Après m’être astreint lundi 11 juin à regarder l’intervention de notre Président au Grand Journal de Canal+, j’ai recherché dans son enregistrement quelques passages qui me semblaient mériter des commentaires. J’ai ainsi trouvé matière à des billets dont voici le quatrième. Avec quelle habileté cet homme parvient à énoncer, à foison, approximations et contre-vérités, sans soulever les contestations qu’elles méritent !
Etonné des arrestations d’islamistes présumés, opérées suite aux massacres de Mohamed Merah, on faisait remarquer à Nicolas Sarkozy qu’il eut été plus judicieux d’intervenir plus tôt. Voici sa réponse : « Mais alors regardez comme c’est curieux, y’a eu toute une polémique en disant que la police et nous n’avions pas fait notre devoir, qu’on aurait dû arrêter ce Monsieur Merah avant, comme si on savait qu’il allait faire ça et puis voilà qu’après on nous dit : non, vous faites trop, vous n’auriez pas dû ». Il revient ainsi à une des formules préférées de son prédécesseur, « pas de polémique », avancée faute d’arguments. En réalité, la polémique est, en démocratie, un outil utile pour évaluer l’opportunité d’une décision.
Après s’en être pris à Jospin et Mitterrand qui avaient reconnu la difficulté qu’il pouvait y avoir à régler certains problèmes, le noble Sarkozy déclare : « Malgré la volonté politique qui est la mienne, il y a des souffrances auxquelles vous ne pouvez pas répondre. Malgré toute ma volonté, vous ne pouvez rendre à des parents la vie à un soldat qui est mort, dont vous, vous avez fixé la mission, ou quand une usine ferme, parfois j’ai essayé, que les gens sont désespérés, ça ne marche pas à tous les coups ». Tiens, tiens, même lui, le président si protecteur ne parvient pas à empêcher les fermetures d’usine ?
Quant à sa responsabilité dans la mort de soldats, son rôle de chef des armées ne lui donne aucunement le droit d’envoyer des troupes hors de France. C’est notre Parlement qui détient ce droit. Respecter la Constitution aurait évité à notre roi ces troubles de conscience.
Interrogé ensuite sur son absence dans les banlieues : « Aujourd’hui, vous êtes allé à Drancy […] en banlieue, vous n’y êtes pas beaucoup allé en cinq ans », il répond sans ciller : « J’étais à Meaux, il y a quinze jours, à Valenciennes il y a dix jours mais bon […] ». Comme on lui rétorque : « Mais, avant, pendant votre quinquennat, pendant votre mandat […] ? », il esquive en disant : « Je ne pense pas que mon rôle c’était d’arpenter les trottoirs de banlieue ». Personne ne lui a parlé des quinze derniers jours où il s'est baladé pour soutenir ses compères Copé et Borlo mais plutôt des cinq années passées sans qu’il retourne sur la dalle d’Aubervilliers comme il s’y était engagé. Ce n’est pas davantage son rôle que d’arpenter la France, avec force avions, policiers et claques UMP dûment encadrées.