Les nouvelles stratégies de mercato de l’AC Milan

Peut-on espérer un grand mercato à coups de centaines de millions d’euros et de grands joueurs? Non. C’est impossible. Les finances de l’AC Milan ne sont pas belles à voir (-67M annoncés, à vérifier vendredi!) et l’arrivée du fair-play financier ne permet pas de rêver de gros investissements. Préparez-vous à vivre un été raisonnable avec peu d’investissements et beaucoup de fantaisies. Galliani sera une nouvelle fois appelé à agir avec bravoure, intelligence et intuition. Il aura aussi besoin d’une petite dose de chance…

Le monde a changé. Le mercato a changé. Milan a changé. Que Berlusconi est riche, tout le monde le sait et ce n’est pas nouveau. Que Milan est un club pauvre, c’est assez nouveau et ça commence à se savoir, en Italie, en Europe et dans le Monde. Et pourtant il y la volonté de rester un grand club, un club de haut niveau. C’est toute la difficulté du travail actuel de Galliani, qui jongle entre prêts, options d’achats, co-propriétés, échanges… Pour atteindre l’objectif de construire une équipe compétitive avec très peu d’argent, Galliani suit quatre routes.

La première stratégie de l’AC Milan n’est pas très sexy : le club cherche des joueurs déjà confirmés de rendement assuré, bien souvent peu importe l’âge : Cafu, Pancaro, Stam, Crespo, Ronaldo, Emerson, Redondo, Oddo, Favalli, Kalac, Beckham, Zambrotta, Van Bommel et Yepes. De l’expérience à prix, en apparence réduit, mais qui se transforme parfois en gouffre financier en payant des salaires pharaoniques à des joueurs en fin de carrière, au rendement titubant, nul (en cas de blessure), voire nuisible dans certains cas extrêmes.

La deuxième route est celle des investissements sur des jeunes comme Abate, Gourcuff, Kakà, Boateng, Pato, El Shaarawy,… en attendant finalement un vrai grand joueur (ou juste bon) formé au club et immédiatement intégré en équipe première. Là aussi, il y a quelques « pertes », des joueurs qui ne répondent pas aux espoirs placés en eux mais qui peuvent tout de même garantir une plus-value intéressante. Néanmoins, c’est un chemin à parcourir avec modération car le rendement n’est pas garanti, il suffit de demander à Wenger.

La troisième solution est celle des bons joueurs low costs, des opportunités, des bons rapports qualités / prix souvent grâce à des problèmes avec relationnel entre les joueurs concernés et leurs clubs et / ou entraineurs : Aquilani, Emanuelson, Maxi Lopez, Nocerino, Muntari, Mesbah, Cassano… des joueurs qui ne construisent pas une équipe capable de remporter la Champions League mais qui peuvent arriver en quarts de finale et arriver sur le podium de la Serie A. C’est une solution intéressante pour finaliser l’équipe, trouver un, voire deux titulaires mais surtout des remplaçants.

La quatrième voie est la plus importante car c’est celle sur laquelle l’AC Milan cherche les valeurs ajoutées de l’équipe. C’est celle des fuoriclasse en difficulté, avec l’entraineur ou le club. Ce sont des joueurs qui ont de gros salaires et qui restent assez chers malgré leur situation, car ce sont de grands joueurs. La stratégie est toujours la même : Milan contacte le joueur (ou son agent) et demande s’il est intéressé de rejoindre le club milanais. Dès qu’il y a une réponse positive, Milan entame des négociations avec le club « vendeur » dans une position confortable et deux gros avantages, la volonté du joueur et sa situation difficile : « Vous avez un joueur qui vous coute cher, qui veut partir, qui est inutile ou nuisible chez vous et est intéressé à venir chez nous. Prêtez-le nous gratuitement, on paie la moitié de son salaire et on le fait jouer. S’il s’adapte et joue bien, on vous l’achète à ce prix : X euros. » Souvent ça passe (Rivaldo, Ronaldinho, Ibrahimovic, Robinho), parfois ça casse (Tevez). Dans ce cas particulier, Manchester City en a fait une affaire de principe mais Milan continuera à suivre cette voie avec des cibles comme Tevez, Balotelli…

Ces quatre routes remplacent l’ancienne, la seule et unique, celle du grand Milan et du fric à volonté. Berlusconi s’offrait alors le joueur qu’il voulait, quand il voulait. C’était le bon vieux temps et il est bel et bien terminé. D’autres ont repris le flambeau : les Américains, les Russes, les Arabes… mais ils pourraient tous devoir changer leurs plans avec l’arrivée du FPF. Qui sait si Milan n’est pas, une nouvelle fois en avance sur son temps? Le président est en colère, voire triste de voir un Milan si loin du top européen et compte bien revenir pour faire un peu de ménage, surtout au niveau des joueurs. Cependant, il ne faut pas se faire d’illusions en pensant à un mercato colossal. Le prochain mercato ne sera pas une question d’argent ni de grands noms mais d’idées, d’intuitions et d’opérations intéressantes. L’objectif est le même : construire un Milan compétitif. Le degré de difficulté est beaucoup plus élevé : pour réaliser un mercato crédible et intéressant avec peu de moyen, il faut de bonnes idées, de l’intuition et de la chance.

Il faut aussi pouvoir compter sur un entraineur compréhensif, qui accepte ce qu’on lui offre. Allegri n’a aucun problème à entrainer et gérer des joueurs comme Muntari, Emanuelson et Mesbah, contrairement aux « grands » entraineurs qui veulent des garanties quant à la qualité de l’effectif. Le mercato estival approche, vendredi, l’assemblée générale nous en apprendra un peu plus mais Milan ne s’écartera pas de ces quatre grandes routes. Les deux premières recrues sont là pour le prouver : Montolivo fait partie de la « route n°3  » , Acerbi de la « route n°2  » (prêt avec option d’achat) : les deux seront rapidement officialisés après le championnat. De nombreuses rumeurs circulent concernant la « route n°1  » , comme Mundingayi, Keita, Natali, le gardien Kawashima… Quant à la « route n°4  » , pour le moment les deux pistes sont Tevez et Balotelli, elles feront énormément parler d’elles ces prochaines semaines. Pour le moment, ce ne sont que des rumeurs. Les seules certitudes sont les stratégies du mercato de l’AC Milan. Ne l’oubliez pas.