Après l’excellent Bayern Munich – Real Madrid d’hier, on attendait avec impatience la suite des événements ce soir. Si le match parait moins spectaculaire que l’autre demie, on apprécie grandement ces retrouvailles entre Chelsea et Barcelone, deux ans après. Deux ans depuis cette soirée entrée dans la légende, autant pour son dénouement que pour les conséquences engendrées à côté (la fameuse « fuckin’ disgrace »).
Les choses ont bien changé depuis, pas tant pour le Barça, toujours au top du hip-hop, mais pour les Blues, 6e en championnat et tout juste sorti d’une énorme crise qui a coûté sa place à Villas-Boas. On va pas se mentir, c’est un peu une surprise que de retrouver Chelsea dans le dernier carré cette saison. Sauf qu’en grand habitué du genre, c’est une certitude que Di Mattéol’intérimaire n’aura pas eu besoin de grand chose pour aranguer ses hommes.
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On va tout de suite se mettre d’accord les gars. Si le match est moins enlevé qu’hier, ce n’est pas QUE la faute d’un Chelsea qui joue le coup en costaud derrière. Le Barça, c’est beau mais c’est chiant, un peu comme le Lac des Cygnes. Et ce, depuis deux ans déjà. Les mecs se font tellement pomper qu’ils sont à peu près certain de détenir la vérité absolue et poussent donc leur jeu à leur paroxysme, quitte à rentrer dans les clichés.
Première minute de jeu, Barcelone a 100% de possession. Redoublement de passes inutiles, comme d’hab. Mais ça, Chelsea s’en fout et laisse faire tranquillement. Pire encore, personne ne suit Messi quand il a le ballon. Pas habitué, le génie argentin ne fait pas la différence. Et ça agace grandement le tandem Jeanpierre-Lizarazu qui en viennent à dire qu’ils préfèrent Leo à Cricri. On s’en branle non ? TF1/Barcelone, c’est donc plus que des mêmes couleurs rouge et bleu..
En même temps, on ne peut pas trop en vouloir aux deux zigotos de faire la discute, il se passe pas grand chose. Barcelone monopolise la balle, Chelsea attend. Parfois ça s’énerve un peu, Iniesta ou Xavi sortent leurs lunettes infrarouges et trouvent des passes invisibles à l’oeil nu. Sanchez n’est pas Eto’o et trouve la barre, Fabregas n’est pas Yaya Touré et se chie dessus à 5 mètres.
En face, pas grand chose à signaler, tout le monde est retranché dans son camp. Pourtant, à chaque fois que Drogba touche le ballon, la défense catalane se cague dessus en beauté. Mauvaise anticipation, jeu de tête défaillant, relance foireuse, c’est pas l’assurance tout risque. Ce serait con de pas en profiter. Alors Ramiresattend la 45e minute pour partir en sprint jusqu’à la surface, dépose tout le monde et remet un ballon aussi bien senti qu’un peu téléphoné à Dédé qui ne se fait pas prier. Une occaz’, un but. C’est dur pour Barcelone mais c’est aussi ça le haut niveau. Techniquement largement au-dessus, les Blaugranas ne peuvent pas répliquer à l’impact physique anglais. Mais c’est dans l’adversité qu’on reconnait les grandes équipes non?
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On prend les mêmes et on recommence. Le scénario est sensiblement le même qu’en première période. Barcelone confisque le ballon et Chelsea joue sa vie sur chaque intervention. Messi prend de plus en plus le ballon, perfore de plus en plus mais un pied, un genou, un tibia de Terry ou Cahill empêchent la dernière passe/frappe. Et quand personne n’intervient, c’est le manque de précision qui fait sa loi. Sanchez n’a pas le sang froid nécessaire pour mystifier Cech à trois mètres du but. C’est ça aussi de jouer sans un vrai buteur. Le constat est d’autant plus frappant qu’en face, Drogba démolit tout sur son passage. Chelsea ne se crée peut être pas d’occasion mais n’en laisse pas beaucoup plus à l’adversaire. Tactiquement, c’est très fort. L’entonnoir autour de Mikel-Mereiles-Lampard gêne considérablement le déploiement du jeu barcelonais. Alors oui, le sextoy de Lizarazu garde la balle, sauf qu’il n’en fait pas grand chose. Plus le temps passe et plus les Blues reculent.
Il reste dix minutes, Drogba joue à 35 mètres de ses buts. Et la passe à dix catalane se fait plus belle. Les boys de Guardiola essaient de varier les plaisir en distribuant sur les ailes pour mieux centrer sauf qu’on ne prend pas les londoniens de la tête. Enfin que très peu. Puyol y parvient sur un coup franc de Messi mais le gardien casqué sort ses immenses bras pour repousser sur sa ligne un ballon bien compliqué. Quand ça ne veut pas…
Il reste trois minutes (d’arrêt de jeu), Drogba joue à 16 mètres de ses buts. Et la passe à dix catalane se fait encore plus belle. On se souvient tous de ce but d’Iniesta à la dernière seconde il y a deux ans. Et bien l’histoire a bien failli se répéter de manière incroyable. Dernier ballon, Terry sort sa jambe gogogadgeto pour empêcher Messi de frapper, le ballon revient sur Pedro qui trouve le poteau. Quand ça ne veut pas²
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Malchanceux par moment, maladroits à d’autres, Barcelone aurait sans doute pu jouer toute la nuit sans parvenir marquer. Il y a des soirs comme ça. Tant mieux pour le suspens, entier pour le retour. Chelsea a su se serrer les coudes et jouer en équipe, comme des vieux briscards qu’ils sont. Ca sera sûrement une autre paire de manches au Camp Nou, mais le kiff’ d’accrocher le Barçachez soi, ça fait toujours plaisir quand on est plus proche de la fin que du début.
