Le 15 avril, eut lieu la Journée mondiale de l’art en Suède avec un vernissage axé contre les mutilations génitales. Un jeune artiste Makode Aj Linde a représenté un gâteau en forme de corps de femme noire. Il s’était grimé en caricature de noir et pleurait à chaque fois qu’on découpait un part du gâteau, de couleur sang. Vous avez ici plus de détails sur l’affaire.
A chaud, cette affaire m’a évidemment scandalisée mais je préférerais tout de même attendre une réaction de l’artiste pour qu’il nous explique le but de sa démarche. Ici il s’exprime mais cela n’est pas très clair. A une ou deux traductions automatiques que j’ai faites d’articles suédois, je crois qu’il a voulu montrer la vision caricaturale que les occidentaux ont de l’Afrique – entre cannibalisme et excision. Il n’en demeure pas moins, à mon avis, que si nous occidentaux avons tendance à voir l’excision de manière caricaturale, elle n’en demeure pas moins une réalité pour des millions de femmes africaines. Il me semble qu’il atteint davantage les africains ici que les occidentaux.
Mais ce n’est au fond pas sur cela que je voulais réagir.
Un twitto – noir américain – a demandé si cela changeait quelque chose que l’artiste soit « africain ». Je sais qu’aux Etats-Unis, on parle d’afro-américains pour désigner la population noire américaine mais je me suis quand même permis de faire remarquer que l’artiste était un homme noir suédois mais que je ne voyais pas en quoi il était africain. Visiblement on parle aussi en Suède de population afro-suédoise.
C’est une expression que nous n’employons pas du tout en France. Notre modèle est en effet plus assimiliationiste que communautariste même si pour beaucoup de gens, un français reste avant tout un blanc. J’ai été surprise, je l’avoue, qu’on considère qu’un homme noir soit africain alors qu’il n’a peut-être jamais mis un pied en Afrique. Etait ce une façon de dire qu’il est métis ? Précisons que personne ne connaissait cet article avant hier et que le twitto ne prononçait pas le mot « africain » en ayant une connaissance étendue de sa biographie et de sa vie.
Je suis étonnée que l’humain noir – car c’est bien de lui qu’il s’agit – soit sans cesse ramené à ce qui serait sa terre originelle. Je peux le comprendre pour comprendre l’histoire du peuple africain evidemment. En France notre modèle tend à faire des immigrés des pages blanches sans passé. Mais il me semble que lier perpétuellement une couleur de peau à un continent nuit, clairement, à l’intégration des noirs en les considérant comme avant des êtres d’ailleurs.