Ze Charlotte réside maintenant à Berlin. Compte-rendu de son dernier weekend…
Berlin © Jack G
Berlin, sa diversité, sa musique, sa folie, ses ruines, son histoire. Un week-end, trois concerts et de l’éclectisme à gogo.
On commence le jeudi soir avec un band norvégien dont on a déjà loué la coolitude : Kakkmaddafakka. Il faut dire d’emblée qu’en Allemagne, ils sont connus comme le loup blanc. Avec un seul album les gars de Bergen ont rempli sans problème l’Astra (1800 places). Un petit mot sur cette salle. Située sur la Revaler strasse et à deux pas du métro Warschauer, elle voit passer chaque soir des milliers de jeunes (et plus vieux) venus tester la vie nocturne berlinoise. De l’extérieur ça ressemble à un squat mais une fois passée le (léger) contrôle de sécurité, tadaa : une salle classique, tout en longueur.
Le public est surexcité lorsque les Bloody Beach montent sur scène. Ces norvégiens, amis du groupe, balancent un son indie-pop savament énergique. En à peine trente minutes le public est ravi, et déjà quelques t-shirts quittent leur propriétaire.
Kakkmaddafakka ne se fait guère attendre. Les premiers rangs se resserrent plus encore. Beaucoup de jeunes filles en fleur ont eu l’autorisation de sortir de soir, et elles vont profiter de cette occasion pour sa défouler comme jamais. Le batteur prend place, Touching commence avec son intro progressive ou chacun des membres fait son entrée, s’ensuit le violoncelliste et le pianiste, puis les choristes-danseurs, et enfin le bassiste et le chanteur. Pas mal de monde sur scène mais c’est ce qui fait la force du groupe. L’énergie ne flanchera pas du tout bien au contraire. Les Berlinois ont une sacrée condition physique et ne sont pas avares en transpiration ; leur mojo : apprécier le moment présent. La pop des Norvégiens répand sa joie et leur coolitude donne le sourire. On se sent décomplexé à voir les simples chorégraphies des choristes. On esquisse un sourire sincère lors de paroles très profondes (Is she old enough for me?). On se sent honteux de reprendre en choeurs Halo de Beyonce lors du rappel, mais on s’en fiche. En 1h30 Kakkmaddafakka a aussi présenté des nouveaux morceaux qui prédissent un futur album un peu plus carré mais tout aussi rythmé. On a déjà hâte de les revoir, et de se sentir à nouveau léger grâce à leur musique.
Le vendredi soir, toujours Revaler strasse, mais cette fois-ci à l’autre bout. C’est au Rosi’s donc qu’on découvre The Cast of Cheers. Actuellement en tournée avec les Blood Red Shoes, les Irlandais s’offraient ce soir-là un concert rien qu’à eux. Assez peu connu ils méritent qu’on s’arrête sur leur sort. Il est encore tôt (comprenez minuit) lorsque leur concert débute et le lieu est loin d’être rempli. Pourtant le groupe va se donner à fond avec son robot-rock tapageur ; chacun des quatre musiciens en plus de jouer, se dandinent de manière épileptique. L’envoûtement est total grâce au charme du chanteur et à son chant hâché. Leur musique se teinte parfois d’afro-beat, ce qui a le don de faire danser plus encore, mais aussi nous rappelle les Vampire Weekend. On retrouve en live la même créativité que celles qui habite leurs clips. Rendez-vous à l’été avec la sortie de leur nouvel album Family.
Dernier soir mais pas des moindres. Direction Kotti à la recherche de West Germany. Pas facile d’accès quand on y a jamais mis les pieds, on a la chance de tomber sur notre ange gardien : un gars sorti de nulle part nous interpelle « party ? Here here ! » en nous montrant une porte grillagée. On rentre après quelques secondes d’hésitation dans cette cage d’escaliers qui ressemble à celle d’un HLM. Au premier étage une affiche indique « Private party », on passe notre chemin après avoir jeter un coup d’oeil. A l’entre-palier deux filles nous barrent la route, on paye les ridicules 3euros et grimpe encore un peu. L’air est humide, le lieu paraît avoir survécu à une démolition, mais l’ambiance est bon enfant. Le groupe allemand Launce prépare sa prestation : des micro en forme de pénis ou vagin, des toasts de pâté, un trampoline, des confettis. Sans grande ambition si ce n’est celle de nous faire passer un bon moment, Balzac (le chanteur) envoie son érotico-rock dans un français approximatif. Déconnade et enfantillage sont les maitres-mots de ce concert. On peine à comprendre correctement les paroles, mais c’est secondaire. Entre une chenille improvisée et des choeurs qui hurlent « foufounette », tout le monde est ravi. Allez on va s’aérer sur la terrasse et reprendre son souffle pour la semaine prochaine.
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kakkmaddafakka.com
thecastofcheers.com
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