Ceci est un « guest post » par Anthony BESSON du blog « Mais où est-ce qu’on va? » 2 sympathiques Français en vadrouille quelque part en Asie, dites vous que si votre vie est sans aventure ces deux-là en ont un doublement rempli pour vous divertir ou vous donner l’envie de faire pareil. Je leur ai donné carte blanche pour me parler du Myamar ou la Birmanie, car Getlost n’est pas encore allé couvrir ce pays fascinant qui commence tranquillement à s’ouvrir sur le monde.
La Birmanie fait partie de ces pays qui fascinent. Il n’est pas de ces destinations « exotiques » que l’industrie du tourisme a rendues confortables pour les voyageurs venant de pays à riche PIB… du moins peut-être pas encore. Car la Birmanie, ou devrions-nous plutôt dire le Myanmar, est un pays fermé du monde depuis le début des années 60. Ajoutez à cela un embargo qui est allé grandissant depuis la fin des années 80 suite aux exactions de la junte militaire au pouvoir. La Birmanie reste donc un pays « obscur » dont on ne connaît pas grand-chose et qui suscite donc de la curiosité pour le touriste lambda. Mais ces dernières années ont vu le pays s’ouvrir de plus en plus au tourisme et la destination devenir en quelque sorte « tendance »! Voilà pour le décor…
UN VOYAGE DANS LE PASSÉ
Voyager en Birmanie, c’est donc s’attendre à faire en quelque sorte un saut dans le temps. Arrivé à Rangoun, la moquette 70′s sentant la cigarette du très petit aéroport de la capitale ne laisse aucun doute là dessus… surtout lorsque vous venez de Bangkok. La différence est flagrante. Prendre un taxi ne pose pas de problème et vous voilà embarqué pour une heure de trajet direction le sud de Rangoun. Vous vous laissez alors immerger par les premières images du pays : les tenues traditionnelles
des Birmans (notamment les fameuses longji que tous les hommes portent), les premièrespagodes en or, les marchands et les téléphones de rues… En effet, le mobile est quasiment absent au Myanmar pour une raison simple : les cartes SIM sont restreintes pas la junte qui les vend US $700 l’unité. On téléphone donc sur le trottoir en Birmanie!
LA BIRMANIE, C’EST L’AVENTURE, CHANGER SON ARGENT NE LE FAITES PAS AU MARCHÉ NOIR!
Ne serait-ce que pour changer ses billets? En effet, même si les ATM pointent le bout de leur nez, la seule façon d’obtenir des kiats (la monnaie locale) est de les échanger sur place contre des dollars US. La plupart des guides recommandent le marché noir, dans la rue ou au marché, car le taux est meilleur qu’à la banque : ne les écoutez pas !!! Les choses ont récemment changé en Birmanie et vous obtenez de très bons taux à la banque (US$1 = 815 khiats en mars 2012). De plus en changeant au marché noir, vous avez 100 % de chances de vous faire arnaquer. Nous nous sommes fait voler 400US$ et nous avons rencontrés plusieurs voyageurs à qui s’est arrivé. Il semble que le business des tours de passe-passe dans la rue soit en pleine expansion face à l’afflux de touristes, donc un conseil, évitez! Tous ceux qu’on a rencontré qui l’ont fait se sont fait voler au moins US$150. Allez à la banque, ou changez avec votre hôtel. Les meilleurs taux sont à Rangoun ou à Mandalay, bref dans les grandes villes.
VOS DOLLARS DOIVENT ÊTRE EN PARFAIT ÉTAT!
Gardez quand même quelques dollars : ils servent à payer les chambres d’hôtel et les permis qu’on vous demande à l’entrée notamment des villes de Bagan et d’Inle Lake, deux sites touristiques majeurs. Vos dollars doivent être en parfait état (pas de tâche, de signes d’écritures, pas de signes de pliures, ni de bouts cornés) et datés de moins de 10 ans. Plusieurs fois les hôtels ont refusé nos billets à cause d’une pliure ou d’une très légère tache d’encre sur la tranche. Toutefois, on arrive toujours à les refourguer, notamment lorsqu’on l’on doit payer les permis.
INFLATION DES PRIX : NE VOUS FIEZ PAS À VOTRE GUIDE!
