Rien ne fera vaciller l’amour infini qui lie Michael à sa femme, Aung San Suu Kyi, pas même la séparation, l’absence, l’isolement et l’inhumanité d’une junte politique toujours en place en Birmanie. Ou l’histoire d’une femme devenue l’un des symboles contemporains de la lutte pour la démocratie.
"The Lady" de Luc Besson
Avec : Michelle Yeoh, David Thewlis Sortie le 18 avril 2012 Distribué par Europacorp Durée : 127 minutes Nombre de : 1 Film classé : Tous publics Le film : Les bonus : |
Elle est revenue sur le devant de l’actualité, et cette fois, c’est peut-être la bonne. Durant toute sa vie, Aung San Suu Kyi, aura combattu pour la liberté. La sienne (pendant près de quinze ans, elle a été assignée à résidence), et surtout celle de son peuple, qui l’a toujours soutenue, malgré les privations, la répression et la mort.
Toute cette vie en raccourcie, Luc Besson la reprend à son compte pour en faire une épopée héroïque à la hauteur de la personnalité de cette femme extraordinaire. Sur un style narratif, assez démonstratif et parfois didactique, le réalisateur français, prend le spectateur à témoin d’une réalité que la fiction édulcore, peut-être, mais qui s’inscrit parfaitement dans un contexte politique toujours très prégnant.
A plusieurs reprises, le mari anglais et les deux enfants de Aung San Suu Kyi seront privés de visas. Elle sera séparée de sa famille pendant des années.
Son engagement et sa vie privée n’allaient pas l’un sans l’autre. Mais un jour le dictat des militaires la conduit à choisir, la mort dans l’âme, d’abandonner ses proches.
Jusqu’alors merveilleuse dans le rôle-titre Michelle Yeoh , atteint dans cette scène déchirante, le sublime. La ressemblance étonnante avec la véritable Aung San Suu Kyi, ne suffit pas à éblouir un talent qui se fond dans l’Histoire. Elle est l’incarnation même de la femme birmane, et son alter ego, David Thewlis , lui donne la réplique avec une aisance comparable.
Et là où Besson frappe fort, c’est en s’appuyant sur ce professeur d’Histoire, pour dresser me semble-t-il au plus juste le portrait d’une femme d’exception. On frise au final le pathos, mais une fois encore, la réalité reprend le dessus : arrestations, fusillades et atrocités innommables. La Birmanie n’en finit pas d’avoir peur.
LES BONUS
- Le making of (30 mn)
Luc Besson au cœur de son tournage , avec des préparatifs notamment en Birmanie : « Alors que la police nous surveillait , elle pensait que je prenais des photos ». En réalité le cinéaste à l’aide d’un appareil photo nouveau genre filmait sans arrêt. Résultat : 15 heures de rushes bien utiles pour le tournage qui se fera en Thaïlande, sécurité oblige.
Il faudra six mois de travail linguistique à Michelle Yeoh pour acquérir le verbe birman pour un rôle « qui ne se présentera pas tous les jours. Et pour ce que Aung San Suu Kyi représente dans son pays et dans le monde entier, c’était accepter une très grande responsabilité ».
Luc Besson qui mettra trois mois avant de réussir à faire passer un message à l’héroïne emprisonnée dans sa maison, explique comment il a recomposé la propriété, à partir de Google Earth. En ne voulant pas trahir le combat de la femme birmane, il admet que « ce que je montre est soft, que ça baigne là-bas encore dans le sang. Mais à partir de cette base, on peut alors imaginer la réalité ».
- Happy Word, Birmanie : la dictature de l’absurde, de Gaël Bordier (20 mn)
Un extraordinaire documentaire sur la situation actuelle du pays. Il se divise en plusieurs petits chapitres et nous montre l’absurdité d’un système qui s’offre une autoroute très privée, envoie sa jeunesse étudier à des kilomètres du centre de la capitale (les dictateurs n’aiment pas les jeunes) ou interdit de recevoir quelqu’un à son domicile, sans l’autorisation d’un comité de quartier. C’est hallucinant : à voir et à revoir.
En bref
Le film
C’est un film narratif à la Besson, qui mêle au spectacle du cinéma une réalité politique. Le réalisateur appuie là où ça fait mal sans en faire un film militant ou revendicatif. La mise en scène est assez habile pour éviter l’écueil et l’interprétation de Michelle Yeoh, (ressemblance troublante) d’une incroyable intensité. Un portrait tout en nuance, et ... en famille .
Les bonus
Un making of conséquent et surtout un documentaire plus ou moins volé sur place en Birmanie, où l’on découvre un monde complètement fou : deux bonus indispensables.