Sarkozy: quand le candidat sortant se plante sur les chiffres

Publié le 19 avril 2012 par Pscauxcailly

Ce sont trois mauvaises nouvelles, assurément. Comment les considérer autrement ? Coup sur coup, le chiffrage du programme de Nicolas-le-responsable était critiqué par un institut patronal; le FMI remettait en cause la trajectoire de redressement des comptes publics; et un sondage de l'association des directeurs de ressources humaines révélait un profond scepticisme de ces derniers sur l'une des grandes mesures, non détaillées, du candidat du peuple.
Ce mardi 17 avril, le printemps ressemblait à la Toussaint, jour des Morts. On enterrait un à un les promesses du candidat.
Sarkozy et son chiffrage incomplet
L'institut de l'entreprise, un Think Tank proche du patronat, estime qu'il manque 11 milliards d'euros de recettes ou d'économies au programme de Nicolas Sarkozy: 3,4 milliards en recettes, et le solde en dépenses.Le Figaro s'est permis de détailler l'ampleur du désastre.
Les dépenses mal chiffrées sont les suivantes:
- la réforme du permis de conduire (passage du code au lycée, permis gratuit pour les jeunes en service civique) qui coûterait entre 247 et 281 millions d'euros par an.
- la division par deux des droits de mutation, qui n'a pas été compensée;
- la prime de 500 euros pour heures supplémentaires aux professeurs de collège (un milliard par an, théoriquement compensé par la poursuite du non-remplacement d'un fonctionnaire partant à la retraite sur deux)
-  la création de 200.000 solutions de garde pour les jeunes enfants, sous-évaluée de 500 à 600 millions d'euros par an (1,5 à 1,6 milliards par an contre 1 milliard chiffré chez Sarkozy);
- la mise en place de bureaux pour les enseignants, sous-évaluée de 200 millions d'euros par an ;
- la création de 24.000 places de prison, sous-évaluée de 700 millions à un milliard (1,5 et 1,8 milliard pour l'Institut, contre 800 millions pour l'UMP).
En matière d'économies, le non-remplacement d'un fonctionnaire partant à la retraite sur deux est sur-évalué de 180 à 660 millions d'euros par an d'après l'Institut (pour atteindre, d'après lui, entre 2,2 et 4,6 milliards d'euros sur l'ensemble du quinquennat).
Comme d'autres, l'Institut refuse de prendre en compte le 1,5 milliard d'euros de rendement de la taxe contre les évadés fiscaux, une mesure trop floue et improbable pour considérer ses recettes comme prévisibles.
Au final, l'Institut valide la hausse de 46 milliards d'euros des impôts du pays entre 2012 et 2017 précédemment évoquée.
Les prévisions... éconduites
Le 5 avril dernier, il déclarait: « grâce au courage des Français, nous sommes en avance sur la trajectoire de réduction de nos déficits ».  Lors de la présentation de son programme, il y a 10 jours à peine (sic!), le candidat sortant promettait: « Il y a un rendez-vous: moins de 3% en 2013, l'équilibre en 2016 ». Dix jours plus tard, c'est la douche froide.
Malgré les « bons » résultats de 2011, le Fond Monétaire International vient de livrer des prévisions plus pessimistes pour l'avenir: en 2013, le déficit public serait encore à 3,9%. Pire, l'endettement public dépassera le cap symbolique des 90% du PIB l'année prochaine.
Un malheur n'arrivant jamais seul, le journaliste Thomas Bronnec de l'Express, révèle sur son blog que les estimations du PIB 2011 par les services de François Baroin remises à la Commission européenne la semaine dernière dans le cadre du programme de stabilité 2012-2016 varient de 1.982 à 2.000 milliards d'euros d'une page à l'autre...
Les DRH doutent
L'Association nationale des DRH a fait réaliser une étude auprès de 213 DRH de France, entre le 13 et le 30 mars dernier. Et ces derniers doutent. Quatre-vingt pour cent d'entre eux  sont sceptiques sur la promesse d'accords compétitivité-emploi de Nicolas Sarkozy. « seuls 19 % des sondés jugent la mesure"pertinente", tandis que 26 % d'entre eux estiment qu'elle sera "sans conséquence particulière ". Surtout, 49 % des DRH interrogés vont jusqu'à juger que la mesure sera"improductive". »
Le président de l'association s'en excuse presque: en fait, ses membres auraient peur de la complexité des négociations à venir, pour peu d'effts in fine. Pour mémoire, l'idée, non détaillée, est d'autoriser la réduction du temps de travail ou des salaires en « contrepartie » d'une baisse de salaires.

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