Exaspéré... Dépité... Affligé... Que sais-je encore ? Entre les chantages affectifs, les confusions de genre et le langage parfois flirtant avec la trivialité de la directrice des "Embruns", TF1 nous a hier soir fait toucher du doigt combien les clichés sur les colonies de vacances ont la vie dure.
J'avoue, je me suis laissé convaincre. Que la première chaîne ait choisi comme décor de sa nouvelle fiction du lundi un centre de vacances charentais ne pouvait être qu'une bonne nouvelle. Sous le feu de l'actualité avec le contentieux du contrat d'engagement éducatif, le secteur espérait à bons comptes une campagne de publicité auprès des ménagères peu enclines ces derniers temps à confier les enfants aux organisateurs. Quant à la profession, ne pouvait-elle pas rêver d'une mise en avant sincère de ses efforts pour faire rimer pédagogie avec sécurité, de son souci de qualité de la relation et, finalement, de son rôle éducatif ?
Et paf... Dès les 15 premières minutes, tous les rêves s'effondrent. Là où les scénaristes de TF1 passent, l'herbe ne repousse pas. La colo ne sort pas grandie de cette exposition en prime time, bien au contraire. Vous m'aviez prévenu, je vous l'accorde. Mais avouez, vous-mêmes ne pensiez pas que cela irait si bas : à peine quelques secondes et nous avons droit au cuisinier qui vomit, aux animateurs obsédés, aux enfants livrés à eux-mêmes, quelques minutes passent et c'est le chantage affectif, le chapelet de grossièretés, les bizutages débiles... et la démonstration est faite que, définitivement, ce monde n'est ni sérieux ni responsable. Le meilleur animateur semble être celui qui mentalement a le même âge que les enfants...
24 % de part de marché, près de 7 millions de téléspectateurs... Un carton ! Formidable. Et tout le monde est ravi en se rappelant ses souvenirs cocasses des étés à la mer. Il faut creuser aujourd'hui sur la toile pour trouver un article (contesté) qui gâche la fête à TF1 en osant avouer que cette série manque de tout (l'express culture ici). Mais plus encore de manquer de sens, de sincérité, et finalement d'intérêt, cette série manque surtout de morale en présentant une nouvelle fois comme un monde peuplé de tarés ces maisons dans lesquelles nous avons grandi, et dans lesquelles nous espérons encore donner à vivre à des enfants qui n'ont pas la chance de partir en vacances, et même aux autres, des moments inoubliables.
Monsieur TF1, l'animation et les animateurs vous disent merde !