La tendance n’est pas nouvelle mais elle est tout à la fois instructive, rassurante et encourageante : plusieurs enquêtes menées sur grande échelle à travers l’Europe font du groupe EADS un employeur «de prédilection». Une récompense morale, si l’on peut dire, que se partagent tout à la fois la multinationale elle-même et ses grandes divisions, qu’il s’agisse d’Airbus ou Eurocopter, Astrium et Cassidian.
Une récompense, certes, mais aussi beaucoup plus que cela. Ainsi, à partir du moment où les ingénieurs se font rares, par rapport à une demande qui ne cesse de croître, dans le secteur aérospatial tout au moins, il est important d’afficher une bonne image susceptible de séduire les jeunes qui, sur le point d’embrasser une carrière, hésitent entre plusieurs secteurs. Et cela bien qu’en ces temps de conjoncture maussade et d’actualité économique déprimante, aéronautique et espace en bonne santé présentent des attraits tout à fait remarquables qui attirent inévitablement l’attention.
On a pu le vérifier récemment quand le GIFAS a présenté son bilan de l’année 2011 : emploi en nette croissance, perspective de milliers de recrutements en 2012, et cela bien que la situation ne soit pas rose partout, notamment dans l’aviation d’affaires ou encore face à la difficulté d’exporter l’avion de combat Rafale.
Commentaire de Kerrie-Ann Stein-Goujon, qui coordonne les campagnes de recrutement d’EADS, à propos de ces enquêtes à connotation très positive : «afin d’atteindre les objectifs de croissance d’EADS, et face au manque de candidats, il nous semble extrêmement important d’attirer de nouveaux jeunes talents et des employés hautement qualifiés. Nous sommes de ce fait fiers de ces classements qui confirment notre excellente image (…) puisque nous prévoyons de recruter cette année 5.000 personnes».
En d’autres termes, même sans démonstrateur technologique d’avion spatial ou de supersonique civil de nouvelle génération, EADS retient l’attention, séduit les jeunes, enflamme les imaginations et, ce que ne disent pas les dirigeants du groupe, apporte beaucoup à l’image de modernité de l’ensemble du Vieux Continent. Il s’agit tout à la fois d’une lourde responsabilité et de la conséquence heureuse de bons résultats, notamment un chiffre d’affaires en 2011 de 45,7 milliards d’euros, 83 milliards de prises de commandes en 12 mois et, plus impressionnant encore, un carnet der commandes qui se monte à plus de 443 milliards. Dont 400 milliards pour Airbus qui, plus que jamais, apparaît comme l’activité-phare d’EADS.
Du coup, y a-t-il un risque d’idéalisation ? Sans doute pas, quel que soit le contenu d’une initiative interne intitulée «My Life at EADS» qui, textuellement, s’attache à l’équilibre entre vie privée et professionnelle , «au cœur des préoccupations de l’entreprise et des politiques de ressources humaines». On est quand même proche d’un Nirvana où il est beaucoup question de bien-être, de prévention du stress, de services de garde d’enfants, de soutien familial et, bien sûr, de l’incontournable «flexibilité» du travail. En cette matière, pour rétablir l’équilibre, il suffit quand même de fréquenter des salariés du groupe pour comprendre que la pression quotidienne reste bien réelle, mais dans un environnement très porteur. Et sans comparaison, de par son intérêt, avec ce qui se pratique ailleurs.
En d’autres termes, EADS symbolise la bonne marche d’un secteur porteur, doté d’une structure quadri nationale, dont les visées sont résolument mondiales et qui s’inscrit dans le peloton de tête. Les jeunes ne peuvent qu’être séduits. C’est peut-être Bruno Rambaud, président de Cassidian, qui définit le mieux tout à la fois son entreprise et le groupe dont elle fait partie, «une société mondiale à racines européennes». Aussi n’est-il pas étonnant de le retrouver, notamment, sur le podium des Randstad Awards ou encore ceux installés par les enquêtes Trendence et Universum. D’où ce titre enviable d’employeur de prédilection qui, sans faire figure d’exception, constitue une rareté. Sans quoi, s’il était plus répandu, l’Europe tout entière se porterait sans doute beaucoup mieux.
Pierre Sparaco - AeroMorning
(Photo: Daniel Faget)