L’avantage d’avoir trois heures d’avion, c’est que ça permet de mettre à jour le blog. De retour donc du Marathon des Sables. Trois ans après y avoir participé en tant que coureur, j’ai cette fois coché l’option « cool » en travaillant pour le service de presse, drivé de main de maître par Stéphanie. Au programme, des communiqués de presse, des portraits de coureurs et quelques textes ici ou là pour faire vivre le site de l’épreuve et surtout essayer de faire ressentir et partager les émotions d’une course pas tout à fait comme les autres.
Au moment d’écrire ces quelques lignes quelque part au-dessus de l’Espagne, avec Kain dans les oreilles, plusieurs images fortes me reviennent à l’esprit. Si je commence par les plus récentes, il y a bien entendu ces cris et ces larmes sur la ligne d’arrivée, au pied des majestueuses dunes de Merzouga, les plus hautes du Maroc. Sur les visages marqués par six jours d’effort coulent des larmes remplies de joie, de soulagement et surtout d’un immense bonheur. Sans doute aussi beaucoup de flashes qui repassent dans la tête des coureurs.
Des images d’une semaine au cœur de l’aventure dans des conditions parfois difficiles (tempête de sable, orage…) et dans des paysages de toutes natures mais souvent grandioses. Des rencontres aussi. Au pied d’une dune, au milieu d’un oued ou d’un lac asséché, ou encore le soir, au bivouac, autour d’une gamelle de lyophilisé. Comme l’a défini un coureur, cette course, « c’est comme les Nations Unies ». Des concurrents venus de 44 pays (un record) mais qui partagent tous le même but et le même rêve. Et surtout aucune frontière de nationalité, de religion ou je ne sais quoi. Pendant une semaine, 850 coureurs venus de toute la planète avaient juste le passeport « Marathon des Sables ». Pendant une semaine et ces 246,5km parcourus dans les provinces d’Errachidia et Tinghrir, ils ont tous eu le même défi. Courir ou marcher, peu importe, mais avancer, toujours avancer. Lutter contre les baisses de moral, trouver le ressort pour ne pas renoncer, pour oublier les douleurs et les maux, tels ont été leurs obsessions. Avec le bonheur à l’arrivée, d’avoir écrit une des plus belles pages de leur histoire personnelle. Quelques jours où ils se sont tous séparés du superficiel pour ne garder que l’essentiel. Reste à savoir combien de temps ils garderont ou plutôt préserveront une trace de cette immersion en mode minimaliste. Combien de temps avant de se laisser de nouveau avaler par leur vie de tous les jours ?
Images fortes aussi de ces concurrents en train de lire leurs mails (chaque soir, les participants reçoivent les mails envoyés par leur famille ou les amis… 40 000 mails distribués en une semaine). Sur les mails, les mots des enfants à leur héros, ce papa ou cette maman parti dans le désert, les mots réconfortants des amis, des supporters, des maris (épouses), des amants (maîtresses), partenaires, et parfois même d’inconnus qui ont découvert l’aventure dans la presse locale. De quoi redonner l’énergie abandonnée après chaque étape. De quoi parfois faire glisser quelques larmes sur les joues de coureurs à l’émotivité exacerbée par les conditions extrêmes de la course.
Mais la richesse du Marathon des Sables, ce sont pour moi ses coureurs (en tout cas certains). De sacrés personnages un peu partout sur le bivouac. Contrairement à il y a trois ans où, fatigue oblige, je n’étais jamais allé beaucoup plus loin que les tentes voisines, devoir dresser le portrait de coureurs pour le site de la course m’a fait rencontrer des gens assez incroyables. Mieux comprendre aussi les motivations de ces coureurs.Beaucoup sont là pour disent-ils repousser leur limite (je préfère l’idée de « définir de nouvelles limites » ou d’aller « au-delà de ce qu’on croyait être ses limites »), d’autres viennent expier je ne sais quelle faute, d’autres encore se prouver quelque chose (parfois cherchent-ils eux-mêmes quoi). Je passe sous silence ceux qui sont là juste pour pourvoir dire ensuite qu’ils l’ont fait en gonflant les pec… ou la poitrine. Et puis il y a ceux qui viennent ici pour une récolter des fonds ou mettre un peu de lumière pour une association. Je pense en particulier à Frédéric Casier, membre du Meudon Triathlon qui courait avec des amis pour « l’Association pour Baptiste », son fils atteint d’une maladie génétique (voir son petit portrait ICI). D’une manière générale, j’ai trouvé frustrant de ne pouvoir discuter davantage avec ceux qui étaient là pour les bonnes raisons. Leurs histoires mériteraient sans aucun doute d’être mieux mises en avant. Leur philosophie de la course mais aussi et surtout celle de la vie relève de valeurs souvent nobles. Et moi, ça m’émeut toujours.
