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A la Concorde, Sarkozy appela à la résistance contre sa défaite

Publié le 16 avril 2012 par Juan
A la Concorde, Sarkozy appela à la résistance contre sa défaite Dimanche 15 avril, à 7 jours du premier tour de scrutin, Nicolas Sarkozy avait tenu un grand exercice de re-motivation, avec son meeting en plein air place de la Concorde.Il faisait froid et gris, et le grand exercice fut moins le discours finalement très court, que les angles caméras choisis pour montrer qu'il y avait du monde.


Promesse pour harkis
Il était moins une. Samedi, Nicolas Sarkozy s'est précipité à Perpignan pour déclarer la responsabilité historique de la France dans le drame des harkis. Il fallait s'attacher les faveurs de cette « clientèle »-là, comme d'autres.
Triste précipitation. C'était une promesse de ... 2007. Nicolas Sarkozy avait attendu 8 jours avant le premier tour du scrutin d'après pour la satisfaire: « a France se devait de protéger les harkis de l'histoire, elle ne l'a pas fait. La France porte cette responsabilité devant l'histoire, c'est cette responsabilité que je suis venu reconnaître ici à Perpignan ». Puis, il répéta qu'il s'adressait à « la France silencieuse, à celle qui ne casse pas les abribus, à celle qui ne demande rien d'autre que la permission de pouvoir travailler (...) celle qui aime sa famille, qui aime son terroir, qui aime son pays»; ça devenait lassant.
Puis ils avaient tenté d'instrumentaliser un déplacement au Mexique du socialiste Michel Vauzelle, co-président du comité parlementaire de soutien à la Française Florence Cassez. La polémique était vaine. Nicolas Sarkozy aime se réserver les occasions de récupération officielle.
Concorde clairsemée ?
Le lendemain devait être le grand jour, celui du lancement d'une campagne qui n'en finissait pas de se relancer. Le meeting de la Concorde. Le rival socialiste avait organisé une fête à Vincennes, près du parc, sur l'esplanade. Au coeur de Paris, l'équipe Sarkozy avait préféré un dispositif classique. Il y avait de nombreux vigiles pour sécuriser l'endroit. Certains avaient de curieux tatouages. On avait dresser une immense estrade, dans l'axe des Champs-Elysées. Elle masquait le parc des Tuileries qui resta quasi-vide tout le meeting durant. En fond, une toile figurait l'Assemblée nationale.
Il fallut attendre bien longtemps, près de 3 heures, pour remplir la place d'une jauge suffisante pour masquer le manque de foule. Vers 16h, en fin de meeting, un photographe de l'AFP captura une nouvelle image dévoilant une place aux rangs clairsemés. Les clichés officiels étaient à niveau d'homme ou, au mieux, à 5 ou 6 mètres au-dessus du sol. A 15h20, Copé annonçait 100.000 participants, ils étaient sans doute 20.000. En fin d'après-midi, les équipes de Sarkozy rehaussèrent à 150.000.
Sbires déchaînés ?
Un à un, quelques leaders de la Sarkofrance finissante se succédèrent à l'estrade. Nathalie Kosciusko-Morizet avait abandonné toute retenue en évoquant François Hollande: « Tout chez lui respire le faux.» Elle dénonça celles et ceux du camp Hollande qui se répartiraient déjà les postes. En coulisses, ses ex-collègues n'en finissaient pourtant pas de placer leurs proches ici en prévision de l'alternance. Ainsi Michel Mercier, Garde des Sceaux, pistonnait-il un second membre de son cabinet. Sarkozy avait casé Thomas Fatome, son trop jeune conseiller social à la direction de la Sécurité sociale.Laurent Wauquiez faisait pression pour placer un proche à la présidence de l'Ecole Normale Supérieure.
Ce dimanche, Xavière Tibéri était là, devant l'estrade mais l'air sombre. Carla Bruni_Sarkozy exhiba un poster « les Jeunes avec Sarkozy ». Xavier Bertrand tenta de défendre un bilan, de la réforme des retraites au service minimum: « Aujourd'hui quand il y a une grève, la France n'est plus bloquée.» Et de lancer: « dans un monde qui change, la France n'avancera qu'avec Nicolas Sarkozy. » Concernant Hollande, il ne fut pas plus mesuré, accusant le rival de son patron de tous les maux antisociaux.  Il y eut ensuite Alain Juppé qui prononça le prénom Nicolas toutes les 3 secondes de sa courte intervention.
Jean-François Copé fut évidemment de la partie: « Quelle émotion, quelle joie de vous voir venus de toute la France (...) merci d'être venus aussi nombreux incarner la France qui se redresse, la France qui s'engage, la France qui s'enthousiasme, la France de Nicolas Sarkozy ». Il fut grandiose dans la caricature. L'argument dépassait les limites de la courtoisie républicaine. Il ne critiquait plus le programme, la caricature fut brutale, presque insensée, il dénonça la « culture de l'excuse », la « légalisation massive » des immigrés clandestins, le « matraquage fiscal ». Mais de quoi parlait-il ? L'homme nous promettait la guerre civile: « François Hollande gravit chaque jour les sommets de l'irresponsabilité.»
Puis ce fut le tour de François Fillon, quelque part vers 15h10: « votre voix, elle résonne bien au-delà de cette place ». Il sentait le besoin de se justifier: « Je ne regrette rien, je ne rougis de rien.» Son intervention ressemblait à une séance de psychothérapie en public.
Sarkozy déjà pressé
Sans attendre l'heure convenue, Sarkozy déboula sur l'estrade vers 15h20, avec 40 minutes d'avance. Il était pressé. La place de la Concorde ne remplirait pas davantage, malgré de larges espaces vides. Quelques photos d'ensemble commençaient à fuiter sur le Web, montrant les rangs clairsemés. Il y avait sans doute 20.000 personnes, pas beaucoup plus. Son discours fut interrompu par des «On va gagner!» ou autres « Hollande en Corrèze, Sarkozy à l'Elysée ». La petite foule oubliait que son Monarque y était déjà depuis 5 ans.
Le candidat sortant débuta par une incantation au Peuple de France, qui, d'après son texte, était venu l'écouter ce dimanche gris à Paris depuis la France entière et « même l'Outre-Mer ». S'y croyait-il vraiment ? Il eut quelques mots pour évoquer l'actualité, à la remorque, comme toujours depuis cette incroyable campagne ratée: «Si la Banque centrale ne soutient pas la croissance, nous n'aurons pas assez de croissance». Depuis quelques jours, les marchés tremblent en réalisant combien l'austérité sans croissance mène la Grèce, l'Espagne et bientôt l'Italie à la catastrophe. Sarkozy se réveillait. Il n'avait pourtant rien eu à dire sur l'introduction de ce nouvel instrument de spéculation sur la dette française, ce lundi 16 avril. D'après Marianne, le gouvernement français, via l'agence France Trésor, n'a même pas protesté quand il fut informé de son lancement. Une passivité bien étrange, commenta le site ActuChomage.
Il eut une idée, la proposition du jour: généraliser la faillite civile, qui existe en Alsace. «Dans ce nouveau modèle français, tout le monde aura droit à une deuxième chance et toute famille de bonne foi, confrontée à un accident de la vie dont la conséquence est le surendettement, pourra, comme une entreprise, bénéficier de la faillite civile telle qu'elle existe en Alsace afin de pouvoir redémarrer dans la vie ».

