Dans une dizaine d’années, la question de Palestine aura peut-être trouvé une solution ! En tout cas, c’est ce que doivent souhaiter les autorités du Qatar qui organisent, comme on s’en souvient, la Coupe du monde de football 2012. En effet, si rien ne change, la compétition ne va pas être facile à organiser, surtout depuis que les ministres des sports de la Ligue arabe ont récemment décidé le boycott de la société Adidas, coupable d’avoir “sponsorisé” la dernière édition du marathon de Jérusalem. Dans l’immédiat, on a pu mesurer ce que valaient ces bonnes résolutions puisque l’équipe d’Egypte, actuellement en tournée pour une série de matchs même pas officiels (il ne s’agit que de rencontres amicales), a piteusement dû revêtir les maillots fournis par son équipementier favori, au prétexte qu’elle n’en avait pas d’autres !
La réalité est plus sordide : selon un article (en arabe) dans Elaph, le contrat signé par l’équipe nationale d’Egypte prévoit surtout de très lourdes pénalités financières au cas où les “Pharaons” porteraient une autre tenue que celle fournie par Adidas. De quoi ajouter encore aux désillusions de la star nationale, Abu Trika, connu pour son engagement politique : l’homme qui avait il y a quelque temps déjà manifesté sur le terrain son soutien aux habitants de Gaza (voir ce précédent billet) n’a pas hésité au moment de la chute de Moubarak à se mêler à la foule des manifestants (article en arabe) de la place Tahrir. Comme pas mal d’Egyptiens − et ils ne sont pas les seuls ! −, il doit aussi se demander comment se terminera l’incroyable feuilleton des élections avec ses multiples épisodes qui font disparaître, au gré des décisions “juridiques”, tel ou tel candidat, y compris parmi les mieux placés.
Néanmoins, la question du boycott va tout de même se poser très rapidement aux Qataris puisque les patrons de la Formule 1 ont décidé de maintenir le Grand prix du Bahreïn prévu pour le dimanche 22 avril. D’ici là, Abdulhadi Khawaja, qui poursuit une grève de la faim depuis plus de 60 jours, se sera peut-être laissé mourir, ce qui serait très dommageable pour la grande fête du sport pétrolier… Ni le soutien des manifestants au Bahreïn, ni celui qu’il reçoit de la part d’organisations telles qu’Amnesty International qui dénoncent le traitement réservé à de simples prisonniers d’opinion, ne semblent émouvoir beaucoup les autorités locales.
Des chaînes japonaise, allemande ou finlandaise semblent hésiter à couvrir l’événement, surtout pour des raisons de sécurité vis-à-vis de leur personnel, il faut bien le reconnaître. On attend avec intérêt de voir quelle sera la position d’Al-Jazeera : la chaîne qui a fait du sport son cheval de bataille (commercial) sera-t-elle sur la piste pour ce rendez-vous sportif ou bien préfèrera-t-elle rester fidèle au slogan imaginé pour son quinzième anniversaire − “l’information, l’opinion, la conscience” − et à sa couverture des révoltes arabes, même quand elles se déroulent dans un émirat voisin ?
Malheureusement, on connaît déjà la réponse…