Quand l’amour est plus fort que la mort !
Congo-Océan est l’histoire d’un amour impossible entre la fille d’un puissant négociant colonial et un jeune ornithologue. Les deux rêvent de s’envoler ensemble, mais ces plans ne concordent malheureusement pas avec les intérêts familiaux de la riche héritière.
Le pitch de cette romance peut sembler très classique, mais le fait d’évoquer en parallèle l’amour que se portent les Calaos, oiseaux connus pour leur fidélité en amour, insuffle beaucoup de poésie à l’ensemble. Une douceur métaphorique et une romance qui tranchent d’ailleurs admirablement avec le contexte colonial de l’époque. La cruauté plane constamment sur ce récit où les colons/chasseurs blancs maltraitent/massacrent les autochtones/la faune locale. Congo-Océan est d’ailleurs le nom de la ligne de chemin de fer reliant Brazzaville à Pointe-Noire, construite au début du siècle dernier sur le dos d’une main-d’œuvre locale, réduite à l’esclavage et abattue à la moindre rouspétance. Des milliers de personnes sont mortes durant ce chantier et l’auteur profite donc de cette romance impossible au cœur du Congo français pour dresser un portrait peu reluisant de la colonisation.
Dans un style qui flirte avec la ligne claire, Loïc Malnati propose un dessin épuré et réaliste qui va à l’essentiel. Rehaussé par des superbes aplats de couleurs, le graphisme porte admirablement ce récit mêlant cruauté et poésie, tout en offrant un côté délicieusement rétro à l’ensemble.