© LAT / Williams
Hier était en effet le 70éme anniversaire de ce grand homme, le dernier « artisan » de la F1. Actu-moteurs revient sur une carrière hors normes. Sir Frank Williams CBE (né le 16 avril 1942 à Jarrow en Angleterre) est le fondateur et propriétaire majoritaire de l’écurie Williams, l’une des plus prestigieuses de l’histoire de laFormule 1.
En 1969, Williams se lance en Formule 1. Il achète un ancien châssis Brabham, et pour le piloter, fait confiance à Piers Courage. Malgré un matériel dépassé et des moyens limités (essentiellement en provenance de Courage, issu d’une famille aisée), l’équipe obtient des résultats encourageants puisque Piers Courage monte sur la deuxième marche du podium à deux reprises, à Monaco puis à Watkins Glen.
Les bons résultats de la petite structure privée attirent l’attention du riche industriel argentin d’origine italienne Alejandro De Tomaso, qui propose à Williams d’engager la nouvelle De Tomaso F1 conçue par Gianpaolo Dallara lors de la saison 1970. L’association Williams-De Tomaso tourne rapidement au fiasco : non seulement la voiture est lente, ce qui contribue à refroidir le climat au sein de l’écurie, mais surtout Piers Courage se tue dans un accident au Grand Prix des Pays-Bas.
Très affecté par la mort de son ami, Williams n’en continue pas moins son engagement en Formule 1. Ayant retrouvé son indépendance à la suite de sa séparation d’avec De Tomaso, il engage pour les saisons 1971 et 1972 des March Engineering privées sponsorisées par Polytoys et qu’il confie au pilote français Henri Pescarolo ainsi qu’à l’espoir brésilien Carlos Pace, sans obtenir de probants résultats.
Williams décide alors de devenir constructeur à part entière et, au cours de la saison 1972, demande à Len Bailey de lui concevoir une monoplace. Après une brève apparition en 1972 lors du Grand Prix de Grande-Bretagne aux mains de Pescarolo, la FX3 effectue ses vrais débuts en compétition en 1973. Même si cette voiture ne porte pas son nom (la FX3 est engagée en 1972 sous le nom Polytoys puis en 1973 sous le nom Iso-Marlboro), on peut considérer qu’il s’agit de la première Williams de Formule 1 de l’histoire.
En 1977, la prise de pouvoir de l’écurie Williams par Walter Wolf donne naissance au Walter Wolf Racing. Frank Williams a entretemps démissionné et repris sa liberté.
Poussé hors de l’équipe qu’il avait lui-même fondée, Frank Williams ne tarde pas à réagir. Grâce à l’argent issu de la revente de Williams Racing à Walter Wolf, il fonde dès 1977 une nouvelle équipe baptisée Williams Engineering. Il s’associe pour l’occasion avec le jeune ingénieur Patrick Head, qu’il a engagé en 1975 peu de temps avant l’arrivée de Wolf.
Après une première saison modeste au cours de laquelle Williams engage une March privée confiée au pilote belge Patrick Nève, Frank redevient constructeur à part entière à partir de lasaison 1978 et la conception par Head de la FW06.
Malgré des performances correctes, en grande partie dues à la hargne du pilote australien Alan Jones, la FW06 obtient des résultats mitigés en 1978. Il faut attendre 1979 et l’arrivée de la FW07 wing-car pour voir les Williams se porter enfin au sommet de la Formule 1. Après une première victoire de Clay Regazzoni à Silverstone à mi-saison, Alan Jones enchaîne les victoires. La fierté est grande pour Williams qui ne doit qu’à son arrivée tardive d’avoir laissé échapper le titre à Ferrari.
La conquête du titre n’est repoussée que d’un an puisque Jones coiffe la couronne mondiale en 1980. Il est suivi en 1982 par Keke Rosberg, tandis que les saisons 1980 et 1981 sont marquées par les deux titres mondiaux des constructeurs. À partir de la saison 1984, Frank Williams négocie au mieux le passage de la Formule 1 à l’ère du turbo, puisqu’il signe un partenariat avec le constructeur japonais Honda, qui place l’écurie Williams dans le cercle fermé des équipes qui ont les moyens financiers et humains pour viser régulièrement la victoire, et capables d’attirer les meilleurs pilotes.
Après plusieurs victoires en 1985, les Williams-Honda s’affirment en 1986 comme les meilleures monoplaces du plateau. C’est toutefois sur un lit d’hôpital que Frank Williams assiste aux succès de ses voitures : sur une route du Var, de retour d’une séance d’essais privés sur le circuit du Castellet, il a en effet été victime au mois de mars 1986 d’un grave accident de voiture en compagnie de Peter Windsor, le directeur sportif de l’écurie et passager de la voiture. Si ce dernier n’est que légèrement blessé, Williams est quant à lui grièvement touché aux vertèbres cervicales. Marathonien émérite, Frank se retrouve tétraplégique, et doit à passer le restant de ses jours dans un fauteuil roulant.
Après plusieurs mois éloignés des circuits, Frank Williams retrouve les commandes de son équipe au cours de la saison 1986. Ébranlée par la rupture avec Honda fin 1987, l’écurie retrouve de sa superbe à partir de 1989 à la suite de son association avec le constructeur français Renault, qui fait de Williams la meilleure équipe du plateau durant la période1992-1997.
Depuis le départ de Renault fin 1997, l’équipe de Frank Williams décline, même si l’association souvent houleuse avec BMW de 2000 à 2005 permet de retrouver le chemin de la victoire. Toujours propriétaire de 70 % de son équipe, les 30 % restants appartenant à Patrick Head et Toto Wolff, refusant obstinément à ce jour d’en céder le contrôle à un grand constructeur (ce qui est en grande partie la raison de sa brouille avec BMW), Frank Williams est un des derniers véritables indépendant en Formule 1.
Happy Birthday, Sir Frank. !
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