© LAT / Lotus
Phillipe Girard est le délégué scientifique chez Total, pour la formule 1. L’aspect technique des carburants et lubrifiants est rarement abordé, c’est pourquoi nous allons parler de cette vision en F1.
QUEL EST L’IMPACT DE LA SUPPRESSION DES ARRÊTS RAVITAILLEMENT POUR LES INDUSTRIELS DU CARBURANT ?
« Quand on sait que 10 kg de carburant supplémentaire embarqué peuvent faire perdre 3 à 4 dixièmes de seconde sur un tour de circuit, on imagine sans peine les retombées de la nouvelle réglementation sur la composition des produits. Il faut en embarquer le moins possible au départ d’un Grand Prix, tout en ayant des formules très performantes. Aujourd’hui, pour la première fois, l’attention s’est focalisée sur la consommation, car elle jouera un rôle déterminant sur le comportement de la voiture et par là, dans la victoire. Pour compenser en partie le surpoids de carburant nous avons, mais les autres pétroliers aussi, mis au point une formulation carburant plus légère. Nous avons trouvé un compromis entre la densité du carburant et sa performance énergétique. »
QUELLES SERONT LES CONSÉQUENCES SUR LA TEMPÉRATURE DU CARBURANT ?
« Du fait de la proximité du réservoir avec le moteur, on observe une importante montée en température du carburant qui se fait régulièrement tout au long de la course, en particulier pour les courses courues sous des climats chauds et humides comme en Malaisie. D’où certaines complications pour les équipes. Il faut isoler le réservoir pour éviter l’échauffement du carburant – ça c’est de la responsabilité des ingénieurs de l’écurie. Mais pour les sociétés pétrolières, le fait est qu’il est difficile de proposer des carburants d’une densité inférieure à 0,725. Descendre en-deçà risquerait d’endommager la pompe à carburant. Les produits utilisés par les véhicules de tous les jours présentent une densité d’environ 0,75, ce qui est une différence importante. »
LA SUPPRESSION DES ARRÊTS RAVITAILLEMENT EN F1 RÉPOND-ELLE À DES PRÉOCCUPATIONS ENVIRONNEMENTALES ?
« Oui et non. C’était avant tout une question de sécurité, pour limiter les risques d’accident au niveau des stands, mais également une manière de renforcer l’attrait de la course. Un véhicule plus lourd exige une meilleure gestion du freinage et des pneumatiques. Sachant que certains véhicules et pilotes ont une plus grande facilité d’adaptation que d’autres, nous allons continuer à assister à davantage de dépassements. Mais en définitive, il est vrai que l’allègement des carburants et l’attention accrue portée à la réduction de la consommation véhiculent un message positif pour l’environnement. »
Source: Interview donnée sur le site de F1.Total.com