Avec 2 mois de retard, Nicolas Sarkozy faisait en fait son meeting de lancement de campagne. Henri Guaino avait tout donné dans le texte concocté pour son chef lâcha toutes les références qu'il avait oublié ces 5 années passées. Napoléon, Hugo, de Gaulle, Racine, Zola, Péguy, Césaire, Valmy, la Résistance, Jean Monnet, etc. Tout y passa... ou presque. On nota l'absence de Jaurès et de Guy Mocquet, coqueluches des meetings de 2007. Henri Guaino avait glissé quelques variantes nationalistes qu'il affectionne tant sur la prétendue supériorité française « J'ai toujours pensé que la France, c'était le nom d'une civilisation. (...) La France n'est pas un pays comme les autres».
Pour le reste, il n'y eut pas d'annonces, ce n'était pas le lieu. On voulait se compter, se motiver.
C'était un épisode déjà connu, trop rabâché, celui du Sarkothon, de l'appel à l'aide. Depuis son entrée en campagne, Sarkozy n'était plus ce leader qui allait emmener la France vers le redressement mais ce Monarque effrayé de perdre son pouvoir qui appelait ses partisans à les rescousses. « Ce soir, j'ai besoin que vous rassembliez toutes vos forces pour la France » Ou encore:  « Peuple de France, entend mon appel. Françaises, Français »
«  Prenez votre destin en main, dressez-vous, dites ce que vous voulez pour le pays, dites le haut, dites le fort. Peuple de France, entend mon appel. Françaises, Français, aidez-moi. C'est ici, c'est maintenant! Vive la République et vive la France!»
Le discours dura 40 minutes, rien de plus. A 16 heures et 5 minutes, le Monarque avait terminé. Il resta pour serrer quelques mains. La place se vida presque instantanément, témoigna la journaliste des Inrocks Marion Mourgue, photo à l'appui.

Un confrère résuma d'un tweet cet après-midi sarkozyenne:
« Ça ferme des classes, ça ouvre des prisons, et après ça ose citer Victor Hugo.»
Ami sarkozyste, étais-tu à la Concorde ?


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