Mon Dieu tu es quelque part sur une petite plage bretonne
Dans une crique à l’abri du vent
Tu as la bouche comme empêtrée de consonnes
Et tu as soif de limonade éperdument
Qui me rendra la palme fraîche du village
Mes figuiers et la voix des maréchaux-ferrants
Un soleil d’huile rance est l’unique breuvage
Et les gouttes de feu qui perlent à mon flanc
La fièvre le poignant il s’évanouit encore
Ses bras en se fermant semblaient un sémaphore
Lors on vit sur la mer mille et mille vaisseaux
S’approcher du rivage et lancer des canots
Du premier sur le bord il en sortit un ange
Porteur de vin doré d’olives et d’oranges
Mon Dieu éveille-toi je suis ton serviteur
J’ai parcouru les mers comme un pauvre pêcheur
Défiant nuits et marées corsaires et cyclones
Pour atteindre à jamais cette plage bretonne
Merci de tes présents dit tout bas le Seigneur
Mais laisse-moi puiser à deux mains dans ton cœur.
René-Guy CADOU (1920-1951).
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