Arnaud est un garçon passionné, je ne pourrais trouver d’autre qualificatif pour le raconter. Il souhaite nous faire découvrir, avec sensibilité, douceur, élégance et connaissance ce beau Pays de Bray si cher à son coeur, là où tout commence…
Quel est ce beau Pays de Bray dont tu souhaites nous parler
Arnaud ?
Le Pays de Bray est un territoire d’au moins 750 km2 situé à cheval entre le département de l’Oise (Région Picardie) et le département de la Seine-Maritime (Région Haute-Normandie). La majorité de sa surface appartenant à la Haute-Normandie, on pourrait résumer rapidement ce territoire comme la Normandie. Toutefois, ce serait une très grave erreur qualitative d’en limiter sa description à un si banal intitulé car la Normandie dans son ensemble est très justement découpée en deux régions (la Haute et la Basse) possédant chacune ses spécificités. La Haute-Normandie pour ne parler que d’elle serait incomplètement décrite si on faisait l’impasse sur les différents “Pays” la morcelant. Pays de Caux, Pays du Vexin Normand, Pays Drouais, Pays de Bray,…Très exactement 15 “Pays” constituent la seule région Haute-Normandie. Quand je vous parle du Pays de Bray, il s’agit donc d’une Normandie bien spécifique dont je suis venu vous parler, une Normandie d’hommes de la terre avant tout, l’un des “Pays” les plus étendus de la région Haute avec pour voisin direct, le Pays de Caux, plus au Nord et ouvert sur la mer que notre chère Raymonde Hazan connait plus particulièrement pour sa magnifique côte d’Albâtre où elle aime s’y ressourcer régulièrement.
Le Pays de Bray est particulièrement reconnu pour son terroir dont les matières premières sont bien évidemment le lait et la pomme. La plus belle des histoires, fondatrice du Pays de Bray, se résume en un fromage que je consomme régulièrement : le coeur de Neufchâtel-en-Bray (produit d’appellation d’origine contrôlée depuis 1969). De part son nom, vous l’aurez sans doute compris, le fromage est réalisé au lait cru dans un moule en forme de coeur. Il peut constituer une excellente idée pour déclarer subtilement votre flamme à une femme ou à un homme dans le cadre d’un repas champêtre. En tous les cas, il m’est arrivé d’exploiter cette idée plusieurs fois en direction de mes quelques émotions affectives et la délicatesse du message fut toujours très appréciée par la réceptrice. Selon la légende, le coeur de Neufchâtel serait une invention féminine ; De jeunes femmes, durant la guerre de Cent ans, auraient moulé des fromages en forme de coeur pour déclarer leur amour à de jeunes anglais. Depuis, le fromage demeure l’emblème de ce “Pays”. Quant à la pomme, elle est utilisée principalement pour l’élaboration de cidres de grande qualité, bénéficiant également d’une grande renommée sur le territoire francophone.
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Pour le photographe que je suis, grand amateur de bovins et de paysages rustiques, le Pays de Bray est exceptionnel. Dès les premiers pas en ce secteur depuis les limites de l’Oise (60), en s’y rendant depuis chez moi, les paysages changent et l’invitation au rêve commence. De nos jours où le bitume ronge de plus en plus les espaces verts pour assurer le logement de nos concitoyens, les territoires sauvages de notre vieille France se font de plus en plus rares. A chaque fois que je me rends en Pays de Bray, j’ai cette joie profonde de pouvoir retrouver à 65 km de chez moi une atmosphère saine et les odeurs d’une primitive nature sauvage titillant jusqu’en les plus infimes particules de mon inconscient.
Photographie - Arnaud FIOCRET
Les étoiles du beau Pays de Bray t’auraient-elles inspirées ?
Photographie - Arnaud Fiocret
Comme pour beaucoup d’intelligences atypiques pour lesquelles le moule de la conformité apparaît terrifiant, je me suis longtemps cherché une voie (la mienne !) et finalement, est-ce que l’on trouve vraiment définitivement notre voie ? Chercher son domaine de prédilection, le trouver et s’y accrocher quand tant de possibilités d’explorations se présentent à vous, c’est un véritable travail à plein temps au bon milieu d’un réel casse-tête. Nombreux sont les surdoués perdus dans une constellation de projets et parfois d’objectifs fous qu’ils ne réaliseront peut-être jamais par manque de temps mais plus vraisemblablement par naturelle lassitude d’en avoir toujours trop dans la tête. Mon enfance et mon adolescence de surdoué “scanneur” en sont une illustration parfaite jusqu’au jour où la porte s’est ouverte sur le terreau des véritables envies dictées par mon cœur. Perçu par mes frères et sœurs d’infortune comme HPI (Haut Potentiel Intellectuel) plutôt que HPE (Haut Potentiel Émotionnel), je me considère personnellement comme HPC (Haut Potentiel Créatif). Mon intellectualisation des choses n’est pas particulièrement orientée vers l’aiguë compréhension du monde mais la création intempestive de toute nature, même les plus ridicules qui soient. Je n’en fais pas un drame de ne pas toujours tout comprendre mais ne pas pouvoir créer, c’est le désastre intérieur…car créer, c’est tout simplement vital.
