Au moment d’écrire ces quelques lignes quelque part au-dessus de l’Espagne, avec Kain dans les oreilles, plusieurs images fortes me reviennent à l’esprit. Si je commence par les plus récentes, il y a bien entendu ces cris et ces larmes sur la ligne d’arrivée, au pied des majestueuses dunes de Merzouga, les plus hautes du Maroc. Sur les visages marqués par six jours d’effort coulent des larmes remplies de joie, de soulagement et surtout d’un immense bonheur. Sans doute aussi beaucoup de flashes qui repassent dans la tête des coureurs.
Des images d’une semaine au cœur de l’aventure dans des conditions parfois difficiles (tempête de sable, orage…) et dans des paysages de toutes natures mais souvent grandioses. Des rencontres aussi. Au pied d’une dune, au milieu d’un oued ou d’un lac asséché, ou encore le soir, au bivouac, autour d’une gamelle de lyophilisé. Comme l’a défini un coureur, cette course, « c’est comme les Nations Unies ». Des concurrents venus de 44 pays (un record) mais qui partagent tous le même but et le même rêve. Et surtout aucune frontière de nationalité, de religion ou je ne sais quoi. Pendant une semaine, 850 coureurs venus de toute la planète avaient juste le passeport « Marathon des Sables ». Pendant une semaine et ces 246,5km parcourus dans les provinces d’Errachidia et Tinghrir, ils ont tous eu le même défi. Courir ou marcher, peu importe, mais avancer, toujours avancer. Lutter contre les baisses de moral, trouver le ressort pour ne pas renoncer, pour oublier les douleurs et les maux, tels ont été leurs obsessions. Avec le bonheur à l’arrivée, d’avoir écrit une des plus belles pages de leur histoire personnelle. Quelques jours où ils se sont tous séparés du superficiel pour ne garder que l’essentiel. Reste à savoir combien de temps ils garderont ou plutôt préserveront une trace de cette immersion en mode minimaliste. Combien de temps avant de se laisser de nouveau avaler par leur vie de tous les jours ?
Images fortes aussi de ces concurrents en train de lire leurs mails (chaque soir, les participants reçoivent les mails envoyés par leur famille ou les amis… 40 000 mails distribués en une semaine). Sur les mails, les mots des enfants à leur héros, ce papa ou cette maman parti dans le désert, les mots réconfortants des amis, des supporters, des maris (épouses), des amants (maîtresses), partenaires, et parfois même d’inconnus qui ont découvert l’aventure dans la presse locale. De quoi redonner l’énergie abandonnée après chaque étape. De quoi parfois faire glisser quelques larmes sur les joues de coureurs à l’émotivité exacerbée par les conditions extrêmes de la course.
Beaucoup sont là pour disent-ils repousser leur limite (je préfère l’idée de « définir de nouvelles limites » ou d’aller « au-delà de ce qu’on croyait être ses limites »), d’autres viennent expier je ne sais quelle faute, d’autres encore se prouver quelque chose (parfois cherchent-ils eux-mêmes quoi). Je passe sous silence ceux qui sont là juste pour pourvoir dire ensuite qu’ils l’ont fait en gonflant les pec… ou la poitrine. Et puis il y a ceux qui viennent ici pour une récolter des fonds ou mettre un peu de lumière pour une association. Je pense en particulier à Frédéric Casier, membre du Meudon Triathlon qui courait avec des amis pour « l’Association pour Baptiste », son fils atteint d’une maladie génétique (voir son petit portrait ICI). D’une manière générale, j’ai trouvé frustrant de ne pouvoir discuter davantage avec ceux qui étaient là pour les bonnes raisons. Leurs histoires mériteraient sans aucun doute d’être mieux mises en avant. Leur philosophie de la course mais aussi et surtout celle de la vie relève de valeurs souvent nobles. Et moi, ça m’émeut toujours.
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Sinon, à part ça, une des vertus de partir une dizaine de jours avec des connexions très limitées et un réseau téléphonique plus qu’aléatoire en plein désert, c’est que l’on réussit à se couper du monde. Et dieu sait que ce serait génial de pouvoir prolonger cet isolement. Bizarre de rentrer et de reprendre la campagne électorale en pleine face. Mais bon, on ira bien voter dimanche. Soyons forts…
Bizarre aussi de retrouver encore mon Stade de Reims en position de retrouver la Ligue 1, 33 ans après avoir quitté la Division 1. Les Rouge et Blanc ont beau perdre des matches, leurs poursuivants ne semblent pas décidés à les déloger du top 3. Plus que six matches et toujours au-dessus du « trait », avec deux points d'avance sur le 4e.
Je n'ai pas eu trop le temps de suivre le reste del'actu sportive. Alors quelques jours pour me remettre dans le coup et je reviens... Inch'Allah comme ils disent au MDS