Voici donc le prochain colloque que j'organise, avec "Participation et progrès" et l’École de guerre économique" : "Se révolter au XXI° siècle". Parce que le vocabulaire de la révolte a changé par rapport au 19° mais aussi au 20° siècle, et qu'on voit apparaître plein de choses nouvelles qu'il s'agit de comprendre. Un colloque interdisciplinaire, intergénérationnel, parce que le mélange est un bon moyen d'acquisition de la connaissance.
Avec des beaux noms comme Dominique Wolton, Gérard Chaliand, Jean-Luc Racine, Frédéric Charillon, Jean Dufourcq, Hervé Kempf (pas moi... l'autre), Jérémy Ghez, François-Bernard Huyghe ...
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Les révolutions du début de l’année 2011, connues sous le vocable de « printemps arabe », nous ont montré que le pouvoir de la rue existe encore et qu’il devient encore plus fort lorsqu’il se mêle aux nouvelles technologies. Dans le même temps, le succès planétaire du livre de Stéphane Hessel rencontre des mouvements qui s’indignent, résistent, se révoltent comme en témoigne le mouvement des Indignados parti d’Espagne qui se répand dans toute l’Europe et aux Etats-Unis. Ces formes de la révolte, même lorsqu’elles ne conduisent pas à un effondrement des Etats, prennent une ampleur certaine depuis deux ou trois ans.
Ainsi, la révolte redevient un phénomène observable : on peut dire qu’elle émerge à nouveau de l’histoire.
Il faut tout d’abord constater la permanence de formes traditionnelles de révolte, comme les mouvements maoïstes dans le sous-continent indien, les guérillas d’Amérique du sud, ou des révoltes africaines (Nigéria et Soudan) : l’activisme existe encore. Bien qu’il soit négligé, sa perpétuation pose plusieurs questions sur les motivations de ces révoltes et leur adaptation au nouvel environnement stratégique, politique, économique et social.
L’attention publique a porté plus d’intérêt aux nouvelles révoltes dans des zones émergentes : Iran, Thaïlande, printemps arabe sont autant de manifestations de nouvelles conditions démographiques, culturelles et économiques : qu’ont-elles en commun ? Y a-t-il un facteur féminin dans le développement de ces révoltes ? À quel modèle aspirent-elles ?
Dans le même temps, on observe l’apparition de révoltes qu’à défaut d’autre mot, on dénommera « occidentales ».
Ainsi, il faut constater la naissance de nouvelles formes de révoltes liées, par leur contenu et leur mode de diffusion, aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. Les technologies 2.0 ont permis à toute une série de groupes organisés sur une base idéologique non-nationale de faire connaitre leurs idées et développer des actions « coup-de-poing » de nature antiétatique et anti-entreprise. Toutefois, même ces révoltes d’apparence anarchiques peuvent, par endroits, être instrumentées ou manipulées par les puissances traditionnelles.
Enfin, dans les pays développés, de nouvelles formes de contestation se font jour et manifestent des aspirations d’apparence contradictoire, qui peuvent être conservatrices (retour à un état précédent considéré comme préférable), consuméristes (réaction à la crise économique depuis 2008) ou écologiques : autant de motivations variées pour ce qui n’est pas encore des « révoltes du pain ».
Ce colloque est co-organisé par l’Ecole de Guerre Economique et le club Participation et progrès. Il se tiendra à l’école militaire le 14 mai 2012, sur une journée avec deux tables rondes le matin et deux l’après-midi, afin de laisser la place au débat avec la salle.
1. 9h00 : TR1 les révoltes « traditionnelles » qui subsistent présidée par Frédéric Charillon, directeur de l’IRSEM, professeur à l’Université d’Auvergne : La « traditionnalité » de ces révoltes tient-elle seulement à leur ancienneté/motivation/racines ? n’y a-t-il pas eu des adaptations et si oui lesquelles pour qu’elles demeurent virulentes ? Enfin, quels réseaux extérieurs ces révoltes ont-elles organisée ?
- a. Maoïstes et naxalistes du sous-continent indien (JL Racine, CNRS, EHESS)
- b. Anciennes et nouvelles révoltes en Amérique Latine (JJ Kourliandsky, IRIS)
- c. Révoltes africaines (Nigéria et Soudan), du pétrole à la religion (A. Gnanguenon, IRSEM)
- d. Hmong, des années 1950 à aujourd’hui (F de Saint Victor, AGS)
- Débat avec la salle - Pause
2. 11h00 : TR2 : les nouvelles révoltes présidée par Jean Dufourcq, rédacteur en chef de la Revue Défense Nationale, directeur de recherche à l’IRSEM, membre de l’académie de marine : Les données structurelles (alphabétisation, démographie et emploi) sont-elles les seuls déclencheurs de ces révoltes ? quelle influence des réseaux dans la mise en œuvre de ces révoltes ? que cherchent vraiment les révoltés : liberté politique, développement économique, impartialité de la justice, ouverture sociale ? selon quel modèle (occidental ou émergent) ?
- a. La vague verte iranienne : pourquoi le blocage perdure (A. Amir Aslani, avocat)
- b. Le printemps arabe (Tunisie, Yémen, Syrie,…) : pourquoi le blocage n’a pas duré ? (JB Beauchard, IRSEM, AGS)
- c. Le mao-islamisme (Gérard Chaliand)
- d. Les femmes et les révoltes (Irène Eulriet, IRSEM)
- Débat avec la salle - Déjeuner
Après-midi : Des révoltes occidentales ?
3. 14h00 TR 3 : les cyber-révoltes présidée par Dominique Wolton Le cyberespace n’est-il qu’un instrument utilisé par des révoltés qui se seraient exprimés autrement ? ou à l’inverse, les possibilités du cyber génèrent-elles des révoltes d’un nouveau type ? enfin, les Etats manipulent-ils ces cyber-révoltes ?
- a. Anonymous (Guillaume Grandvent, AGS)
- b. Wikileaks (Eric Hazane, AGS)
- c. Instrumentalisation publique de cyber-initiatives privées (Russie en Estonie et Géorgie, Etats-Unis dans les révoltes du Porche et Moyen-Orient....) (FB Huyghe, IRIS)
- Débat avec la salle - Pause
4. 16h00 TR4 : les simili-révoltes conservatrices ou consuméristes présidée par O. Kempf (P&P, AGS, égéa) : Un certain nombre de mouvements se déroulent dans le monde occidental : s’agit-il de révoltes conservatrices voulant préserver « le monde d’avant » ? S’agit-il de révoltes consuméristes voulant préserver un mode de vie ? s’agit-il de réactions à une mondialisation qui n’est plus mue par l’occident et qui menace les équilibres établis ?
- a. Indignados espagnols et révoltés grecs : raisons économiques (N. Mazzuchi, EGE, Pomémos)
- b. Tea Party vs « Occupons Wall Street », ou la crise comme facteur de révolte (Jeremy Ghez, HEC, Rand)
- c. Emeutes anglaises de l’été 2011 vs émeutes françaises de l’automne 2005. (Danièle Joly, Warwick university)
- d. Révoltes écologiques (faucheurs OGM, gaz de schiste, …) (Hervé Kempf, journaliste spécialisé en écologie politique)
Conclusion synthèse Pierre Pascallon, P&P
O. Kempf