Cette étude qui a porté sur plus de 700 femmes enceintes et leurs enfants à New York, présente de nouvelles preuves cliniques que l'exposition prénatale aux substances polluantes de l'environnement, comme les hydrocarbures aromatiques polycycliques, peut contribuer sérieusement à l'obésité de l'enfant. Ces résultats publiés dans l'American Journal of Epidemiology, montrent ainsi qu'une exposition prénatale est associée à une différence de masse graisseuse de 2,4 kg chez un enfant de 7 ans.
Cette recherche de la Mailman School de l'Université Columbia prend place dans un contexte où 17% des enfants sont obèses, jusqu'à 25% dans les quartiers défavorisés. Elle constate que si les régimes alimentaires trop caloriques et l'inactivité physique restent les principaux coupables, les femmes enceintes exposées à des concentrations plus élevées d'hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) ont un risque double d'avoir des enfants obèses à 7 ans -par rapport à des femmes faiblement exposées.
L'étude a porté sur 702 femmes non-fumeuses enceintes résidant à NewYork, âgées de 18 à 35 ans, vivant dans des zones majoritairement à faible revenu. Ces participantes étaient équipées d'un dispositif analyseur d'air disposé dans un petit sac à dos. Les enfants des femmes exposées à des niveaux élevés de HAP pendant leur grossesse s'avèrent à risque pratiquement double (1,79 fois) d'être obèses à l'âge de 5 ans, et plus de deux fois plus susceptibles (2,26 fois) d'être obèses à l'âge de 7 ans, par rapport aux enfants de mères ayant été peu exposées. Les enfants de 7 ans dont les mères avaient été les plus exposées avait, en moyenne, 2,4 kg de plus de masse grasse que les enfants de mères les moins exposées. Leur masse corporelle était donc plus élevée, en raison de la graisse corporelle et non de la masse osseuse ou musculaire.
La pollution, facteur de vulnérabilité à l'obésité : «L'obésité est une maladie complexe à facteurs de risque multiples qui ne sont pas seulement le résultat de choix individuels tels que l'alimentation et l'exercice» commente l'auteur de l'étude, le Dr Andrew G. Rundle, professeur d'épidémiologie à la Mailman School. « Chez de nombreuses personnes qui n'ont pas les ressources pour acheter des aliments sains ou qui n'ont pas le temps de pratiquer une activité physique, l'exposition prénatale à la pollution de l'air peut faire pencher la balance, les rendant encore plus vulnérables à l'obésité ».
Une confirmation des études sur l'animal ou en laboratoire : Ces résultats viennent confirmer ceux d'autres études sur la souris ayant montré que l'exposition aux HAP entraîne des gains de masse grasse ou encore d'études de culture cellulaire ayant montré que des expositions aux HAP empêchent la lipolyse. Une autre étude du Centre Britannique pour la santé environnementale des enfants (CCCEH) de l'Ecole Mailman a constaté que l'exposition prénatale aux HAP peut affecter négativement le QI à l'enfance et entraîner des troubles de l'anxiété et de la concentration, ainsi que la dépression chez les jeunes enfants.
Le Pr Robin Whyatt, auteur principal de l'article, note que son étude est l'une des premières à présenter des preuves que l'exposition environnementale aux substances chimiques peut contribuer à l'obésité chez les êtres humains.
Source: American Journal of Epidemiology first published online April 13, 2012 doi:10.1093/aje/kwr455 Association of Childhood Obesity With Maternal Exposure to Ambient Air Polycyclic Aromatic Hydrocarbons During Pregnancy (Visuel Fotolia)
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