Il s’appelle Anders Behring Breivik. Né en 1979 à Oslo, sa vie aurait pu être celle d’un homme comme tout le monde, s’il n’avait pas fait 77 morts en une journée, le 22 juillet 2011 à Oslo, puis sur l’île d’Utøya. Diplômé d’une école de commerce et gérant d’une ferme biologique, ce monsieur n’était pas spécialement en marge de la société… Tout d’abord diagnostiqué comme schizophrène paranoïaque par les psychiatres, voilà qu’Anders Breivik est jugé responsable au moment des faits, donc accessible à une sanction pénale. Son procès s’ouvre aujourd’hui : l’accusé plaide non coupable.
Breivik, l'âme d'un combattant, prétend avoir agi en légitime défense...
Ce cas pose le problème du sort des terroristes. Que faut-il en faire ? Alors que Mohamed Merah se retranchait, assiégé par le Raid pendant 32 heures, les américains twittaient : “ici, il serait mort depuis belle lurette”. Enfin, la Norvège attrape vivant les terroristes, au risque de faire des émules.
Ce matin, une professeure de Français suspendue fait également la une de l’actualité. Elle a demandé à ses élèves leur avis sur l’affaire Merah. “Est-ce une bonne chose d’avoir tué Mohammed Merah ?”, telle est la question pour le moins polémique sur laquelle ont dû plancher des élèves de troisième du collège Pasteur de Lavelanet, dans l’Ariège.
Le recteur déplore l’intitulé, qui suppose que le fait de tuer quelqu’un pourrait être une bonne chose. » Pour cette raison, elle est suspendue « à titre conservatoire ».
On pourrait disserter sur le sujet d’actualité proposé par la professeure. Tuer n’est jamais une bonne chose, mais face à des êtres signant leur sortie de l’Humanité en commettant des actes de barbarie, c’est la moins mauvaise chose. Le plan est vite fait…
Seul hic, en philosophie on a pour habitude d’étudier le présupposé du sujet : “bonne chose d’avoir tué” paraît un peu tendancieux ; cela sous-entend que Merah a été tué délibérément. Un professeur de philosophie eut sans doute été plus à même de formuler un sujet, d’autant plus que les élèves de troisième n’ont pas forcément les outils intellectuels pour répondre à une question s’apparentant à la philosophie.
Et Merah martelait “vouloir tuer encore quelques policiers”. Face à cet acharnement meurtrier, la société semble dans la légitimité en donnant la mort – qu’elle soit volontaire ou non : en effet, on agit pour la survie de l’espèce, donc s’il fallait tuer cent fous pour protéger deux Hommes, le calcul est vite fait.
Sain d’esprit ?
Dès son entrée dans le prétoire, une fois débarrassé de ses menottes, le tueur de Norvège s’est frappé le coeur de la main droite et a tendu le bras, poing fermé, à l’adresse du public, composé de familles des victimes, de survivants et de journalistes. Ce salut, explique-t-il dans son manifeste, représente “la force, l’honneur et le défi aux tyrans marxistes en Europe”. Il évoque un carnage “atroce, mais nécessaire”.
Breivik, traduit en justice. Si pour tuer 77 personnes il faut avoir sa raison, on est en droit de se poser la question : qui est fou ? Il vallait peut-être mieux en finir que ridiculiser la psychiatrie. Surtout que Breivik n’en a pas fini de narguer l’assistance ! Tant qu’à le garder en vie, les blouses blanches vaudraient sûrement mieux que les robes noires…