Dans le chapitre émotion, l’oscar est évidemment attribué aux pompiers de Vannes, les « extra-terrestres » comme les ont surnommés les coureurs. Pendant une semaine, ils ont transporté quatre enfants dans une Joelette. Un truc de taré. Et pas question de leur proposer un itinéraire bis quand la difficulté semblait insurmontable notamment lors du passage d’un djebel. « On fait la course comme tout le monde ». Et pan. Et à chaque fois sur la ligne d’arrivée la même émotion et la même ovation des coureurs du bivouac et des membres de l’organisation. Et beaucoup de larmes aussi of course. Chapeau aussi à Joseph, le doyen de la course qui boucle son 7e MDS à… 80 ans. Si je n’ai pas la chance d’être déjà enterré ou carbonisé à cet âge (le plus tôt sera le mieux), j’aimerais être capable d’enquiller 250 bornes dans le désert. Même si le personnage est quelque peu cabot, respect pour la performance. D’un point de vue plus personnel, je pensais en partant qu’à tous les coups, cela allait me donner envie de le refaire. Eh bien… non. Autant j’ai envie de repartir un jour dans de l’ultra en montagne, autant faire des kilomètres en ligne droite dans les cailloux ne m’inspirent plus vraiment. J’ai ressenti également un décalage entre l’impression que j’avais eu en tant que coureur et celle en tant que suiveur. Alors que je n’ai pas le souvenir d’une course particulièrement difficile (même si évidemment on en bave quand même un peu sinon c’est pas drôle), regarder tous ces gens en train de boiter ou d’en chier m’a fait penser que ce n’était plus un truc pour moi. Bon, y a que les cons qui ne changent pas d’avis… mais de toute façon, vu l’état de mon genou gauche qui se détériore à la vitesse de la lumière (promis, un jour je vais consulter… un jour), il n’y a pas beaucoup de risques que je puisse me relancer dans un truc comme ça. Au sujet du MDS, je reste convaincu que même s’il faut être en bonne condition physique, l’épreuve est à la portée de tous et de toutes. Ok, ce n’est pas un footing autour du lac du bois de Vincennes, mais terminer la course n’est pas un truc « inhumain ». Beaucoup de coureurs marchent la totalité du parcours. Avec un peu de mental, et sans problème physique majeur, ça passe tranquille. Un mot pour finir sur l’organisation. Le MDS, c’est une usine que l’on ne soupçonne pas lorsque l’on est coureur. Près de 400 personnes, pour la plupart bénévoles, oeuvrent pendant une semaine au bon déroulement de la course. Des contrôleurs, des commissaires, une trentaine de docteurs pour soigner essentiellement les ampoules mais aussi des interventions plus graves comme cette année, un arrêt cardiaque, un système de restauration pour tout le monde (bah oui, nous on mange du vrai manger, contrairement aux coureurs), une équipe de logistique, des chauffeurs pour les multiples véhicules, des monteurs de tentes marocains (plus de 200 tentes au total entre les coureurs et l’orga), des électriciens, des mécaniciens, des pisteurs etc. Bref, un vrai barnum qui se déplace dans le désert pendant une semaine. Sans oublier évidemment la dream team de la presse avec évidemment Top Chef Stéphanie (Agence Ligne Bleue), Sarah (très heureux de cette rencontre), Poussin Coin Coin, et les indispensables Nardo et Zitouni. Merci à tous pour cette belle semaine. Que le retour à la "réalité" va être difficile...………………..
Sinon, à part ça, une des vertus de partir une dizaine de jours avec des connexions très limitées et un réseau téléphonique plus qu’aléatoire en plein désert, c’est que l’on réussit à se couper du monde. Et dieu sait que ce serait génial de pouvoir prolonger cet isolement. Bizarre de rentrer et de reprendre la campagne électorale en pleine face. Mais bon, on ira bien voter dimanche. Soyons forts…
Bizarre aussi de retrouver encore mon Stade de Reims en position de retrouver la Ligue 1, 33 ans après avoir quitté la Division 1. Les Rouge et Blanc ont beau perdre des matches, leurs poursuivants ne semblent pas décidés à les déloger du top 3. Plus que six matches et toujours au-dessus du « trait », avec deux points d'avance sur le 4e.
Je n'ai pas eu trop le temps de suivre le reste del'actu sportive. Alors quelques jours pour me remettre dans le coup et je reviens... Inch'Allah comme ils disent au MDS