Pour l’Europe, l’élection française est un moment important. La 2nde économie de la zone Euro doit donner l’exemple du sérieux budgétaire, sinon le poids de son sauvetage dépasserait les capacités des seuls allemands, derniers à disposer de marges de manoeuvre. On serait alors dans l’inconnu. L’aide du FMI à la BCE dépendrait de la bonne volonté des USA, qui devrait être négociée ce qui prendra du temps. A moins que la Chine et l’ Asie etc… Tout cela relèverait du monde virtuel et de la diplomatie dont l’investisseur ne peut rien connaitre.
Dans le concret, la victoire du candidat socialiste semble jouée par les marchés. Ils peuvent se tromper, comme souvent. En 1978 ils pariaient sur la victoire de la gauche, en 1981 sur celle de la droite, et de la gauche à nouveau en 2002. En bourse, la reprise de ces derniers jours semble due à des rachats gagnants de positions vendeuses constituées vers 3400 sur le CAC. Techniquement, cela veut dire qu’il y a de nouveau de la place pour baisser si la gauche gagne: le marché ne l’ a pas encore joué.
La victoire de la droite en France serait probablement d’effet nul car le marché n’est pas survendu donc n’aura pas à se racheter; et puis, elle ne changerait rien à la politique économique actuelle de retour à l’équilibre budgétaire.
Rien à gagner, et beaucoup à perdre si les étrangers réagissent mal à une victoire socialiste grâce à l’aide de communistes réactionnaires: la sagesse consiste donc à rester en position neutre jusqu’au lundi 7/05.
Plus fondamentalement, l’allure des indices européens est négative. depuis le début de l’ année, seul le Dax est en vraie hausse avec 18%. Le FTE80 est à 0, comme l’ eurostoxx50. Les autres sont revenus à l’ équilibre (Amsterdam) ou sont en baisse. Par contre en Asie les cours sont en hausse et consolident au dessus de leurs moyennes de long terme. Même situation aux USA. La crise boursière y semble terminée, au moins à terme de quelques mois. La baisse de l’or en route vers 1500 le confirme: la crise économique est sur sa fin, la crise financière sera bientôt adressée dans la zone atlantique.
C’est donc bien l’ Europe qui est « l’homme malade » de la croissance mondiale, résultat de politiques financières démagogiques sans avoir la prépondérance politique des USA pour les imposer aux autres. Eux mêmes, comme indiqué dans notre post précédent, vont devoir faire les efforts nécessaires pour rétablir leurs finances publiques. Leur retour à la croissance facilitera cette transition, tout comme la solidité de leur Etat. Mais cela fera souffrir leur consommation. Un nouveau « dip » est à envisager, ce qui ne sera pas bon pour les cours. Mais qui sera le signal de la fin de la crise séculaire initiée en 2000, et dont la durée a souvent été prévue ici, pour 2014/2016.
C’est notre analyse depuis longtemps: un nouveau creux serait le 3ème du Bear market commencé en 2000 avec le krach des dotcoms. En analyse classique, ce serait donc le dernier.
Conséquences :
1 : les grandes multinationales européennes, qui sont présentes en Asie et dans la zone Pacifique, souffriront peu ou pas de la récession à prévoir en Europe comme en Espagne déjà. En France, des L’Oréal, EADS, Renault , St gobain, Faurecia etc… font plus des 2/3 de leurs CA hors de France; le nouveau gouvernement socialiste serait aussi impuissant pour les brimer que celui de Mr. Jospin 1993 avec Renault à Villevoerde. Et Mr. Hollande a déjà annoncé dans « Les Echos » que la politique nucléaire ne changera pas avant 2020. Areva a peut-être déjà trop baissé.
2 : pour profiter d’un nouveau creux, il faudra avoir protégé ses liquidités, ou être capable d’en faire.
Seul bémol: la valorisation des actions par les analystes dépend pour une large part (plus du tiers) du niveau des taux à long terme. Si une crise financière vient les remonter, les cours devraient baisser. Et pas seulement ceux des banques. Or l’ Espagne et l’ Italie sont au double du taux français. Les « spéculateurs » pourraient attaquer les OAT françaises pour remonter leur rendement au même niveau. Ce serait insupportable pour les finances publiques quel que soit le gagnant. En ce moment, Paris est donc le plus mauvais endroit pour être investi.