Depuis 2009, j’ai trouvé en le Pays de Bray une source intarissable pour mon bonheur d’observer, d’imager la nature et d’offrir du très beau à autrui mais ce ne le fut pas toujours ainsi. Le Pays de Bray n’est que le résultat d’un long processus de maturation personnel s’opérant dès 1988 à l’âge de mes cinq ans avec ma passion pour les volcans. Entre terre et ciel, mon esprit a constamment oscillé au gré des décennies. Depuis 2004, mon esprit de chercheur/scientifique/technicien a peu à peu migré d’une manière toujours plus radicale vers un esprit artistique. La rigueur de la matière scientifique est une chose ; la grande liberté de la matière artistique en est une autre. Mon glissement vers l’artistique n’est pas étranger à l’évolution de la perception personnelle de mon moi. Libéré de mes études techniques et du conformisme des programmes de l’éducation nationale fin 2003, un vent de liberté a soufflé dans mes neurones et j’ai pu me permettre d’être réellement moi, esprit libre de tout système compétitif et formaté. Cette liberté trouvée s’exprime sans doute par mon revirement progressif vers la pleine latitude de l’artistique.
Difficile dans mon profil de chasseur d’images de nature mais également dans ma relation privilégiée avec les taureaux, les vaches et l’agriculture d’y percevoir encore l’astronome amateur de jadis, scientifique miniature en herbe exécutant de rigoureux programmes d’observations, sortant régulièrement son puissant télescope lors de ciels dégagés pour chahuter durant des nuits entières les étoiles, les planètes, les innombrables cratères de la lune, quelques comètes, les nébuleuses et les galaxies dans un froid parfois glacial d’hiver, avec mon simple oeil derrière l’oculaire ou bien avec une caméra CCD. Animal de nuit, je suis devenu aujourd’hui un animal diurne dont le cycle de notre étoile a imposé d’autres règles, d’autres défits, d’autres distractions aussi. Cette transformation marque clairement mon acceptation en le cycle normal d’éveil de la plupart des hommes et de surcroît, ma meilleure socialisation.
Galaxie M51 des Chiens de chasse - Photographie d'Arnaud FIOCRET
Et sous cette voûte céleste quels sont les trésors qui s’y cachent ?
Sur la voûte céleste, accrochées sur le velours de la nuit, les étoiles scintillent tandis qu’une phase de la lune nous fait parfois un clin d’oeil, en début ou en fin de nuit. Dans l’obscurité, l’être humain n’est plus rien, il est réduit à l’impuissance, il s’efface vers le statu négligeable d’ombre. Lorsque mon regard s’est détourné de cet obscur infini et qu’il a glissé en direction d’une terre s’observant plus avantageusement de jour, l’action de l’homme compte beaucoup et d’autres trésors avec leur lot de désordres, font leur apparition. Sous la voûte céleste, on découvre la misère, la souffrance, la détresse de l’humain mais aussi, heureusement, les plus admirables des trésors offerts par la nature (bovins, flore et paysages) ou le fruit de ce que l’homme aura été capable de confectionner avec ses dix doigts pour encourager l’espérance et la survie (architecture religieuse, machines agricoles).
