Mardi 2 avril 2012 – Sarkozy-Hollande, le duel annoncé qui
ne soulève pas les foules
Vous voulez revenir ce matin, sur ce sondage ifop, pour le
journal du dimanche, que j’évoquais à l’instant, sur l’abstention. Sondage
selon lequel, à peine plus de quatre électeurs sur dix – donc moins sur deux -,
souhaite que le second tour de l’élection présidentielle oppose François
Hollande à Nicolas Sarkozy. Oui, c’est l’histoire d’une campagne, qui ne donne
pas envie, qui ne donne pas envie d’avoir envie. Se dirige vers un second tour,
entre Hollande et Sarkozy, avec une morne résignation… avec l’enthousiasme du
bœuf conduit à l’abattoir. Chacun des deux favoris a des défauts rédibitoires,
qui font miroir. Sarkozy s’agite trop, Hollande pas assez. Sarkozy est le sortant
qui joue au challenger, Hollande, le challenger, déjà dans la peau du sortant.
Pressé « d’exploser son adversaire », comme il dit, Sarkozy renoue
avec ses réflexes d’adolescent hâbleur. Hollande distille, lui, un ennui
soporiphique. C’est le grand retour de flamby, la force trop tranquille. Il
mène une campagne de président de conseil général, rencontrant les catégories,
les unes après les autres, réchauffant ses petites promesses, sur son petit
réchaud de candidat. Mais la France n’est pas la Corrèze. On a beau savoir, que
la France dans l’Europe et la mondialisation, n’a pas beaucoup plus de
souveraineté, qu’une grande région, on en veut à Hollande, de ne même pas faire
semblant. Sarkozy lui, le fait beaucoup mieux, du talent à revendre, et des conseillers
qui d’Henri Guaino, à Patrick Buisson, connaissant par cœur, la chanson de
geste, du sacre royal, dans la république gaullienne. Mais Sarkozy ne parvient
pas à faire oublier, qu’il a déjà magnifiquement tenu ce rôle, il y a cinq ans.
Il s’y évertue pourtant, mais l’envie d’être séduit, rappelle aussitôt aux
électeurs, la peur d’être de nouveau
floué. Cet anti-Sarkozysme de sentiment, reste puissant dans le pays. Avec le
temps, c’est même devenu le seul, l’unique argument des socialistes, la carte sur
laquelle ils misent tout, sur laquelle ils font tapis, comme on dit au poker.
Il y a certes, d’autres thèmes qui ont été soulevés. Dans la foulée du discours
du Bourget, Hollande a essayé autre chose. Mais les petits marquis du PS
n’étaient pas très crédibles, en ennemi de l’argent. Quand Hollande menace
Merkel, de renégocier l’accord européen, sur la rigueur budgétaire, on croit
revoir et entendre Lionel Jospin, lors des législatives de 1997, avec une même
impuissance annoncée. Mais quand Sarkozy promet de réduire de moitié
l’immigration, de sortir de Schengen, d’imposer un protectionnisme économique,
on a compris aussi que cela imposerait une remise en cause des traités
européens, et un conflit majeur avec Bruxelles et Berlin, que le président
sortant, n’a ni les moyens, ni l’envie, de mener jusqu’au bout. N’est pas de
Gaulle, qui veut. Hollande et Sarkozy affichent l’ambition de réconcilier les
camps du oui et du non, au référendum européen de 2005. Mais ils sont tous les
deux, issus du camp du oui. Encore une fois, les champions du non, Marine Le
Pen, Jean-Luc Mélenchon, comme Chevènement, Villiers ou Jean-Marie Le Pen
naguère, n’arrivent pas, malgré leurs talents, à se qualifier pour le second
tour. Ils rivalisent, se disputent le même électorat populaire, s’insultent
même. Comment leurs nombreux points communs. Ils deviennent des proies, des
nids à électeurs, que les champions du oui pillent, avant de renier. Alors,
c’est l’histoire sans cesse recommencée depuis vingt ans, et le référendum sur
Maastricht du blocage de la vie politique française, l’histoire d’une
impuissance, d’une morne résignation.