« Books » et la question électorale

Publié le 18 avril 2012 par Wtfru @romain_wtfru

Aujourd’hui, nous ne parlerons pas de littérature à proprement parler mais plutôt de magazine littéraire. On dit souvent qu’un lecteur n’est érudit que lorsqu’il lit en prenant conscience du monde qui l’entoure. C’est le pari que prends le magazine « Books » depuis un peu plus de 2 ans. D’abord trimestriel, puis mensuel, le magazine s’est très vite imposé  avec son slogan qui sonne comme une évidence : « L’actualité par les livres du monde ».

Plus accessible que « Le Magazine Littéraire » et tout de même plus élevé que « Lire », « Books » a trouvé sa place dans le monde du journalisme spécialisé. Ce qui dénote du reste des magazines littéraires est sa volonté de proposer des dossiers originaux et en rapport avec l’actualité et la société en général pour leurs numéros spéciaux. En novembre 2011, « Books » proposait ainsi un numéro consacré à la « Russie, État-Mafia », alors que le numéro spécial de Noël nous parlait du « Pouvoir du SeXe »Toujours dans une optique d’actualité aux travers des livres, le magazine nous permet de nous pencher sur les meilleures ventes de certains pays,mettant en lumière à raison de courts articles les raisons de tels succès, parfois plus complexes qu’un « Comprendre facilement – la vérité sur les radiations », n°1 des ventes au Japon depuis près d’un an.Dans le même temps, « Books » accueille de nombreux écrivains et journalistes prestigieux chaque mois et consacre un grand portrait sur un écrivain faisant l’actualité. « Books » a pour volonté de permettre à des publics variés d’apprécier le magazine. Ainsi, les livres peuvent uniquement servir de base ou de référence pour parler de problèmes économiques, philosophique, culturel…Grands ou petits lecteurs peuvent feuilleter ce magazine, et en ressentir le même plaisir. « Books » tente de faire rentrer la littérature dans notre société du XXIème siècle, et ce n’est pas trop tôt.

Si on a choisit de vous en parler cette semaine, c’est pour une raison très simple : le dossier du numéro d’avril. Dans cette over-médiatisation de la campagne présidentielle, devant cette abondance de « JT évènement », d »émission spéciale présidentielle« , de magazine « dans l’intimité du candidat », de biographie « scandaleuse« , il est difficile de respirer et se poser des vrais questions sur ces élections. 
C’est certainement après ce constat que la rédaction de « Books » a choisit comme dossier d’avril 2012 une question qu’on ne se pose presque jamais : « Pourquoi voter ? »
Aux travers de six articles provenant de quotidien et magazines du monde entier, « Books » tente de remettre en question le caractère sacré du vote, qui serait pour beaucoup la véritable expression de la démocratie.
Ainsi, un article du « New Yorker », titrant « La démocratie malade de ses électeurs », et développant la théorie de Bryan Caplan dans son dernier ouvrage, nous apprends que : 
« L’ignorance des citoyens fait le jeu des groupes de pression et des ambitions politicienne. Mais, au-delà de ces observations classiques, il faut souligner l’irrationalité de l’électeur, dont le vote est d’abord dicté par ses préjugés. » 

De même, on apprends, dans un article du magazine « Brain », s’appuyant sur un ouvrage de Drew Westen, que les neurosciences commencent à s’intéresser aux comportements politiques, ils parlent de plus en plus d’un « cerveau politique » et du rôle de l’émotion quand il s’agit de décider de l’avenir politique. On ressort plutôt secoué et intrigué de ce dossier, sans savoir toujours pour qui voter mais en se demandant réellement la source de nos préférences politiques.

Ce mois-ci, on apprécie plusieurs autres articles comme le réaliste « Mais Houellebecq est-il romancier ? », mettant en évidence le fait que l’écrivain est pris très au sérieux dans le monde anglo-saxon, non pas comme romancier mais comme maître à penser du monde actuel. En somme, l’inverse de ce qu’en pense la majorité du public francophone.
On vous conseille également l’excellent entretien réalisé avec Antonio Muñoz Molina, qui vient de publié le non moins excellent « Dans la grande nuit des temps » évoquant la minuscule place que tient la vie des hommes face à l’Histoire. De même, il est intéressant de se plonger dans « L’invention de la vie nocturne », article traitant de l’essor des fêtes de l’aristocratie, des cafés puis de l’éclairage urbain donnant tout un autre sens à la nuit, ou comme titre « Books » :« Les lumières avant les Lumières »
Chez WTFRU, on aime énormément ce magazine, et chaque page est un plaisir. Vous n’êtes pas un féru de littérature ? On vous conseille néanmoins d’y jeter un coup d’oeil, car, et même si ça ne semble pas évident maintenant, vous ressortirez en ayant plus appris d’un numéro de « Books » que d’un hors-série spécial du « Point ».