Photographie - Arnaud FIOCRET
Le Pays de Bray et toutes mes autres passions m’auront octroyé la possibilité d’explorer les deux horizons de l’existence sur terre : Celui des croyances et celui des connaissances. Aucun des deux ne se doit d’être négligé. J’ai personnellement toujours été un grand admirateur de l’esthétisme des mythes et des croyances en toutes civilisations. Grand passionné d’Egypte ancienne au cours de mon enfance, je m’étais pris d’intérêt pour la lecture et le déchiffrage des hiéroglyphes à partir des authentiques données fournies par Champollion. Plus proche de nous, la liturgie Perse de Mithra pousse à réfléchir, surtout si on s’égare sur les remarquables travaux de psychologie analytique sur l’inconscient collectif dont nous héritons de Carl Gustav Jung. Bien des années avant de m’aventurer à lire Jung, j’ai toujours ressenti quelque chose de très spécial en moi lorsque je mettais mes pieds dans un monument religieux. Vous ne me verrez jamais faire de la “gymnastique” dans une église car j’y perçois presque de l’hypocrisie dérangeante pour mon soucis d’authenticité dans la croyance. Par contre, je n’ai aucune honte à m’égarer sur ma foi profonde en un grand architecte de l’univers et sur le temps non négligeable que je consacre à me perdre dans les monuments liturgiques car ma sensibilité y trouve matière à prospérer philosophiquement, psychologiquement et humainement. Voici pourquoi la plupart de mes photographies d’architecture sont consacrées aux extérieurs et intérieurs d’églises, de cathédrales, de chapelles visitées tout le long de mon périple d’artiste-photographe. Cependant, je n’oublie pas les connaissances notamment apportées par l’astronomie moderne initiée depuis Galilée qui constituèrent les très nombreuses occasions de sévèrement chagriner les belles images idylliques des mythes de la conception du monde sur terre et de la perception de l’Univers tout entier telles qu’avancées initialement par les croyances multi-millénaires. L’homme a besoin de rêves pour exister et lui confisquer les quelques occasions lui permettant d’espérer, de s’évader positivement dans un certain espace féerique me semble toutefois une tentation dangereuse car ne plus croire en rien au nom de la connaissance pure représente également une possibilité d’égarement.
Rosace de l'abbatiale de St-Germer-de-Fly (Pays de Bray Picard) - Arnaud FIOCRET
En cela, le précepte du pape actuel Benoît XVI est d’une infinie sagesse : “Foi et raison”. Un monde dominé par une foi omniprésente est hostile car au nom d’une croyance aveugle, des peuples se seront déchirés et décimés durant des siècles. Un monde dominé par une raison omniprésente est froid, cartésien, où le pessimisme peut très rapidement tuer toute espérance en un avenir meilleur et on le voit très bien aujourd’hui. Notre monde matérialiste de ces trois dernières décennies découle directement sur la désaffection des églises autorisant la prolifération des sectes laïques. C’est nécessairement de la complémentarité parfaitement équilibrée entre la foi de l’inconscient collectif et la raison d’une rigoureuse connaissance scientifique qu’une société peut se tenir debout, sans dévisser vers un carnage. Les deux extrêmes doivent être écartés. Un livre de croyances est tout autant bienfaiteur qu’un livre de science ou de géopolitique. Les conflits actuellement observables entre les USA + la vieille Europe et les pays de l’extrême-orient ne sont ni plus, ni moins que la manifestation d’une très forte opposition entre l’extrême raison matérialiste des premiers et la foi intégriste, manipulatrice des seconds. Lorsque l’équilibre est rompu entre la foi et la raison, l’être humain devient une machine destructrice infernale. Le maintien de cette sagesse d’équilibre dans tout esprit humain est une garantie de paix durable et l’air de rien, ma pratique de la photographie représente l’occasion de cultiver cette lucidité.
Comment l’adulte douancé peut-il, à ton avis, faire rimer son intelligence, sa créativité et ses connaissances ?
La phrase de Steve Jobs (1955-2011) demeure un phare pour moi : “Votre temps est limité, ne le gaspillez pas à vivre la vie de quelqu’un d’autre. Ne vous laissez pas piéger par les dogmes, c’est-à-dire vivre avec le résultat de la pensée des autres. Ne laissez pas l’opinion des autres noyer votre voix intérieure. Et, le plus important, ayez le courage de suivre votre coeur et votre intuition. Ils savent déjà ce que vous voulez vraiment devenir. Tout le reste est secondaire. Il faut que vous trouviez ce que vous aimez.”
L’adulte douancé doit absolument croire en sa voix intérieure et oser briser la cloche de verre qu’on lui a glissé sur la tête pendant toutes ses années d’enseignement telle une cagoule pour revenir à ses sources les plus primordiales d’un inconscient individuel particulièrement sensible à l’environnement extérieur mais également, c’est le revers de la médaille, en combattre les complexes en tous genres qui s’y logent si facilement pouvant rendre sa vie extrêmement pénible. Certains adultes au fond du trou, cassés par les échecs ou l’incompréhension, n’ont plus conscience de cette lumière intérieure qui pourtant brille encore tel un diamant, quelque part dans leur inconscient car ils ne s’aiment pas. Le surdoué, même isolé, n’est jamais seul. Leur richesse se cache très précisément en ce lieu psychique, fermé à double tour dont ils ont jeté la clé par dépit. Il convient absolument à l’adulte douancé de prendre pleinement conscience de son soi atypique pour l’accepter et s’aimer. De l’amour de lui-même, il acceptera alors de prendre en main sa destinée et de passer à la concrète réalisation de ces projets les plus inattendus, sans plus jamais craindre la désapprobation des autres. Faire rimer intelligence, créativité et connaissances pour un surdoué prend tout son sens lorsque celui-ci parvient à faire accepter ses concepts ou sa vision du monde par son investissement dans un ou plusieurs domaines de créativité/d’expertise dans lesquels il est pleinement maître à bord (l’écriture, la photographie, la peinture, le dessin, les métiers de conseil, les professions libérales, la médecine…). La compétitivité faut-il le rappeler, est très hostile au surdoué.
