1994
est un sommet. "LE" vin de la soirée qui m'a fait égarer ailleurs tant
son nez nerveux, excitant, vif (à y chercher un riesling) était
différent d'une bouche d'une subtilité, d'une finesse, d'une élégance
rarissime. Mais il a suffit qu'un jeunot mentionne "pessac" pour que me
reviennent en mémoire les splendides primeurs à Haut-Brion cette année
et donc que je revienne dans le droit chemin.
Mine de rien, ces jeunots ont un sens pointu de l'analyse ! Des plus que bons !
Le
Latour 98 était
monstrueux : dans le bon sens du terme. De l'attaque à la longue
finale, un vin impressionnant. Certes, loin des subtilités d'un Lafite
dans le même millésime, mais quel phénomène ! Si quiconque souhaite
comprendre à quel point on peut imaginer une longue vie à un cru, voilà
la bouteille étalon. Et ce fut le vin qui évolua le plus dans la soirée.
Le choc 1 : un vin d'Algérie, millésimé 1945,
Château Romain
à 12° qui nous laissa pantois. Pantois parce qu'aucune trace, pour un
vin si vieux (on le mettait dans les années 70), d'animalité ou de
sous-bois ou autres marques habituelles audouziennes. Plus qu'étonnant
sur sa fraîcheur, sa ligne droite et pure. Un chouilla dommage qu'il
"offrait" toujours une acidité marquée là où, en milieu de bouche, on
eût aimé un peu plus de rondeur à défaut de fruité. Mais chapeau bas à
ce vin qu'on plaçait tous en Bourgogne (et bibi carrément en premier ou
grand cru !). Une pureté rare, une vraie ligne droite.
Le choc 2 : un vin "nature":
Bran.
Oui, oui, vous savez ces vins défendus souvent par des ayatollahs ne
comprenant pas les attendus de Nicolas ou nos habituels moto du style :
"si c'est bon, j'aime, si ce n'est pas bon, ce n'est pas parce que c'est "nature" que je devrai aimer".
Là, dans cette catégorie du vin régamien (vous savez : le cheval qui
rentre à l'écurie) j'avoue une grande perplexité, aussi bien devant le
design d'une étiquette bouf-bouf que devant les arômes décalés d'un jus
qui a ses adeptes.
Le Barsac
Caillou
tête de cuvée, d'un âge noble, manquait un peu de nervosité et de
complexité sur sa finale. Mais sympa de la part de ces jeunots d'avoir
apporté un sauternes-barsac pour cette soirée.
Sopra tutto, quel bonheur de constater à quel point une jeune génération (ici un groupe où
Burtschy
a joué un rôle de mentor), s'intéresse au vin et surtout a déjà des
connaissances et des expériences plus que remarquables. Et, autant que
je sache, aucun n'a une expérience d'enfant de choeur comme tant de ma
génération :-)
Merci les amis de ce moment si convivial au Laurent
et, promis juré, on va vous mettre face à un autre groupe de fondus
graves que j'ai aussi connu récemment, et qui, comme vous, sont capables
de surprises à tous les niveaux. Au travail !