Pour sa 6e soirée, le label bordelais Talitres reçoit son dernier «coup de coeur», Ewert and the Two Dragons, redoutable formation pop venue tout droit des pays baltes. À découvrir ce soir au Rocher de Palmer !
À les voir, dans la nuit de mardi à mercredi, livrer un live épatant sur le plateau de «Ce soir ou jamais», l’émission de Frédéric Taddei, on avait du mal à en croire ses oreilles : non seulement Ewert et ses Dragons font de sacrés bons disques, mais qu’est-ce qu’ils sont bons sur scène. Une interprétation habitée de leur impeccable single «(In The End) There’s Only Love» qui aide à comprendre comment quelqu’un comme Sean Bouchard, le boss de Talitres, a pu craquer sur ce groupe jusque-là plutôt confidentiel une fois sorti de Tallinn, la capitale estonienne. «Je les ai vus pour la première fois au Musiikki & Media Festival, à Tampere, en Finlande, en octobre dernier, se souvient Sean Bouchard. J’ai adoré tout de suite, et je me suis dit que ça collait bien à l’esthétique générale de notre catalogue – du côté de The National, Emily Jane White ou Stranded Horse par exemple – tout en apportant une touche plus pop, plus spontanée, sans être pour autant plus commerciale.»
Alchimie parfaite
Dans la foulée de la signature du contrat de licence, la promo avait à peine commencé que déjà les Dragons enflammaient la critique. Le «coup de coeur» signé «sans réflexion stratégique» s’est révélé un joli coup tout court – malgré, ou grâce à, un nom pas évident au premier abord. «Il ne faut pas y chercher de sens philosophique, raconte Ewert Sundja, le leader du groupe. C’est parti d’une blague autour d’un film, qui nous a servi de titre de travail pour le premier album. Finalement, on a rien trouvé mieux, et on a fini par l’aimer notre nom.» Il faut dire que, dès «The Hills Behind The Hills», le trio des débuts tenait presque déjà l’alchimie parfaite de ses influences disparates, «des Beatles à Jeff Buckley, de Radiohead à Nirvana en passant par The National, The Fleet Foxes ou Idaho», précise le guitariste Erki Pärnoja. Et avec leur seconde livraison, ce «Good Man Down» à l’hallucinante maturité, le désormais quatuor la touche du doigt, cette alchimie. La voix d’Erki est impressionnante de maîtrise et d’à-propos, l’instrumentation rigoureuse et inventive à la fois, et les pistes s’enchaînent avec un juste équilibre entre balades mélancoliques («Panda», «Falling»), ritournelles folk qui restent en tête des heures entières («Sailor Man») et formats plus pop, à l’image de «There’s Only Love», «Jolene» ou «Road To The Hill». «Pour ce second album, on savait exactement où on voulait aller, poursuit Erki, on a joué chaque titre en live et gardé les premières prises. Ensuite, on a rajouté quelques overdubs, mais pas trop, en privilégiant l’acoustique et les sonorités naturelles.» Résultat, sans le savoir ni les connaître vraiment, ils ont quelque part retrouvé la richesse simple des Smiths ou du Beirut des débuts. La bande de potes garde cependant les pieds sur terre, pas grisée pour deux ronds par sa renommée nouvelle : «On est simplement surpris, agréablement, reprend Ewert. Et on a hâte de jouer nos deux premiers concerts, au Point Éphémère [à Paris, hier, ndlr] et à Bordeaux. ça nous donnera une bonne idée de ce que l’on peut attendre pour la suite...» La suite, ce sera l’Europe entière, puisque Talitres vient de négocier les droits pour une distribution bien au-delà de nos frontières. • Sébastien Le Jeune
En 1re partie, le quintet folk-rock Arch Woodman. Ce soir, à 20h30, au Rocher de Palmer (Cenon), 10-12€.
(*) Le live est en ligne sur ce-soir-ou-jamais.france3.fr