Interview – La Chanson du Dimanche

Publié le 19 avril 2012 par Bullesonore

La Chanson du Dimanche est née dans la rue, assise en tailleur, une guitare pour enfant et un clavier à pile sur les genoux.

C’était en février 2007, Alexandre Castagnetti (alias « Alec ») et Clément  Marchand se lançaient le défi de poster chaque dimanche, sur Internet, une  chanson en vidéo faisant écho à l’actualité.

Très vite, le succès est au rendez-vous : ils sont 100 puis 10 000 et  aujourd’hui 70 millions à avoir vu et revu les 90 chansons du dimanche
composées en 4 ans.

Bulle Sonore a voulu en savoir plus sur ce duo pas comme les autres, cette Chanson du Dimanche qui est devenu alors un vrai groupe de musique !

La Chanson du Dimanche, un duo très particulier

Avant La Chanson du Dimanche, y a eu une voie « normale » loin très loin de la musique

Clément : On était dans une bulle pas très sonore (rires). Effectivement, avant on avait entamé un trajet très traditionnel. On s’est rencontré pendant nos études en école d’ingénieur à Paris. Puis on avait constitué un groupe qui s’appelait Beaubourg.

Il n’y avait pas encore de duo, juste un groupe ?

Clément : Le groupe Beaubourg a commencé avec 3 membres et a rapidement atteint le nombre de 16 membres en 15 jours (rires). J’exagère je crois mais un groupe de 7 personnes c’est sympa sauf que c’est plus compliqué économiquement parlant. On n’a fait que de la scène pendant 5 ans, on avait cette ambition de faire des premières parties … à 7 !!!

Alexandre : Mais après on a réfléchi (rires). L’idée de La Chanson du Dimanche c’est qu’on s’est dit qu’on allait composé des chansons avec Clément, et d’essayer de se voir chaque weekend mais sans avoir la prétention de faire un groupe. Pour dire vrai, c’est les internautes qui nous ont fait réalisé qu’il y avait quelque chose de particulier avec La Chanson du Dimanche.

Clément : C’est aussi un retour aux sources, parce qu’on a commencé en 1998 sur internet. On écrivait des chansons pour une émission pour la jeunesse sur Canalweb. Comme disait Alexandre, on avait envie de composer des chansons, pas à 7, mais tranquillement tous les deux et puis malgré nous, La Chanson du Dimanche est devenu un groupe à part entière.

Des millions de vues sur internet pour vos vidéos, un gros buzz médiatique et les maisons de disque qui vous contactent … le rêve non ?

Alexandre : Les maisons de disque, les mêmes qui nous avaient jeté avant (rires) ! C’était drôle, on a eu un petit sentiment de revanche personnelle parce que c’est des gens qu’on avait contacté une cinquantaine de fois, on leur avait envoyé des maquettes des albums mais en vain … Et puis finalement, avec le buzz, ils sont venus en masse. Donc en plus de la satisfaction, c’était plus de la rigolade parce qu’on s’est trouvé au journal de 13h, les médias qui ont commencé à nous appeler sans aucune raison particulière.

Clément : Pour nous c’était un réel plaisir parce qu’on rêvait de faire de la scène, malheureusement les maisons de disque n’ont pas tout de suite vu qu’on pouvait faire des concerts puisqu’ils ont contacté des tourneurs qu’au dernier moment (soupir). Il y avait ce plaisir donc mais je ne sais pas pourquoi, on a direct déchanté …

Alexandre : On a déchanté par rapport à tous les discours qu’il y avait derrière ces rencontres avec les grosses majors, les organisations très très lourdes et on ne discutait plus de musique. Ils parlaient de La Chanson du Dimanche non plus comme un groupe de musique mais plus comme un produit marketing.

Et puis avec ce buzz médiatique, ça n’a pas été évident de sortir des clichés du genre « groupe internet » ?

Alexandre : Pas évident du tout ! Par rapport aux journalistes et aux médias, ils sont toujours bloqués sur le coté « buzz internet ». Ils regardent Internet comme si c’était une chose à part, alors qu’on aurait pu être un groupe connu grâce à la scène et on aurait été juste un groupe de musique… un peu rigolo (sourire). Vu que c’était Internet, alors c’est devenu à leurs yeux quelque chose à part, des comiques, et comme c’est vu par les internautes ce n’était pas forcément validé par la profession. Il y a eu plein de clichés autour d’Internet alors que c’est juste une nouvelle scène.

La Chanson du Dimanche, un nouveau souffle pour la chanson française ?

La Chanson du Dimanche c’est particulier mais ça reste un groupe de musique, on est bien d’accord ! Seulement, malgré tout, il y a une recherche dans votre écriture, ça aurait pu être des textes satyriques de deux comiques mais non … y a souvent un vrai message sincère !

