Nous voulons ce matin, parlé de la situation en Espagne, évidemment, au lendemain de cette grève générale, qui a paralysé une partie du pays et même dégénéré à Madrid comme à Barcelone. Alors Mariano Rarol, le président du gouvernement de droite, va présenter aujourd’hui, un projet de budget d’austérité, qu’il qualifiait lui-même de très très sévère. Vous avez apprécié le feuilleton grec, vous adorerez l’Espagne. Endettement, rigueur, austérité, grève générale. Endettement, rigueur, austérité. Aujourd’hui, les Espagnols cochent la case grève générale. Le nouveau premier ministre en est visiblement ravi. Il a tout fait, pour avoir sa petite grève générale. Ses manifestations dans la rue, son conflit social, qui vous posent grand réformateur libéral. Il imite un peu Sarkozy, lors de la réforme des retraites. Tous jouent à Margareth Thatcher, pour séduire les marchés, leur prouver leur détermination sans faille. Tous les gouvernements européens en sont là. La politique ne se fait pas au taux d’intérêt, mais au spred, qui détermine le taux d’intérêt, auxquels ils empruntent sur les marchés internationaux. Or, le spred de l’Espagne est au plus mal, il est plus haut désormais que celui de l’Italie. Les Espagnols ont en effet reconnu, qu’ils ne respecteraient pas leurs objectifs, de réduction des déficits budgétaires. Leur organisation fédéraliste avec leurs régions si puissantes, qui faisait l’admiration de tous les modernes, se retournent contre elle. Les régions sont surendettées, certaines au bord de la faillite, en plus de l’Etat central. La moitié de la jeunesse espagnole est au chômage, l’autre est payée une misère. Les Espagnols retrouvent le chemin de l’immigration vers l’Allemagne, le Canada, l’Australie, comme leurs grands-pères étaient venus en France. Une régression historique inouïe. Le tableau est sombre, et on a le sentiment quand même d’une douche froide, avec ce nouveau plan de rigueur, en Espagne, parce qu’on pensait tout de même que l’Europe avait évité le pire et mangé son pain noir. Et oui, on croyait la crise de l’euro passée. En France, la campagne présidentielle n’en parlait plus. La Banque Centrale Européenne avait éteint l’incendie, en inondant les banques de mille milliards d’euros, qu’elle leur a confié au taux ridicule de 1 %. Celles-ci, ravies, ont prêté cet argent aux Etats européens, beaucoup plus cher. Tout le monde était content, les banques vont continué à s’engraisser, et les Etats ont financé leurs précieuses dettes. Mais la crise de l’euro n’est pas seulement un manque de liquidité. Elle est aussi, elle est d’abord une crise de solvabilité. L’économie espagnole n’est pas compétitive. Son modèle de croissance reposait sur une bulle immobilière artificielle, qui a éclaté. Elle devrait dévaluer sa monnaie, de 20, 30 %, peut-être, pour pouvoir retrouver un dynamisme économique. Mais l’euro ne lui appartient pas. Sa Banque Centrale à Madrid, ne sert à rien. Elle ne peut pas prêter à l’Etat espagnol, elle ne peut pas financer les investissements pour relancer la croissance du pays. L’euro est tiré vers le haut, par la super-compétitivité des pays du nord, Allemagne en particulier. C’est le drame de la monnaie européenne, que d’avoir été distribué à des économies
structurellement divergentes. Pour retrouver sa compétitivité, l’Espagne n’a pas le choix. Puisqu’elle ne peut pas dévaluer sa monnaie, il lui faut baisser les salaires du public, comme du privé, d’au moins de 20 %, brutalement,
sauvagement, comme les Grecs. Et demain, à qui le tour ?
J. D.