Il ne reste que quelques jours avant la fin du premier tour, mais jusqu’au bout, le gouvernement en place aura continué l’esbroufe économique et l’agitation délétère pour faire croire à la pertinence de son action. C’est d’autant plus problématique qu’en France, si les bonnes idées ont bien du mal à s’imposer, les mauvaises prospèrent et s’enracinent…
Ainsi, alors même que la pérennité de son poste est plus qu’incertaine, le président Sarkozy n’a-t-il pu s’empêcher de lancer, en l’espace de quelques jours, deux nouvelles idées aussi catastrophiques l’une que l’autre, et dont les conséquences vont évidemment alourdir la facture déjà démentielle de l’État au débit de son peuple.
C’est à la faveur d’un déplacement en Corse que le chef de l’état a proposé de claquer un bon gros milliard d’euros (dont il n’a même pas le premier centime) en faveur de l’île de Beauté. Évidemment, ce milliard est, avec un peu de recul, la simple continuation des investissements déjà prévus de longue date et ne mérite donc pas plus d’attention que cela, mais on peut ici critiquer vertement l’attitude générale d’un soi-disant responsable politique qui vient asperger le bon peuple local d’argent gratuit pour parfaire son image de rééligible.
En effet, c’est par ce genre d’annonces tonitruantes qu’on fait perdurer dans l’esprit des Français l’idée ridicule et néfaste que les problèmes des uns se résolvent en allant piocher de l’argent dans la poche des autres, l’État se servant bien sûr au passage (sachons vivre). C’est tellement ancré dans les habitudes, d’ailleurs, que tous les discours des candidats à l’actuelle élection se basent sur ce prédicat catastrophique : l’argent existe, il est dans des poches à identifier, analyser et sonder, et une fois pris et redistribué par l’État avec la pertinence qu’on imagine, pouf, le problème disparaît.
Seulement voilà, si la redistribution marchait, on aurait déjà pu en constater les effets : avec plus de la moitié de la richesse française déjà redistribuée, on se demande exactement quand cela va commencer à dépoter vraiment, quand on va pouvoir mesurer une diminution des zinégalités sociales zabominables, quand le nombre de chômeurs et de SDF va diminuer de façon sensible, quand la société va enfin se débarrasser de ses classes défavorisées…
D’après la courbe, on est à plus de 50%, ce qui classe douillettement la France dans les pays qui prennent la moitié de la richesse produite pour l’injecter dans des structures d’état et rendre le monde meilleur. Quand on découpe ces dépenses par type, on découvre qu’en plus, ça part pas mal en frais de fonctionnement (35%) et dans des « investissements » qui sont, une fois épluchés, l’entretien des infrastructures déjà en place, des subventions en veux-tu, en voilà, des prises de participation dans des domaines absolument pas régaliens dans des entreprises choyées par l’état et le capitalisme de connivence, et — bien sûr — l’éducation, qui est un investissement d’avenir, comme on peut le constater tous les jours avec des Bac+5 en socio serveurs dans des cafés.
L’autre idée idiote, c’est celle de l’encadrement des loyers. Certes, on sent le président poussé dans ses derniers retranchements pour proposer un truc aussi débile, et on ne peut que constater que les retranchements en questions sont soit nationalistes (pour faire de l’oeil à l’électorat frontiste) soit socialiste (relire les paragraphes ci-dessus).
Sarkozy qui se réveille sur ce thème (et change donc radicalement de position), cela sent, encore une fois, l’agitation de circonstance alors que l’immobilier est sur le point, de toute façon, de se casser la figure.
Là encore, si le contrôle des loyers avait un jour permis de résoudre les problèmes de logement, cela aurait fait le tour de la planète. Force est de constater que cette mesure n’a jamais permis la moindre amélioration de la situation (un peu de lecture ici et là) : comme on le lit avec justesse, après les bombes incendiaires, le contrôle des loyers est le plus sûr moyen de raser une ville. La seule plus-value d’une telle mesure est pour le politicien qui la propose et qui peut, parfois, jouir d’une réélection. C’est tout.
Maintenant, comme je l’ai dit en introduction, même si ces idées, parfaitement socialistes et catastrophiques dans leurs effets, sont émises par le candidat de la droite au moment du passage de témoin, vous pouvez parier qu’elles seront, sous une forme ou l’autre, reprise par le candidat de la gauche s’il est élu (ou mises en place par le sortant s’il redécroche la timbale).
Autrement dit, quoi qu’il arrive, après ces quelques mesures socialistes, on peut s’attendre à un retour en force … du socialisme.
Ce pays est foutu.