Seigneur, ayez pitié de nous, pauvres femmes,
.. qui avons trop peur de la guerre !
Ayez pitié de l’épouse fidèle
pour qui la mort avec l’aimé serait plus douce
cent fois,
que cette horrible angoisse
de le savoir souffrir, peut-être agoniser
Sans elle !
Ayez pitié des Mères
qui ne refusent ni leur chair, ni leur sang
pour enfanter des hommes,
mais non pour donner des agneaux
à la tuerie !
Ayez pitié de Celles qui gardent, chastes et pures,
la vision du foyer futur,
Comme un flambeau,
Et se retrouveraient, la tourmente passée,
sans jeunesse, et vides, et tristes,
arbres qui n’auraient pas encor fleuri
au matin rouillé de l’automne..
Seigneur, si la mesure de nos crimes est comble,
Si l’arrogante malice de l’homme
une fois de plus force votre Justice,
envoyez-nous un autre châtiment..
Mais ne permettez pas la guerre !
Laissez-nous cette incertitude
d’un présent plein d’angoisses
annonçant l’avenir troublé,
Laissez l’actuelle pauvreté – pourtant si dure ! –
à ceux qui veulent une terre
pour y pousser de frais bourgeons..
Laissez, puisqu’il le faut,
un front plein de calculs et de soucis au Père,
à la Maman des mains gercées par la besogne
d’être si mal aidées..
Mais ne permettez pas la guerre !..
Que ne puisse la haine des nations
désoler notre amour !
L’ambitieuse envie des peuples
corrompre nos foyers..
La folie de meurtre et de sang
ruiner l’œuvre de vie
Que dans les larmes et l’effort
nous essayons de faire !
Seigneur, ayez pitié de nous, pauvres femmes,
Qui ne comprenons rien à vos desseins de Sage..
Ayez pitié de notre cœur de chair,
sensible à la Justice à peine,
Tout occupé qu’il reste
à émietter des mots d’amour
pour nourrir l’âme des petits !
Au nom de votre Mère attentive et si tendre
et Femme comme nous,
Seigneur, épargnez-nous..
nous avons trop peur de la guerre !
Louise ANDRÉ-DELASTRE (XXe siècle), pseudonyme de Marie Olivier.
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