(Jour N-7). Dommage pour Sarkozy mais cette nuit j’ai travaillé dans le calme le plus total. Pas de musique. Donc mes mœurs ne se sont pas adoucies non plus que ma colère. Il y a quelque chose que j’aimerais bien casser. Je vous laisse deviner quoi. Ce n’est pas trois pattes à un canard. Comment ne pas être en colère en lisant le verbatim de la réunion publique qu’il a tenue hier à Bompas près de Perpignan où il était allé faire la retape électoraliste auprès des Harkis.
J’y reviendrais car encore une fois la ficelle est vraiment trop grosse : précisément, il n’a pas tenu la promesse de 2007 : reconnaître que l'Etat est responsable dans "l'abandon" des harkis (Le Monde 14 avril 2012). Il aura eu 5 ans pour le faire et attendu 8 jours avant le premier tour pour la réitérer…
Dans le même temps, je lis sur un autre article du Monde qu’en matière d’immigration Nicolas Sarkozy veut renégocier l’accord avec l’Algérie (14 avril 2012) lequel - nettement plus favorable aux ressortissants algériens qu’à d’autres étrangers sur de nombreux points - a été conclu en 1968. « Cinquante ans après la décoloni-sation, il est temps de mettre les choses à plat » a-t-il plaidé le 13 avril dans une interview à i-Télé, l’objectif étant bien évidemment de « diviser par deux » les flux migratoires. Une âme charitable devrait avertir l’avocaillon Sarkozy qu’en droit international public (DIP pour les intimes) un accord bi-latéral se renégocie à deux !
J’en arrive donc à l’objet de mon courroux de cette nuit. Rien qu’en découvrant le titre de l’article publié sur le site de RTL je fus en rage Meeting de la Concorde : Sarkozy et la France "qui ne casse pas les abribus" (14 avril 2012). Parce sans doute a contrario la gauche en général, les socialistes et François Hollande sont du côté des trublions banlieusards qui vandalisent les abribus - la gauche qui n’est plus au pouvoir depuis 2002 : 10 ans ! Est forcément responsable de l’échec de la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy depuis cette date. Peut être même que mémé Kamizole est allée détruire l’abribus de l’arrêt « Luxembourg » de la ligne 615 qui relie Montmorency à Enghien. Allez savoir, une pareille contestataire.
Il a une nouvelle fois affirmé que « demain, il réunirait "beaucoup, beaucoup, beaucoup de Français" et sentir une mobilisation (…) une volonté » exhortant «la "majorité silencieuse", celle "qui ne casse pas les abribus" à ne pas se "laisser imposer (son) choix" le 22 avril »…
MERDALOR ! Je ne m’étais pas encore aperçue qu’au PS nous pratiquions le viol d’électeurs… Je n’ai pas lu ou entendu de consignes enjoignant d’aller les chercher par la main pour voter dans notre sens. Nous serons au demeurant tous bien trop occupés en tant qu’assesseurs dans les bureaux de vote et ce n’est quand même pas nous qui de surcroît faisons la pluie et le beau temps dans les instituts de sondage.
L’antisarkozysme qui s’y exprime est le résultat des 5 ans de règne du despote méprisant le peuple et choyant les multimilliardaires. Responsable des 1.700 milliards de la dette publique, de la réforme des retraites - rappelons qu’elle fut rejetée selon les sondages par plus de 60 % de la population - de la politique d’austérité associée à la masse de taxes diverses qui nous tombent sur le coin du museau, des plus de 4 millions de chômeurs et au moins 8 millions de pauvres (les chiffres connus datant de 2009) et du million de personnes vivant dehors, dans des abris de fortune ou dans des locaux insalubres… Sarkozy s’est gobergé avec l’argent des Français qui lui crient bien légitimement comme les spectateurs d’un bide ou d’un navet : « remboursez ! » sur l’air des lampions.
J'allais oublier la nuit du Fouquet's - l'équivalent verlan de celle de l'abolition des privilèges le 4 août 1789 - le yacht de Bolloré à Malte, Jean Sarkozy à la tête de l'Epad et les multiples « affaires » qui émaillèrent son règne : Karachigate, Woerth-Bettencourt, les dossiers Takieddine de Médiapart qui reviennent sur le tapis à sa grande colère. Y compris celle du financement - et de l'aménagement - de son luxueux duplex de l'Ile de la Jatte à Neuilly.
A cet égard, lire sur le satrape qui sévit à l’Elysée depuis 5 ans, un fort intéressant article de Laurent Neumann dans Marianne (N° 781 du 7 au 13 avril 2012) « Sarkozy coûte deux fois plus cher qu’Obama et MerKel » selon la nouvelle enquête du député René Dosière (spécialiste des dépenses de l’Elysée). En effet, « hors voyages, la chancelière allemande dépense 41 millions d’euros, le président américain 55 millions d’euros, Nicolas Sarkozy 92… millions d’euros » dans un pays dont la superficie est autrement moindre que ces deux Etats.
