On est loin de la très étique croissance de 1% que le FMI promet à l'Europe…
Il est probable que les autres groupes de luxe feront de même. Ce qui est un peu paradoxal dans une période de crise mais s'explique.
L'industrie du luxe sait, d'abord, innover, se créer de nouveaux marchés. L'horlogerie en est un bel exemple. En quelques années, les firmes spécialisées dans le luxe ont su inventer le marché : celui de la montre pour homme, avec des produits qui valent plusieurs dizaines de milliers d'€, comme cette montre, cadeau de Carla Bruni, dit-on, que Nicolas Sarkozy s'est presque fait voler place de la Concorde dimanche dernier.
L'industrie du luxe a également réussi son internationalisation. La Chine, l'Inde, les pays émergents et leurs nouveaux millionnaires et milliardaires sont des terres de conquête idéales.
Elle a encore su se rendre accessible à tous. Un rouge à lèvres Chanel est un produit de luxe que n'importe quelle employée peut s'offrir les jours de déprime. Même chose, à d'autres niveaux, pour la maroquinerie, les montres… L'idée que le luxe est inaccessible n'est qu'un fantasme. Chacun ou presque a, dans nos sociétés démocratiques, la possibilité de s'offrir un produit de luxe.
Ce succès du luxe est plutôt un atout pour la France puisque nous sommes un des leaders mondiaux sur un marché qui se méfie encore des délocalisations. Reste à savoir si c'est une bonne chose pour l'économie. Je serais assez tenté de penser que plus le chiffre d'affaire des sociétés qui vendent des produits de luxe inaccessibles (genre Rolls Royce, Ferrari ou constructeurs de yachts) progresse plus l'économie va mal : leurs succès veulent, en effet, probablement dire que les plus riches (ceux qui peuvent s'offrir ces véhicules aux prix exorbitants) ont si peu confiance dans l'avenir qu'ils préfèrent consommer tout de suite qu'investir. Du temps de Salazar, Lisbonne était la ville d'Europe où l'on croisait le plus de Rolls-Royce, ce n'était certainement pas la capitale du pays le plus florissant.