Mercredi 11 avril 2012 – La Tunisie à l’épreuve de l’Islam
Alors en Tunisie, après la brutale répression d’une
manifestation interdite, dans le centre
de Tunis, vendredi, le leader du parti islamiste au pouvoir, Rénada, s’est exprimé
hier soir. Il a dit que la Tunisie n’était pas menacée par la dictature, mais
par le chaos. Nous sommes attachés à la liberté, la liberté et la loi, sont indissociables, a-t-il déclaré. Alors
évidemment ces propos résument particulièrement, après la décision de ce parti
islamiste, de ne pas inscrire la charia, dans la constitution tunisienne. C’est
là, que tout a commencé. C’est là, que tout se jouera. La Tunisie est un test.
Parce que le printemps arabe a soufflé, ici, en premier, à la surprise
générale. Parce que la Tunisie est la société arabe la plus éduquée, où les
femmes ont de tous temps, joué un rôle majeur, parce que le régime avait été le
plus loin, mis à part peut-être la Turquie, dans la désislamisation de la
société, parce que la victoire électorale des islamistes, l’an dernier, a
prouvé à tous les experts qui annonçaient leur fin, que la vague de fonds emporterait
tout le monde arabe. Quand les islamistes tunisiens ont gagné les élections, certains
ont reproché leurs divisions aux partis laïques. Depuis, ils se sont unis,
radicalisés, ferraillant frontalement contre les islamistes. Tout est sujet à
combattre, tous les symboles : le drapeau du pays, des filles voilées à l’université,
un film. Il y a quelques jours, les laïcs ont remporté une grande victoire
politique, le pouvoir islamiste a renoncé à inscrire la charia, la loi
religieuse, comme fondement de la constitution, en cours de rédaction. Les
frères musulmans, et Nada au pouvoir, ont renoncé au nom de la paix civile, et
de la sagesse. Ils ne voulaient pas effaroucher les occidentaux. Le tourisme
est la première recette du pays, et il s’est effondré. Les salafistes
reprochent furieusement ce recul au gouvernement. Les salafistes veulent vivre
comme au temps, du prophète Mahomet. Mais il y avait peu de touristes à Médine,
au VIIe siècle. En attendant, les islamistes disons modérés, au pouvoir, n’ont
rien cédé, aux extrémistes salafistes. Les frères musulmans et les salafistes
sont rivaux. C’est à celui, qui sera le meilleur musulman, le plus pur, l’élève
le plus assidu du prophète. IIs se disputent âprement les suffrages populaires,
mais ils sont aussi complices, comme le méchant flic et le gentil, dans les
sériés télévisée. Ils se répartissent les rôles, et Nada se sert des salafistes
pour menacer le camp des laïcs. Comme d’un chien méchant, qu’ils retiennent,
mais qu’ils pourraient lâcher. Ils agissent comme le faisait Lénine, avec les
gauchistes après la révolution de 1917, ou Robespierre avec les enragés de la
commune de Paris. La violence de la rue a bon dos, mais elle est efficace, pour
terrifier les adversaires politiques et faire avancer ses thèses. Encore un
classique, révolutionnaire. Les Tunisiens ont ainsi remarqué, que la police
réprimait beaucoup plus férocement les manifestations laïques, que celles des
salafistes. Certains soupçonnent même une partie de la police, restée fidèle à
l’ancien président Ben Ali, de monter les uns contre les autres. Et Enada accapare
les rouages de l’Etat. Les salafistes s’occupent de la société. Ils islamisent
par le bas, quand Enada islamise par le haut. Les salafistes endoctrinent le
peuple, Nada légiférera le jour venu, le jour venu au nom de la volonté du
peuple. Les communistes ne faisaient pas autrement. Le temps que le contrôle
policier de la société s’installe. Mais les laïcs n’ont pas le temps d’apprendre,
que le pouvoir islamiste se renforce. De nombreuses armes venues de Lybie, arrivent
ces derniers temps, en Tunisie. Ce n’est pas encore la guerre civile, mais c’est
déjà la montée des périls.