Allumées les lumières, portes et fenêtres ouvertes, tu laisses le vent emporter mots et pages, vers leur destination de hasard.
Comme toute nourriture, la lecture nécessite d’être longuement mâchée, son absorption rapide ne pouvant engendrer qu’aigreurs de l’esprit, incohérence des pensées, voire indigence du raisonnement.
Avec la mer commune pour berceau, et des rêves étendus d’une rive à l’autre, lorsque tu fermes les yeux, tu distingues une île, et son reflet dans la houle.
Parfois, c’est une écume qui jaillit à l’étrave de ton chemin. Mais toujours tu y reviens et t’assois sur les rochers, juste pour laisser remonter le parfum d’enfance, dans la clarté d’un jour neuf : voici que de tous les rivages vient le même appel.
Tu lèves les yeux pour mieux voir le ciel qui s’effiloche en nuées de douces pluies.
C’est tant mieux : elles ruissellent sur ton visage et en cachent les larmes, coulées sur malheurs et bonheurs mêlés, car c’est ainsi que vont les jours.
Bien sûr, le sombre, le gris, le nuageux sur les épaules courbées ; mais la légèreté du beau, des notes évanescentes, du pas printanier, libre et des âmes créant le monde comme s’il n’avait jamais été ce qu’il est ? A quoi bon donc écouter encore ce qui nous pèse quand nous sommes libres de construire ce qui nous chante ?
Tu ouvres la parenthèse des rêves, aimerais que jamais elle ne se referme, écris dans la marge en rêvant qu’elle occupe toute la page.
Xavier Lainé