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Election présidentielle française: pas de remise en cause de l'Etat-Providence

Publié le 17 avril 2012 par Francisrichard @francisrichard

presidentielle-2012.jpgAlors que l'une des causes du déclin économique français se trouve être son modèle social qui ne permet plus aux entreprises françaises d'être compétitives sur le marché mondial, aucun des candidats à l'élection présidentielle ne parle de le remettre en cause, ne serait-ce que partiellement. Le chiffrage des mesures des uns et des autres est éloquent.

Selon leurs propres chiffres, les mesures envisagées par Jean-Luc Mélenchon porteraient les prélèvements libératoires de 43,8% du PIB en 2011 à 51,8% dans cinq ans, celles de François Hollande à 46,6%, celles de Nicolas Sarkozy à 46,2%, celles de Marine Le Pen à 45,3% et celles de François Bayrou à 44,3%. Tous étatistes en quelque sorte et fiers de l'être. Et tous plus ou moins protectionnistes.

Pourquoi un tel aveuglement? Par clientélisme. Il y a aujourd'hui plus de personnes qui profitent du modèle social français que de personnes qui l'alimentent. Autant dire que ce n'est pas demain la veille qu'un quelconque candidat à l'élection présidentielle ou à une élection législative prendra le risque d'y toucher. Il y va de son élection ou de sa réélection...

Cela dit, l'histoire montre qu'il est un moment où la remise en cause se fait d'elle-même.

Dans son étude publiée par l'Institut Constant de Rebecque la semaine dernière ici, Thierry Afschrift évoque la sécurité sociale romaine instituée par Caius Gracchus en l'an 123 avant Jésus-Christ. Il se base essentiellement sur un chapitre du livre de Philippe Simonnot, Vingt et un siècles d'économie.

Ce chapitre est en fait consacré au premier siècle de notre ère et au règne d'Auguste en particulier. Philippe Simonnot rappelle ce que Caius Gracchus avait institué:

"Pour Caius Gracchus [...] il était normal que le peuple profitât du Trésor public. En fait, l'ébauche d'Etat providence qu'il institua en 123 était limitée à la vente mensuelle de blé à bon marché à des citoyens de Rome."

Une fois établie, cette institution était d'autant plus difficile à abolir que les ventes à bon marché étaient devenues bien souvent des distributions gratuites. Jules César ne réussit qu'à en réduire le nombre de bénéficiaires - les citoyens romains mâles - de 320'000 à 150'000. Quant à Auguste il ne parvint à en limiter le nombre qu'à 200'000, soit tout de même 50'000 de plus que son père adoptif.

Suétone rapporte ce passage de l'empereur romain dans son journal:

"J'eus la pensée de supprimer pour toujours les distributions de blé, parce que le peuple, comptant sur elles, abandonnait la culture de la terre; mais je ne mis pas mon projet à exécution, persuadé qu'elles seraient un jour ou l'autre rétablies par désir de la faveur populaire."

C'était déjà le dogme des avantages acquis, socle d'argile du modèle social français.

Auguste alimentait également de ses propres deniers l'Etat-Providence ainsi ébauché, financé autrement par les peuples vaincus. Sur une population romaine d'un million d'habitants, 600'000 à 700'000 personnes, femmes et enfants compris, bénéficiaient de ces distributions de blé gratuites ou à bas prix, soit la quasi totalité des citoyens romains, puisqu'il y avait à Rome 30% d'esclaves et de métèques...

Comme le note Thierry Afschrift, on n'en resta pas aux distributions de blé:

"Après le pain il fallut l'huile, puis d'autres services, que nous appellerions aujourd'hui des "services publics", et qui, là aussi, étaient réputés être "gratuits". Or, aucun service n'est jamais gratuit: le coût de ceux qui sont qualifiés tels est simplement supporté par d'autres que leurs utilisateurs."

Comment cet Etat-Providence s'effondra-t-il? Quand les ressources s'avérèrent insuffisantes pour continuer d'acheter la clientèle:

"Le pouvoir ne disparaît, comme ce fut le cas lors de la décadence de l’Empire romain, que lorsque ce qu’il est possible de prélever sur les dominés ne suffit plus à apaiser les demandes des "clients" assistés du pouvoir."

Il en sera de même en France. Dieu sait quand... 

Francis Richard  


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