Pol © La Boîte à bulles - 2012
Maître Corbeau sur un pylône perché
Épiait les humains de passages
Mais Maître Corbeau sous ses airs détachés
Pensait au passé et à tous ses ravages
A l’instar du visuel de couverture, il n’y a guère plus de quatre personnages pour peupler ce conte animalier : un corbeau –maitre de cérémonie-, une vieille ermite, un loubard et un cerf. Les autres font partie du décor.
Lorsque j’avais lu les planches en ligne sur le site de l’éditeur, j’étais sceptique à l’idée de pouvoir apprécier. Pourtant, dès le moment où j’ai débuté la lecture, j’ai entendu la voix grave et rocailleuse de ce corbeau-là. Amusée, j’ai observé sa technique de chasse : du haut de son pylône électrique, l’air de rien… il veille au grain. Il suffit d’un hérisson, d’une voiture et d’un peu de chance… « Scrunch ! », le tour est joué… il n’y a plus qu’à déguster « Ouais ! ».
Cet animal est cynique, désabusé. Jamais il n’approche les hommes à moins de 20 mètres, trop méfiant, bien trop expérimenté… c’est qu’il en a vu des copains qui sont passés de vie à trépas suite à un “Pan !” fracassant. Mais voilà qu’un jour, un homme s’arrête sur son territoire. Pendant qu’il urine, il interpelle notre corbeau et le prend à partie. Notre corbeau n’avait pas besoin de cela pour ressasser les souvenirs d’un amour perdu et d’un secret qui semble bien lourd à porter.
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Pol © La Comédie illustrée - 2004
En 2004, c’est la publication de la première version du Chant du corbeau chez La comédie illustrée. Un ouvrage en noir et blanc avec, en visuel de couverture, l’image d’un oiseau qui s’envole vers un ciel rouge sang et laissant déjà supposer les penchants carnassiers de l’animal.
La seule chose qui nous ait jamais intéressés venant des humains, mes frères et sœurs corbeaux et moi, c’est le garde-manger qu’ils se chargent involontairement de nous fournir d’année en année… et cela depuis des siècles !
Plus tard, en 2006, débute la collaboration entre Jean-Christophe Pol et La Boîte à bulles. Cette année-là marquait la sortie de Du Rififi chez les clébards. En 2008, il y publie La maison dans les blés et réédite cette année une version en couleurs du Chant du corbeau.
Superbe récit imaginé par le scénariste qui met en scène un personnage assez ingrat en apparence. Pourtant, on oublie vite nos aprioris puisque cette créature ne nous est finalement pas si étrangère que ça dans sa façon de penser. Très vite, le vague à l’âme du corbeau teinte la narration d’une touche poétique et donne une profondeur à ses propos et à ses confidences.
Notre corbeau est tantôt prolixe tantôt silencieux, on évolue dans un univers rythmé par ses bouffées nostalgiques et les événements loufoques : la survenue d’un humain, la cavale d’un cerf, l’affection qu’une petite vieille lui témoigne… Ces situations malmènent notre corbeau qui s’empêtre dans ses souvenirs et les émotions qui le submergent. C’est sûr, cet oiseau-là a quelque chose à se reprocher… le suspens sera ménagé jusqu’au dénouement de l’album.
Au terme des 58 pages du récit, j’ai refermé l’album… mais les propos de corbeau ont tourné longtemps dans ma tête. Une réflexion sur la nature humaine, sur l’intégrité, la cruauté, la vengeance, la culpabilité, l’amour… c’est tout ce à quoi ont réfléchit pendant et après lecture, sans compter le douloureux travail d’acceptation de soi engagé par le corbeau. Les couleurs de Vallade accompagnent la réflexion et aident au voyage.
Une lecture que je partage avec Mango et les lecteurs BD du mercredi
Plus qu’une complainte amoureuse, cet album pose un regard satirique sur la nature humaine.
La chronique de David.
Extrait :
« Les humains me paraissent dégoutants… pas clairs… pas justes » (Le chant du corbeau).
Le Chant du corbeau
Catégorie Sport/Loisir
One Shot
Éditeur : La Boite à Bulles
Collection : Champ livre
Dessinateur / Scénariste : Jean-Christophe POL
Dépôt légal : avril 2012
ISBN : 978-2-84953-142-6
Bulles bulles bulles…
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