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.LES NOTES
CHELSEA
.Cech (6.5): On oublie souvent le gardien tchèque quand il faut nommer les meilleurs gardiens du monde. Lui de se rappeler au bon souvenir de tous. Certainement le meilleur sur sa ligne et il l’a encore prouvé ce soir.
.Ivanovic (6): Match solide du défenseur serbe qui a su compenser ses lacunes de vitesse face aux lapins catalans par un impact physique bien dissuasif.
.Cahill (7.5): Il a remplacé David Luiz au pied levé. Impeccable, il a su rester debout le plus possible, se jetant qu’en dernier recours et de fort belle manière. Pas sûr que le fantasque brésilien aurait fait si bien.
.Terry (6.5): Pareil que son acolyte, quoique un peu plus mis en difficulté sur la fin.
.A. Cole (6.5): Quand « Cashley » est à ce niveau, on lui pardonnerait tout. Sauf Cheryl Cole.
.Mikel (5.5): S’il a su faire le nombre au milieu, gênant comme il se fallait le jeu catalan, il a aussi perdu beaucoup trop de ballons de relance qui aurait pu être intéressant.
.Lampard (6): C’est clairement plus le Lamp’s qu’on a connu mais pour poser le jeu quand il le fallait à ce niveau, il s’est montré très précieux.
.Raul Meireles (7): Une dégaine de clochard de bas d’église. Sauf que le berger allemand, c’était lui ce soir. Il est resté dans la zone de Messi toute la partie, empêchant l’argentin hormoné de partir en slalom sur chaque prise. A bien mérité sa canette de Kro.
.Ramires (6.5): Très bon dans le rôle du lien défense-attaque, c’est sur l’une de ses courses que vient le seul but du match. Un boulot pas facile mais bien réalisé.
.Juan Mata (4): Face à ses collègues espagnols, c’est le seul qui n’a pas vu le jour. D’où cette théorie: et si le Barça n’était jamais aussi fort que face à des équipes comme lui ?
.Drogba (8.5): Monstrueux. Il a foutu le bordel sur chaque ballon qu’il a touché alors qu’il était à 50 mètres du but adverse, de dos qui plus est. 34 berges mais des couilles de puceau en chaleur. D.D a tout démoli sur son passage, aussi bien offensivement que défensivement. « It’s a fuckin player ».
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.BARCELONE
.Victor Valdes (/): Pas un ballon touché, un but encaissé. Gardien du Barça, métier le moins rentable du monde.
.Dani Alves (6): Comme d’hab, Dani the dog a enchainé les allers-retours comme on enchaine les longueurs à la piscine. Sauf qu’en face, il avait un sacré client. Enfin ça, Dani s’en fout, il joue face à Coentrao samedi.
.Puyol (6): Un duel d’homme avec Drogba. Il a plié mais jamais rompu. Un roseau avec une serpillère sur la tête.
.Mascherano (5.5): Son seul objectif de la soirée, c’était de contrer Drogba s’il passait Puyol. Au final, ça a été le contraire.
.Adriano (4.5): Comme Alves il est brésilien. Comme Alves il a joué à Séville. Comme Alves, il est offensif. Ca s’arrête là.
.Busquets (5): Lui aussi a du subir la furia de Didier Drogba le footballeur. Lui aussi n’a pas survécu. Pire, l’ivoirien a plus simulé que lui. Soirée de merde.
.Xavi (6): Comme d’hab, l’impact physique anglais lui a fait du mal. Mais a trop de talent pour passer inaperçu alors il a donné deux, trois caviars comme ça, pour la forme. Pour samedi surtout.
.Fabregas (6): Lui est habitué aux rouages de la Premier League. Malheureusement, il n’a pas encore la vista de son compère du milieu. Deux, trois gestes de classe quand même, comme ça, pour la forme. Pour samedi…
.Iniesta (6): Ce n’est plus le génial joueur de 2009, ça le redeviendra sans doute très vite. Deux, trois gestes techniques de haut niveau quand même, comme ça, pour la forme. Pour same…
.Messi (5.5): Le meilleur geste de la soirée pour lui, c’est quand il a joui dans la bouche de Lizarazu. Vers la 35e minute. Puis la 55e. Puis la 70e aussi…
.Sanchez (5): Il a deux grosses occasions, il n’en met pas une. De sa belle Russie, Eto’o se marre.
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