Portrait de couple : The Secret life of Words, Sarah Polley et Tim Robbins

Par Memoiredeurope @echternach

Le film date de 2006. Je suis heureux de l’avoir découvert ce soir sur Arte. Je me souviens, un peu trop mélo peut-être, d’un autre film d’Isabel Coixet « Ma vie sans moi » et d’une actrice surprenante : Sarah Polley qui apprenait à organiser sa vie, ou plutôt la vie de sa famille, après sa mort.

Surprenante une fois encore, en compagnie d’un Tim Robbins qui lui rend la réplique, la même Sarah polley. Un autre mélo bien sûr, mais auquel on a envie de croire. Une rencontre fortuite. Une somme de blessures à partager, à additionner, pour sans doute mieux les soustraire. Il aurait pu s’agir de l’Holocauste et d’un meurtre, d’une déportée et d’un meurtrier. C’est tout comme. Il s’agit pourtant de bien plus que cela ; de la guerre en Yougoslavie et d’un accident sur une plateforme pétrolière. Un accident qui repose sur une trahison. Une guerre dans laquelle la purification se fonde sur le viol. On comprend bien que les mémoires doivent se vider.

L’un parle trop, l’autre ne dit rien. Alors les odeurs deviennent importantes, comme les frôlements. L’une est responsable, elle en a besoin, mais comme une mécanique parfaite qui accomplit son devoir. Dans le monde où elle s’est réfugiée, réinsérée, elle ferme régulièrement les écoutilles. Devenue sourde, au sens propre, comme au sens figuré, son appareil audio est comme une vanne.

Elle devient responsable d’un corps brulé. Elle en a vu d’autres. Elle en a lavés d’autres et de plus meurtris. Il parle trop, pour ne rien dire, jusqu’au moment où il parlera moins, pour dire plus. La lumière les baigne parcimonieusement, mais l’eau de mer, l’humidité salée est partout. Et un son régulier qui vient de la mer et un autre son régulier qui vient des machines.

Ils en sortiront. Il y a des livres. Il y a des musiques. Il y a des rires stupides et des chansons qui se marient avec la cuisine. Il y a quelques êtres, autour qui ne voudraient pas juger, ou plutôt, qui ne voudraient pas savoir.

Il y a aussi les « Lettres d’une religieuse portugaise ». Seul le titre s’insinue entre eux. Un livre offert par mégarde. Un livre pour des survivants et pour ceux, restés au loin, qui attendent.

Ils auraient pu lire les Lettres à haute voix, parce que les mots, le secret des mots est un pansement efficace.

« Pourquoi exercez-vous tant de rigueurs sur mon cœur, qui est à vous ? Je vois bien que vous êtes aussi facile à vous laisser persuader contre moi, que je l’ai été à me laisser persuader en votre faveur ; j’aurais résisté, sans avoir besoin de tout mon amour, et sans m’apercevoir  que j’eusse rien fait d’extraordinaire, à de plus grandes raisons, que ne peuvent être celles qui vous ont obligé à me quitter : elles m’eussent paru bien faibles et il n’y en a point, qui eussent jamais pu m’arracher d’auprès de vous : mais vous avez voulu profiter des prétextes, que vous avez trouvés de retourner en France ; un vaisseau partait, que ne laissiez-vous partir ? »

Retrouver les plus belles lettres d’amour du XVIIe siècle, les plus belles lettres de tous les temps, pour combattre la surdité des sentiments.