Le rituel était, comme à chaque fois, bien en place : les musiciens sont entrés sur scène (la disposition des instruments change à chaque fois), et la voix de François Godard nous est parvenue. Le récit a toujours un ton différent. Il est fondé ici sur des carnets que des anciens d’Algérie lui ont ouverts, des témoignages recueillis et restitués, qu’ils aient été écrits ou qu'ils aient été dits parce qu’on ne pouvait pas écrire l’insupportable.
Et que l’histoire fasse intrusion dans la famille Desroses me renvoie à ma propre existence. La guerre 14-18 qu’ont connue mes grands-parents, le Front Populaire et la naissance de ma sœur aînée, la guerre d’Espagne, dont je n’ai aucun témoignage direct, la guerre 39-45 qui s’est achevée trois ans avant ma naissance, la guerre d’Algérie dont j’ai de vagues souvenirs liés à ma vie de pensionnaire d’alors et dont quelques appelés que j’ai connus plus tard ne m’ont rien dit. Cette histoire laisse cependant ses traces et le récit qu’en fait François Godard se cristallise ici dans la rencontre improbable de Joseph et de son père, où tout le XXe siècle fait irruption avec son cortège d’atrocités et d’espoirs, de questions et de luttes.
La saison prochaine, nous avons rendez-vous avec Rosa 1975.
En cliquant sur l'affiche ci-dessus, vous aurez un aperçu du cycle et pourrez suivre un entretien avec François Godard.