Kasper Bjørke – Fool | LP (HFN Music)

Publié le 16 avril 2012 par Splash My Sound @splashmysound

Kasper Bjørke m’a tapé dans l’œil, à coup sûr, quelque chose de pur et dur. D’un coup de lunette il a envoyé valser le quotidien & s’est empressé de me mettre la réalité en face. Je me suis mise à aimer la vie plus que jamais & à m’en trouver idiote, naïvement joyeuse : « Such fools we are », Clarissa Dalloway l’avait bien compris, elle. Devenue imbécile heureuse, le concept même s’est d’emblée incarné dans mes tympans avec Fool , tout nouvel album de l’ami, sorti chez Hfn music, la journée sarcastique d’un 1er avril. Mais quelle cohérence, incroyable ! En plus d’être malin, Mr Bjorke, producteur vadrouilleur, est un petit génie qui a germé dans la terre du Danemark & mis officiellement les doigts dans la musique autour de l’année 1999, avec un projet nommé Filur. On l’y voit donner de la voix accompagné de l’imminent Tomas Barfod (Who Made Who) & d’une bande de talentueux musiciens.

      Mais loin d’être comblé, rassasié, le garçon est avide et mène sa vie à côté. Alors vlan’, en 2007, il nous sort son premier projet solo In Gumbo ; en 2010, c’est Standing On Top Of Utopia et en 2012, as we know, Fool, disque à la douce matière. Sur CD, la voix de Jacob Bellens habille 4 titres. Chanteur de formations danoises (Murder, I Got You On Tape …), il marie sa voix sérieuse aux tons graves à un dancefloor échauffé par les tons discos, que ce soit sur Humming Birds où il se laisse parfois emporté dans des expérimentations vocales ou sur Lose Yourself To Jenny qui le fait siffloter, subjugué par le flot simple et efficace du synthé.

      Du sucré au glacé, se retrouvant sous l’acmé de Deep Is the Breath  ;  d’une voix posée, au taux de salive mesuré, au timbre enveloppé fusionnant avec une voix féminine, haute et claire, celle d’Emma Acs. Là est l’étrangeté ; ça vibre, comme électrifié. Puis le rythme devient insistant, le rite vaudou s’entame, la piste est lancée et le temps viendra où l’hypnotique sera loué.

      Avec D.O.A.H, par exemple. 9 minutes d’envoûtement. «Tu es dans une voiture, les fenêtres teintées le paysage défile, et tu ne sais pas où tu vas, le paysage défile, le goût dramatique du voyage lorsqu’on laisse quelque chose derrière soi, et puis l’on s’arrête parfois, alors le son reprend son souffle, se suspend, à 5min. Les poumons sont contractés, en apnée, puis… Puis le rythme reprend, les guitares souffrent toujours, ou se rebellent, idiotement tragique.» De l’hypnotique grave, passons à l’hypnotique bouffon. All I Hear Is Drums grouille de sons plus drôlesques les uns que les autres, un troc et puce électronique et savamment guidé vers la contorsion corporel. Disque agencé d’une myriade de remixs sur LP (Axel Boman, Rebolledo …), c’est un tout agissant finalement comme une fournée de cup cakes, où se dissimulent de malicieux space cakes.