Clément : C’est une écriture rapide, on ne se prend pas la tête mais au moment où on écrit ben on réfléchit (rires). Je reformule (rires), on se concentre ! Il y a quand même une recherche, un message, une certaine ironie. On n’a pas envie de convaincre qui que ce soit, les gens prennent de nos chansons ce qu’ils veulent finalement. Les enfants adorent La Chanson du Dimanche même s’ils ne comprennent pas forcément le message mais ils ressentent une certaine originalité.

Alexandre : Faut dire aussi que l’humour est une bonne façon de réfléchir et surtout de s’auto-critiquer. Il y a beaucoup d’auto-dérision dans ce qu’on fait, c’est moins frontale et un peu plus prudent (rires). Mais que ça soit en humour ou de façon très sérieuse, on raconte ce qui nous tient à coeur sinon ça sera moins honnête.

En avril 2012, la chaîne Comédie+ diffusera la deuxième saison de La chanson du dimanche, la série (la saison 1 a été diffusée en mars 2011, puis en clair sur Canal+ durant l’été 2011.). On retrouve un autre atout de La Chanson du Dimanche.

http://www.dailymotion.com/video/xl9da3

Clément : La réalisation, ce n’est pas nouveau (sourire), Alexandre par exemple il a déjà eu cette chance de réaliser un film avant La Chanson du Dimanche

Alexandre : J’étais entrain de réaliser une autre série qui est passée sur ARTE et qui s’appelait Les Invincibles puis avec une boîte de prod assez jeune et qui était partante de faire cette aventure avec nous, on a réfléchi à faire une série. Et naturellement, on s’est dit que si on devait faire quelque chose de différent ben autant faire ces petites histoires, une continuation assez simple de nos chansons finalement. Donc on a fait un pilot, on a montré cela à Canal qui était emballé et qui a décidé de diffuser cela sur la chaîne Comédie.

Le dernier album est plus un bonus de la série donc ?

Alexandre : «La Chanson du Dimanche, la série, l’album» regroupe 19 titres inédits de la saison 1 de la série, avec de nouvelles orientations (sourire).

Parlez-nous de la chanson «Être Français», ça reprend ce qu’on disait tout à l’heure concernant l’humour, les messages à passer, ce qui vous tient à coeur …

Clément : (mort de rire) je savais que tu allais me parler de cette chanson. Bon alors, comment va-t-on décrypter « Être Français » (rires) ?

Alexandre :  Ce qui est marrant, c’est que cette chanson a été diffusée sur France3 dans une émission politique et c’était … Marine Le Pen l’invitée ! Et justement avec ce coté ambigu de la chanson, Marine Le Pen avait dit « Tout n’est pas faux, y a quelque chose de vrai dans cette chansons » (rires) et malheureusement comme tu le vois, ça peut être pris au premier degré …

Ouille, là c’est un peu dérangeant !

Alexandre : Evidemment !

Clément : On a eu aussi des histoires avec une autre chanson qui a été prise au premier degré et qui s’est retrouvée sur un site pas recommandable du tout, un site d’extrême droite… Et les gens sur ce site disaient « ah elle est excellente cette chanson » puis y avait un autre commentaire qui disait « Mais t’es con ou quoi ! C’est des gauchos La Chanson du Dimanche » (rires). Mais c’est vrai que c’est assez terrible de se sentir incompris.

Alexandre : On est bien claire, il y a des chansons à nous qu’il faut prendre au second degré (rires)

Clément : Après, comment décrypter cette chanson ?! Ben elle devait jamais exister en fait, puisqu’elle a été écrite en réaction à cette question qui avait été posée « Qu’est ce qu’être français? » alors que … on va le dire … On en a rien à foutre de cette question (rires) !!!

Alexandre : On a écrit une chanson plein de clichés et je crois que la fin du morceau éclaircit un peu l’intention.

Clément : En concert par contre on a eu des petits malaises au début (sourire), mais c’est un hymne (rires) faut juste avoir un peu de détachement !

Vous vous êtes échappés de cette vie monotone, La Chanson du Dimanche à trouvé son public et aime se faire plaisir ?

Clément : Il y a le plaisir certes qui est très important et puis après y a toujours cet état d’esprit derrière … Il n’y pas que de la jouissance (rires)

Alexandre : Il y a une autre chose qui nous caractérise c’est qu’on ne sait pas ce qu’on fera plus tard, l’aventure n’est pas close, tous les trois mois on se dit avec Clément « alors maintenant, on va où ? ».

Des vrais électrons libres ?

Clément : On est plutôt des électrons libres vis-à-vis des gens qui nous sollicitent sur internet, on a certainement envie de faire autre chose qu’une chanson vidéo sur internet une fois par semaine. On existe aussi, on a nos lassitudes, nos envies, … C’est fragile tu sais, on se remet souvent en question et crois-moi on va pas se contenter de La Chanson du dimanche sans créer et innover et se dire « ça y est on a notre public, on va aller jusqu’à notre retraite ». (sourire)

Alexandre : On va chercher la nouvelle Chanson du Dimanche, ceux qui vont prendre la relève (rires) !

Remerciements : Julien et Mathieu de Mathpromo