A l’origine pratique religieuse et philosophique, Socrate est souvent cité comme un de ses fervents pratiquants, elle fut ensuite adoptée comme une règle d’hygiène de vie dans certaines médecines douces, prônée par les médecins hygiénistes et les naturopathes. On trouve actuellement moult ouvrages et stages de jeûne, pas forcément encadrés par des professionnels de santé…
Or le jeûne n’est pas anodin et sans risque pour l’organisme! Certains sont tentés de l’appréhender comme un régime radical pour perdre du poids rapidement, mais la perte de poids n’est pas la fin en soi du jeûne, elle n’en est qu’un des effets secondaires!
Alors si ce n’est pour maigrir, pourquoi jeûner?
Les motivations au jeûne peuvent être aussi bien spirituelles que sanitaires. Dans le cadre de la religion, il a soit pour but de faire pénitence soit de se détacher des contingences matérielles pour se consacrer à la prière. Dans une démarche spirituelle au sens plus large, ce qui est recherché dans le jeûne est la clarté de l’esprit et la sensation de bien-être qu’il apporterait. L’organisme n’étant pas fatigué par la digestion, il aurait plus d’énergie et de dispositions pour d’autres tâches, d’après ses adeptes.
Pour ce qui est des raisons de santé, le jeûne est vu comma un moyen de “détoxiquer” l’organisme, le corps est purgé de ses déchets et se régénère. Le but est de libérer toutes les toxines et tous les déchets du foie et des autres organes, de réaliser une purge digestive et d’utiliser ses réserves pour subvenir aux besoins vitaux. Les hygiénistes n’y voient aucun danger vital partant du principe que le corps utilise en premier ce qui lui est inutile (déchets, épanchements, réserves énergétiques) pour parer au plus utile. Il serait aussi un moyen de soulager différents maux comme l’arthrite
Cependant ce n’est pas pour autant une démarche à prendre à la légère.
Dans quel cadre le jeûne se déroule-t-il?
Il existe deux types de jeûne: le jeûne complet ou diète hydrique, où seule l’eau est autorisée, et le jeûne partiel ou cure, qui autorise certains aliments, le plus souvent sous forme liquide, comme des jus de fruits ou d’herbe, des bouillons de légumes…voire de compléments alimentaires.
Dans les deux cas la diète doit être réalisée sous contrôle d’un professionnel de santé afin de mesurer régulièrement le poids, le pouls, la tension artérielle…
Il est peu compatible avec une vie active car le plus souvent il s’accompagne d’une mise au repos pendant plusieurs jours voire plusieurs semaines. En effet la durée d’un jeûne ne peut se prévoir à l’avance car elle varie sensiblement d’une personne à l’autre. Pour savoir comment arrêter le jeûne on est censé se baser sur la réapparition de la faim. Car la sensation de faim est présente en début de jeune mais disparait au bout d’environ deux jours, pour laisser place à cet état de légère euphorie (lié à la production de corps cétoniques lors de l’utilisation des réserves graisseuses, tout comme dans le cas d’un régime hypoglucidique d’ailleurs). La faim ne revient en principe que quand les réserves principales ont été utilisées (dans le foie, les muscles et la graisse). Si le jeune est prolongé au delà de cette durée, le pronostic vital est sérieusement engagé car le corps continue son auto-lyse sur les organes vitaux (cœur, système digestif…) pour fournir des substrats énergétiques.
Il faut être très vigilant par rapport à certains messages véhiculés par des personnes qui prônent le jeûne dans le cas de tumeurs en énonçant que celles-ci n’étant que des excroissances de l’organisme, elles seront détruites en premier lieu pour fournir de l’énergie, ce qui peut laisser croire que le jeûne pourrait constituer à lui seul une thérapie contre les cancers!
Il faut savoir qu’il y a également un “avant-jeûne “ et un “après-jeûne” à prévoir: il ne s’agit pas d’arrêter tout alimentation brutalement du jour au lendemain, et encore moins de se remettre à manger d’un coup comme avant à l’arrêt du jeûne, le corps le supporterait difficilement! Ce qui est préconisé dans ce cas et de diminuer petit à petit les portions dans les jours qui précèdent le démarrage de la diète et de faire quelques jours “fruits et légumes uniquement” juste avant le début, de manière également à nettoyer le tube digestif grâce aux fibres, puisque le transit sera ensuite beaucoup plus lent une fois l’alimentation stoppée. A la reprise il est conseillé de commencer par des aliments liquides tels que bouillons de légumes et jus de fruits en augmentant progressivement les quantités puis d’enchaîner avec plusieurs jours d’alimentation végétarienne et à base de produits non raffinés.
Dans quelle mesure le jeûne fait-il perdre du poids?
A coup sûr la perte de poids sera rapide, de l’ordre de plusieurs kilos les premiers jours, l’organisme commençant par éliminer les réserves de glycogène dans le foie et les muscles, puis les réserves en graisses. De l’eau est également perdue puisqu’il y a peu d’apports de sels minéraux. La masse musculaire est également assez rapidement atteinte, ce qui n’est pas souhaitée dans les régimes hypocaloriques classiques. Plus la diète avance plus le métabolisme s’adapte et la perte de poids journalière diminue. L’être humain est programmé pour pouvoir survivre même en cas d’apports alimentaires limités, de famine,…aussi il se fait économe de ses dépenses et potentialise les entrées.
A l’issue le métabolisme de base est donc abaissé et le stockage sera favorisé en vue de privations ultérieures potentielles…
De plus, le poids repris l’est principalement sous forme de graisse, la perte de masse musculaire est donc difficilement compensée, surtout par une alimentation végétarienne…Quand bien même le poids de l’individu redeviendrait identique au poids de départ, la différence de réapparition corporelle (plus de graisses et moins de muscles) serait en faveur d’un métabolisme moins élevé, le muscle dépensant plus d’énergie que la graisse à poids égal, même au repos.
Outre le dérèglement du métabolisme de base et la fonte musculaire déjà cité, d’autres effets secondaires peuvent être constatés: fatigue, maux de tête, troubles de la vision, langue chargée, mauvaise haleine, perte de cheveux, carences multiples, troubles cardio-vasculaires…et privation de la vie sociale ! A éviter donc car les conséquences négatives semblent supérieures aux bénéfices escomptés.