Lors même que « pendant ce temps là les Français sont sommés de faire des efforts ». J’ose espérer qu’il ne seront pas assez cons en même temps que maso pour le réélire.
Il s’adresse donc à « cette France silencieuse qui ne demande rien d'autre que la permission de pouvoir travailler »… Il faudrait, comme à la petite école, lever la main et demander bien respectueusement « M’sieur, est-ce que je peux avoir du travail ? ». Obscène. Littéralement obscène sachant que sa politique - ou celle de ses amis multimilliardaires et de Laurence Parisot - est largement responsable de l’explosion du nombre de chômeurs.
Et de persévérer dans l’ignoble « qui aime sa famille, qui aime son terroir, qui aime son pays ». D’abord, nous savons que la France et qui plus est son terroir il n’en a jamais rien eu à secouer. Si l’on pousse la logique jusqu’au bout cela revient à dire que les socialistes n’aiment pas leur famille non plus que la France et les lieux où nous avons nos racines - que cela fût par la naissance ou le choix. J’ai l’insigne prétention de connaître un peu mieux la France dans tous ses états et d’y avoir traîné mes guêtres autrement qu’il ne le fera jamais en la parcourant en voiture officielle.
Et de s’en prendre à nouveau aux corps intermédiaires qui confisquent la parole à cette France silencieuse. C’est quasi du Molière : « Voilà pourquoi la fille est muette » ! Mais qui leur interdit de « prendre » la parole ? Croyez-vous que j’ai demandé à quiconque l’autorisation de m’exprimer dans ces colonnes ?
S’il existe précisément ces corps intermédiaires qu’il honnit parce qu’ils font obstacle entre lui et le peuple : partis politiques, associations, syndicats (fi ! Quelle horreur) les collectivités locales, et bien entendu tous les organismes officiels chargés de contrôler l’activité des pouvoirs publics, c’est précisément que dans un Etat de droit démocratique ils constituent les contre-pouvoirs nécessaires - au sens philosophique du terme : qui ne saurait ne pas exister - aux pouvoirs des dirigeants politiques. L’UMP version sarkozyste a déjà suffisamment tendance à fonctionner comme le parti unique d’une république bananière et despotique.
Enfin, le clou : « celle qui ne prend pas les micros » - parler devant étant pour lui l’alpha et l’oméga - « et d’ailleurs à celle à qui on ne demande jamais son avis, à celle qui se dit : "tiens c'est curieux tous ces sondages, on ne m'a jamais interrogé moi-même" en évoquant les derniers sondages très favorables à son rival socialiste François Hollande ». L’article renvoyant à celui de RTL François Hollande creuse l'écart avec Nicolas Sarkozy au premier tour (13 avril 2012) selon BVA.
Je ne vais pas perdre du temps à rechercher l’article mais il y a quelques semaines Carla Bruni avait fustigé les instituts de sondage de même manière. En principe j’adore les duos d’opéra mais en l’occurrence le livret est nul, la partition une charge de cavalerie et les interprètes imbuvables. Le prétendu ténor a une voix de rogomme et la cantatrice - certainement « chauve » : il paraît que lorsqu’elle prend le métro elle mettrait une perruque pour n‘être pas reconnue… tu parles qu’elle prend le métro ! Forcément aux heures de pointe quand les prolos rentrent du boulot, esquichés comme c’est pas Dieu possible à ne même plus pouvoir respirer… Encore l’idée de faire « peuple »… Camembert, la menteuse ! - n’a qu’un mince filet de voix (électorales) qui ne passe pas la rampe.
Je suis bigleuse mais j’ai en revanche une oreille très fine. Je dis en riant que j’entendrais même une mouche péter. Or, je n’ai pas le souvenir d’avoir oui de la part de Nicolas Sarkozy la moindre critique des instituts de sondage - et Dieu sait qu’il s’en gava ! - lorsque les résultats de ceux-ci lui étaient éminemment favo-rables… Curieux, non ?
Il termine son appel au peuple en disant « vouloir parler à cette majorité silencieuse du peuple français » - à ma connaissance et jusqu’à plus ample informé il n’y a que les citoyens français qui élisent le président de la République - pour lui dire « c’est votre moment, c’est vous qui choisirez (…) ne vous laissez pas imposer votre choix, soyons nombreux et c’est nous qui ferons la victoire » se serait-il enflammé…
Je crois bien plutôt à éplucher une masse d’articles qu’il se sait - ainsi que ses conseillers, il paraît même qu’ils commencent à s’entredéchirer sur la stratégie, un peu tard ! - en fort mauvaise posture et nous la joue « Méthode Coué ».