Il lui faut pouvoir cultiver son monde sans être pollué !
De ton paradis, toujours le pays de Bray, quel message d’espoir voudrais-tu faire passer à tous nos amis surdoués en quête d’eux-mêmes ?
J’ignore s’il me semble légitime de conseiller des semblables car nous avons tous des vécus assez différents (familiaux, scolaires ou professionnels). J’ai eu la chance d’avoir été soutenu par des parents formidables m’ayant accepté dans toute ma différence et de me suivre dans un grand nombre de mes “délires intellectuels” personnels, ce qui contribue à mon épanouissement d’aujourd’hui. Tout bonheur reste une fleur fragile, j’ai conscience qu’il peut s’en trouver entravé ou confirmé de nombreuses manières, notamment en fonction de la personnalité de la compagne avec laquelle je partagerai, je l’espère, un jour ma vie. Il existe un véritable espoir en des jours meilleurs pour un surdoué quand on sait mon chemin initialement parcouru (humiliations, moqueries, agression physique, déscolarisation pendant plusieurs années…). Le surdoué heureux que je suis devenu est le résultat assez logique d’un acharnement personnel à ne jamais me laisser détourner de mes objectifs par des voix négatives extérieures à la mienne. Le surdoué doit apprendre à cultiver un certain égoïsme pour vivre. Le Pays de Bray m’aura motivé, vous le savez désormais très bien, à me mouvoir vers une bonne connaissance des bovins. A force d’observer des vaches, je me suis rendu compte que leur comportement est assez similaire au surdoué. Serait-ce parce-que le surdoué et la vache pensent tous les deux en images ? Je ne saurai être affirmatif mais en tous les cas, la vache est très peureuse mais paradoxalement, elle est également d’une curiosité insatiable par rapport à son environnement. Au moindre détail intriguant, la vache s’enfuit…Mais jamais très loin pour continuer à vous avoir à l’oeil. Le museau en avant, elle renifle la situation. Au bout d’un moment, son extrême curiosité va prendre le dessus si elle considère qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter et trouvera toujours alors en son mystérieux visiteur un détail intéressant pour motiver sa marche jusqu’à lui. La vache oublie vite le danger pour se remettre presque immédiatement en mouvement, je souhaite la même faculté de rebondir vers le succès dans la vie pour tous mes amis surdoués.
Photographie - Arnaud FIOCRET
Je pense simplement qu’il convient à tous nos chers amis surdoués d’accepter de vivre pleinement leur individualité. Ils ont une passion hors norme ou ils sont simplement seuls contre tous à croire que leurs idées sont justes : Ils doivent chercher les moyens de s’imposer car ils ont très certainement raison. Ils ne seront jamais comme tout le monde, autant intégrer définitivement cette notion dans leur auto-jugement. Trouver des semblables est une expérience rare mais si bénéfique pour justement retrouver l’amour d’eux-mêmes. Autant prendre le parti de rire d’eux-mêmes et de devenir indulgents envers leurs bizarreries en retournant la situation à leur avantage : Un surdoué n’est pas différent des autres mais ce sont plutôt les autres qui sont différents de lui, nuance. Nos amis doivent intégrer que c’est à eux que revient le privilège de tracer les voies nouvelles, d’ouvrir les yeux des autres en relativisant la bêtise humaine de ceux qui ricanent bêtement de leurs suggestions. Prendre des mauvais coups d’une majorité rompue à la simple exécution de procédures linéaires toutes faites est hélas la monnaie courante des innovateurs et de ceux osant remettre en cause des concepts…Se convaincre que les oppositions peuvent vouloir dire être sur le chemin de la vérité est le plus efficace des médicaments pour la confiance en soi ! Personnellement, j’ai intégré ma surdouance comme une mission de vie m’ayant été assignée depuis la naissance d’avoir le pouvoir d’apporter ma part d’inventivité à la société : Je l’accepte donc comme tel, avec les avantages mais aussi les péripéties induites par cette différence de fonctionnement…
Merci infiniment Arnaud ! Avec toi, l’infini prend tout son sens !
N’hésitez pas à contacter Arnaud pour qu’il puisse vous faire partager ses passions toujours infiniment passionnantes, enrichissantes et créatives.
Le “Pays” de Bray s’étend sur les départements de l’Oise (60), la Seine-Maritime (76) et l’Eure (27).
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