Entre les informations de notre guide qui datait de 2008, les prix des hôtels étaient multipliés par 3. Dans certaines villes, notamment Bagan, les prix ont monté de 50 % pour certains hôtels ces 6 derniers mois. La raison est simple, il y a peu d’hôtels, le nombre de touristes augmente et la construction de nouveaux hôtels requiert des licences fournies par le gouvernement. En général, comptez entre US$15 et US$20 pour une chambre double. Le petit-déj’ est compris dans tous les hôtels en Birmanie.
QU’EST-CE QU’IL Y A VOIR EN BIRMANIE?
Comme beaucoup de pays d’Asie, des temples, ou plutôt des « pagodes » comme ils les appellent là bas. Toujours quasiment en or, elles forment des édifices comme des pyramides arrondies toutes plus grandes et plus majestueuses les unes que les autres. Il y en a vraiment partout. Rappelons que les Birmans sont à plus de 90 % bouddhistes (bouddhisme theravada). Sinon, Inle Lake fait partie des destinations incontournables : vous y découvrirez une ville sur l’eau du lac et la fameuse façon de ramer des habitants qui rament …avec leurs pieds! À ne pas manque non plus : Bagan avec ses 4000 temples est un site archéologique incroyable. Pour le reste, c’est selon vos envies. On recommande cela dit la descente en bateau sur le fleuve Ayeyarwaddy qui coule de Mandalay jusqu’à Rangoun, le voyage dure plusieurs jours et vous dormez sur le pont, mais vous avez tout le temps d’apprécier le paysage et les magnifiques couchers de soleil sur la rivière.
LA LÉGENDAIRE GENTILLESSE DES BIRMANS N’EST PAS UN MYTHE!
On n’avait retenu qu’une seule chose des témoignages des voyageurs rencontrés en Asie qui avaient fait un stop par la Birmanie : les Birmans sont des gens d’une gentillesse désarmante. C’est d’ailleurs ce qui pousse nombre de voyageurs à aller faire un tour là-bas. Et c’est vrai, on a fait quelques rencontres fantastiques avec des Birmans qui voulaient nous faire découvrir leur pays. Leur générosité est immense : ils voulaient nous inviter à tous les repas, payer pour nos taxis et même plusieurs fois des commerçants ont refusé que l’on paye… Mais le vrai cadeau qu’ils nous font est ce sourire plein de respect qui anime leur visage et le temps qu’ils nous donnent dans le seul but de partager. Alors attention, si vous allez à Bagan ou à Inle Lake notamment, vous retrouverez des rapports humains «marchands» comme dans n’importe quel site touristique. Mais si vous creusez un peu dans l’arrière-pays, vous aurez peut-être la chance de vous faire des vrais amis birmans.
À QUAND LA FIN DE LA JUNTE?
Enfin difficile de parler de la Birmanie en faisant l’impasse sur la politique. La junte militaire qui est au pouvoir depuis 1962 compte 400 000 hommes pour 40 % du budget de l’État. Les bénéfices des ressources gigantesques du pays en gaz ou en minerai sont quasiment exclusivement réservés à la junte. À côté de cela, chaque mouvement démocratique depuis les débuts de la junte est sévèrement réprimé, faisant plusieurs centaines voire des milliers de morts. Les dernières exactions ont visé les moines en 2007 quand ceux-ci manifestaient pacifiquement en faveur d’Aung San Suu Kyi. La junte a également tristement illustré son incompétence quand en 2008 suite au cyclone Nargis qui a ravagé le pays, elle a refusé l’aide internationale par orgueil : le cyclone et l’absence de secours international auront tué 138 000 Birmans!
Les récentes élections du 1er avril 2012 ouvrent une lueur d’espoir, même si ce ne sont que des élections partielles et qu’Aung San Suu Kyi a réussi à remporter un siège de député. Le vrai test politique pour les Birmans est prévu en 2015 où les élections législatives concerneront tout le parlement. Espérons que la junte ouvrira le Myanmar à la démocratie très bientôt et partagera enfin les richesses du pays avec le peuple birman.
Mais la situation politique ne doit vous refroidir d’y aller. Au contraire, c’est en y allant que vous vous ferez votre idée et que vous pourrez partager votre sentiment. La Birmanie est un pays magique qui a beaucoup à offrir et les Birmans méritent vraiment que vous rencontriez leur culture. Nous on a adoré! Alors, vous partez quand au Myanmar ?